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stratisque hostibus cunctis ; mais comme on assure que ce passage se lit différemment dans les manuscrits, & assez obscurément, il faudroit encore quelque autre autorité pour rendre le fait plus certain.

Je ne trouve que de mauvaises raisons sur l’institution de l’ouverture du temple de Janus en tems de guerre, & de sa clôture en tems de paix. Les uns nous disent que dans un combat de Romulus avec les Sabins, la victoire penchant du côté de ces derniers, un prodige parut sur le champ de bataille, qui les mit en fuite, & Romulus bâtit un temple dans le même lieu, que l’on ouvroit en tems de guerre, afin de tirer toujours du secours de ce temple. D’autres prétendent que Tatius & Romulus bâtirent un temple à frais communs, en mémoire de leur alliance, & que l’usage de l’ouvrir en tems de guerre marquoit l’union des deux rois. J’aime tout autant la pensée d’Ovide : pourquoi, demande le poëte à Janus, ferme-t-on votre temple en tems de paix, & l’ouvre-t-on en tems de guerre ? J’ouvre les portes de mon temple, répond le dieu, pour le retour des soldats romains quand ils sont une fois partis pour l’armée ; & je le ferme en tems de paix, afin que la paix y étant rentrée, elle n’en sorte plus.

Il y avoit à Rome plusieurs autres temples de Janus, outre celui dont nous venons de parler ; les uns portoient le nom de Janus bifrons, ou à deux faces ; les autres de Janus quadrifrons, ou quatre faces : ces derniers étoient à quatre faces égales, avec une porte & trois fenêtres à chaque face. Les quatre côtés & les quatre portes marquoient, dit-on, les quatre saisons de l’année, & les trois fenêtres de chaque côté désignoient les trois mois de chaque saison, ce qui faisoit les douze mois de l’an. Varron nous assure que par rapport à ces douze mois, on avoit érigé douze autels à Janus ; ces autels étoient hors de Rome au-delà de la porte du janicule.

La Fable & les historiens ne connoissent point de plus ancien roi, ni de plus ancien dieu de l’Italie que Janus. On le suppose communément originaire de Grece, équipant une flotte, abordant en Italie, où il bâtit une ville qu’il appella de son nom Janicule. Il régna 1330 ans avant l’ere chrétienne, & eut Saturne pour successeur, après un regne de trente-trois ans. Ovide au premier livre de ses Fastes, lui fait raconter ingénieusement, les merveilles de son histoire, de son culte, & de sa souveraine puissance. Ce sont du moins des fictions plus amusantes que celles de nos chrétiens modernes, qui retrouvent Noé dans Janus, & qui forment son nom de l’hébreu jaïn, du vin.

Macrobe croit avoir découvert la raison historique, pourquoi les Romains invoquoient Janus, le premier des dieux, dans leurs sacrifices & leurs prieres ; c’est, dit-il, parce qu’il fut le premier qui bâtit des temples, & qui institua des rites sacrés. « Le seul nom de Janus, suivant le récit de ce mythologue, indique qu’il préside sur toutes les portes qui s’appellent januæ. On le peint tenant d’une main une clé, & de l’autre une baguette, pour marquer qu’il est le gardien des portes, & qu’il préside aux chemins ; quelques-uns prétendent que Janus est le soleil maître des portes du ciel, qu’il ouvre le jour en se levant, & qu’il le ferme en se couchant. Ses statues le représentent offrant de la main droite le nombre de CCC, & de la main gauche celui de LXV, parce qu’il est le dieu de l’année. Dans le culte que nous lui rendons, continue Macrobe, nous invoquons Janus geminus, Janus pater, Janus junonius, Janus consivius, Janus Quirinus, Janus Patuleius, & Janus Clusivius ». Tous ces noms s’entendent d’eux-mêmes.

Comme Janus passa pour un roi sage, prudent & éclairé, on supposa qu’il savoit le passé, & qu’il pré-

voyoit l’avenir, & en conséquence de cette idée,

on le peignit avec une tête à deux visages, l’une devant, l’autre derriere.

