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qui enseignoient l’art d’administrer ces onguens ou ces huiles aux gens en santé, se firent à leur tour appeller ïatraliptes, & établirent sous eux en hommes & en femmes, des manieurs ou manieuses de jointures pour assouplir les membres, tractatores, & tractatrices ; des dépileurs & des dépileuses, alipilarii & tonstrices ; enfin, des personnes de l’un & de l’autre sexe, pour oindre le corps des différentes huiles, onguens, & parfums nécessaires, unctores, & unctrices ; j’ai déja dit quelque chose de ces divers offices, au mot Gymnastique (medicinale.) Voyez-le. (D. J.)

IATRIQUE, s. f. (Med.) ἰατρικὴ, ïatrice, medica ; c’est une épithete du mot grec τέχνη, ars, qui est sous-entendu : ensorte qu’elle est employée comme substantif, pour signifier l’art ou la science de la Medecine.

C’est dans le même sens, que le mot ἰατρός est synonyme de medicus, medecin : ainsi on dit ïater, archiater, poliater, chimiater, philiater, pour medicus, protomedicus, medicus publicus, medicus chimicus, medicinæ studiosus, c’est-à-dire, medecin, premier medecin, medecin praticien, medecin chimiste, étudiant en Medecine. Voyez Medecine, Medecin.

Le terme grec ἰατρικὴ est encore employé quelquefois, pour signifier un médicament, comme le mot françois medecine a aussi deux acceptions : par l’une il signifie l’art de guérir ; par l’autre, une purgation ou un purgatif ; puisqu’on dit prendre une medecine, dans le même sens, que se purger : & même dans quelques provinces le peuple appelle toute sorte de remede une medecine. Voyez Purgation, Purgatif, Médicament, Remede

* JATTE, s. f. (Art méchaniq.) vaisseau rond, fait d’une piece de bois creusée au tour, qui sert à la cuisine, à la vendange, & à une infinité d’autres usages dans le domestique & dans les atteliers.

Jatte, Agathe, Gatte, s. f. (Marine.) c’est une enceinte de planches mises vers l’avant du vaisseau, qui servent à recevoir l’eau qui entre par les écubiers, lorsqu’elle est poussée par un coup de mer, ce qui donne facilité de la vuider. Voyez Gatte. (Z)

Jatte, ou Girandole pour l’eau, (Artificier.) l’artifice dont il s’agit, est semblable aux roues de feu appellées girandoles, si on le considere seulement par son effet ; mais il en differe en plusieurs choses dans la construction.

1°. Dans sa situation qui est horisontale, au lieu que les roues à feu sont ordinairement posées verticalement, pour qu’elles soient mieux exposées à la vûe.

2°. Leur révolution ne se fait pas sur un essieu fixe, mais sur une base flotante sur l’eau.

3°. Son centre n’est pas vuide de feu comme les girandoles, mais rempli d’artifice.

4°. Ce qui tient lieu de roue n’est qu’un plateau de planche taillé en polygone, d’autant de côtés qu’on y veut mettre des fusées pour le faire tourner plus ou moins long-tems, ce qui en détermine aussi le diametre. Supposons, par exemple, qu’on veuille y employer huit fusées de la grosseur de celle qu’on appelle de partement, le plateau aura quatorze à quinze pouces de diametre, on en creusera les bords en cavet ou demi-canal d’environ un pouce de diametre, pour y attacher & arranger tout autour les fusées volantes qui doivent lui donner le mouvement, dans le même ordre & les mêmes précautions que pour les girandoles, assujettissant leurs ligatures par des clous plantés dans le bois sur lesquels on fait passer la ficelle.

Le milieu du plateau pourra être percé d’un trou

assez grand pour y faire entrer un pot-à-feu, ou quelqu’autre artifice, comme on voit à la figure.

Pour supporter cet octogone ainsi équippé, & lui donner le pivot sur lequel il doit tourner ; on fait faire un plat de bois creux, rond, fait au tour, d’un diametre beaucoup plus petit que le plateau ; son fond extérieur doit être convexe en hémisphéroïde applati. Mais parce que le mouvement lui fait aussi changer de place, on peut, pour le rendre moins errant, ajouter sous le milieu un cône renversé, lequel formant un pivot plus profond dans l’eau, assujettira mieux le pirouettement de la girandole. Ce plat ou bassin sera cloué sous le plateau de rouage, & gaudronné le long de ses joints & sur toute sa surface, pour le rendre impénétrable à l’eau. Voyez nos Planches d’Artificier.

Jatte, terme de Passementier Boutonnier, est une espece de sébille à pressoir trouée par le milieu, & placée à la renverse sur quatre piés de bois. C’est sur cette jatte que les Passementiers Boutonniers fabriquent avec des fuseaux les gros cordons de soie, de fleuret, de fil, &c. qui servent à faire des guides de chevaux de carrosse, à suspendre des lustres, à attacher aux bras des cochers pour les faire arrêter quand on veut, & à bien d’autres usages, &c. Voyez dans nos Planches de un ouvrier travaillant à la jatte : la jatte en particulier, savoir la jatte nue, & la jatte chargée d’ouvrage.

JAU, voyez Dorée.

JAVA, (l’Isle de) Géog. nom de deux îles de la mer des Indes, dont l’une est appellée la grande Java, & l’autre la petite Java, ou Bali.

La grande Java a au N. O. l’île de Sumatra, dont elle est séparée par le détroit de la Sonde, au N. les îles de Banea & de Bornéo, au N. E. l’île de Madura, à l’E. celle de Bali, & au S. la mer des Indes, qui la sépare de la terre d’Endraght, ou de la Concorde.

Les anciens ont connu l’île de Java, c’est la Ἰαβαδίου, Jaba diu de Ptolomée : ce mot diu, qui dans le langage des Indiens, veut dire une île, nous fait connoître que l’île de Java portoit déjà le même nom qu’aujourd’hui du tems de cet auteur, & c’est une chose bien remarquable. Ptolomée ajoute, que Jaba diu, signifie l’île de l’Orge, & l’on sait qu’il y vient très-bien, quoique les naturels du pays y cultivent le riz par préférence, s’étant accoutumés à cette nourriture, de même que les étrangers qui viennent l’habiter.

Il semble que les habitans de Bornéo ayent les premiers découverts cette île ; du-moins ils y ont eu un grand hameau, mais elle est au pouvoir des Hollandois, qui en 1619, ont établi le centre de leur commerce à Batavia. Cependant ils ne sont pas les uniques souverains de l’île ; elle a ses rois & ses peuples qui sont alliés de la compagnie ; cette compagnie possede la côte du Nord, où elle a bâti de très-bonnes forteresses pour sa défense ; la côte méridionale est occupée par des peuples indomptés, & indépendans, dont le plus puissant est le sourapati ; l’intérieur du pays est sous la domination d’un empereur appellé le Mataram, qui fait sa résidence à Cartasoura.

L’île de Java comprend le royaume de Bantam, le royaume de Jacatra ou de Batavia, la province de Karavang qui appartient en propre à la compagnie, le royaume de Tfieribom qui est considérable ; son roi est indépendant du Mataram, & allié des Hollandois. On trouve ensuite le pays de Tagal, où sont de vastes campagnes de riz, le petit royaume de Gressic qui a son roi particulier le meilleur ami des Hollandois, & le pays de Diapan.