Plutarque dans ses questions romaines, rapporte deux opinions différentes sur les deux têtes adossées de Janus ; c’est, dit-il, ou parce que ce prince étant grec & natif de Perrhebe, il vint en Italie, s’établit parmi des Barbares, & changea de langue & de genre de vie ; ou parce qu’il persuada au peuple grossier du Latium, de s’appliquer à l’Agriculture, & de se policer. Quoi qu’il en soit, on représentoit presque toujours Janus avec deux visages ; d’où vient qu’Ovide le félicite fort plaisamment d’avoir seul le privilege de se voir par-devant & par-derriere, solus de superis qui tua terga vides.

Sa monnoie étoit de l’espece que l’on appelloit ratita, parce qu’elle portoit d’un côté sa tête, & au revers un navire, ou la proue d’un vaisseau. Cette monnoie désignoit apparemment l’arrivée de Saturne en Italie, quand il se réfugia dans les états de Janus, après avoir été détrôné par son fils Jupiter. On trouve encore aujourd’hui de cette ancienne monnoie dans les cabinets des curieux. (D. J.)

Janus, (Littérat. rom.) les Latins ont donné quelquefois le nom de janus à de grandes arcades fort exhaussées, qui traversent une rue d’un côté à l’autre, comme des arcs de triomphe, & sous lesquelles on passe. Ces janus étoient pour la plûpart incrustés & ornés de statues ; Suetone & Publius Victor le disent expressément. Il y avoit plusieurs de ces sortes d’arcades dites janus, dans différentes rues de Rome. La seule place romaine, cette place qui formoit le quartier des banquiers, des marchands & des usuriers, avoit trois janus ou arcades, au rapport de Tite-Live, liv. XLI. savoir une à chaque bout & une troisieme au milieu : forum porticibus, tabernisque claudendum, & Janos tres faciendos locavere ; ce sont les paroles de cet historien, qui signifient que Flavius Flaccus enferma la place romaine de portiques & de boutiques, & y fit faire trois janus. Le troisieme de ces janus nommé janus medius, étoit célebre ; Horace en parle dans une de ses satyres, & Cicéron en plusieurs endroits de ses offices. Le janus medius, dit ce dernier dans sa VI. Philippique, est sous la protection d’Antoine, Antonius jani medit patronus est. On peut voir si l’on juge à propos, l’ancienne Rome du Nardini. (D. J.)

JAOCHEU, (Géog.) ville de la Chine dans la province de Kiangsi, dont elle est la seconde métropole. Son territoire fournit presque toute la vaisselle de porcelaine dont se servent les Chinois. Elle est plus occidentale que Pékin de 32d. & est à 29. 40. de latitude. (D. J.)

JAPACANI, subst. masc. (Ornitholog. exot.) oiseau du Brésil de la plus petite espece ; son bec noir, est long, pointu, un peu courbé en bas ; son dos & sa tête sont noirs ; le cou & les aîles sont d’un verd brun ; sa queue en-dessus est toute noire, & toute tachetée de blanc en-dessous ; sa gorge, son ventre & ses cuisses sont mélangées de blanc & de jaune, avec des bandes noires transversales. Margrave, hist. Brasil. (D. J.)

JAPARANDIBA, s. m. (Botan. exot.) arbre du Brésil, arbor pomifera Brasiliensis, flore rosaceo, fructu rotundo, segmento superiùs velut ablato, de Margrave & Pison. Son écorce est cendrée, son bois est dur & moëlleux ; ses feuilles nombreuses, oblongues, pointues, nerveuses, naissent sans ordre, sur les rameaux. Ses fleurs semblables en grandeur, en couleur & en odeur à celles de la rose, sont polypétales, & soutenues trois à trois par un même pédicule ; elles ont au milieu plusieurs petites étamines, disposées en rond, avec un sommet jaune & tremblant. Il leur succede des fruits gris en de-