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tibia tortu, d’autres les genoux, d’autres les piés tournés en-dedans, à l’endroit de l’articulation du tibia avec le tarse ; l’on appelle en latin ces derniers vari : il y en a d’autres, au contraire, dont les piés sont tournés en-dehors, & ceux-ci sont nommés valgi, en françois cagneux. Enfin, il y a des enfans qui ont une jambe plus longue que l’autre, soit par maladie, soit par conformation naturelle, soit par des tiraillemens violens lors de leur naissance.

Tous ces divers états, & le degré où ils peuvent être portés, demandent différens traitemens, pour lesquels il faut s’adresser aux maîtres de l’art ; les bornes de cet ouvrage ne nous permettent que quelques remarques générales.

1°. Le moyen le plus sûr pour prévenir ces sortes de difformités, est de veiller à ce que les enfans soient emmaillotés soigneusement, avec intelligence, & de les empêcher, sur-tout ceux qui ont de la disposition au rachitis, de marcher trop-tôt, ou de demeurer debout ; il faut au contraire les tenir couchés, ou assis ayant les piés appuyés ; les porter dans les bras, & les traîner dans un chariot, jusqu’à ce que leurs jambes aient acquis une force suffisante.

2°. Supposé que l’enfant ait apporté la difformité de naissance, ou qu’elle paroisse se former, il faut se servir de machines faites exprès, de cuir, de carton, de lames de fer fort minces, que l’enfant gardera nuit & jour. Si l’inflexibilité de la partie s’oppose à la guérison, on joindra les bains, les linimens, les fomentations émollientes, aux machines qu’on vient de recommander.

3°. Il est des moyens très-simples, qui suffisent souvent pour corriger la difformité. Si, par exemple, l’enfant a les piés tournés en-dedans, on peut se servir des marche-piés de bois en usage chez les religieuses pour leurs jeunes pensionnaires. Ces marche-piés ont deux enfoncemens séparés pour y mettre les piés, & ces deux enfoncemens sont creusés de maniere, que les piés y étant engagés se trouvent nécessairement tournés en-dehors. Si c’est ce dernier défaut qu’il s’agit de rectifier dans l’enfant, on fera faire les enfoncemens des marche-piés contournés en-dedans ; un peu d’art, de soins, & d’attention, operent des miracles dans cet âge tendre.

4°. Quelquefois les jambes d’un enfans deviennent tortues par la faute de la nourrice, qui le tient toûjours entre ses bras sur le même côté ; engagez-la de changer sa méthode de porter votre enfant, & de la varier cette méthode, les jambes de l’enfant n’en recevront aucun dommage.

5°. Lorsque la courbure des jambes vient du rachitisme, il s’agit de guérir la cause du mal, & après cela de redresser la jambe, comme on s’y prend pour redresser la tige courbe d’un jeune arbre.

6°. Si les jambes penchent plus d’un côté que de l’autre, on peut essayer d’y remédier, en donnant à l’enfant des souliers plus hauts de semelles & de talons du côté que les jambes penchent.

7°. Il faut donner aux enfans des souliers fermes & qui ne tournent point, sur-tout en-dehors, parce qu’alors ils font sans cesse tourner la pointe du pié en-dedans.

8°. Les jambes peuvent devenir paralytiques par toutes sortes d’efforts. Salzmann rapporte le cas d’un enfant à qui ce malheur arriva, pour avoir été souvent porté à califourchon sur les épaules de son frere aîné ; il est vraissemblable que la cause de cet accident provenoit de la violente tension que les muscles des jambes souffrirent, étant long-tems & souvent pendantes sans avoir eu de points d’appui.

9°. Quelquefois une jambe ou un bras se retire par maladie ou par accident. Si la maladie procede du roidissement des muscles, il faut les assouplir par

des bains, des douches, des linimens ; si elle est produite par le desséchement, on tâchera de ramener la nourriture à la partie, par des frictions & des onctions convenables ; si c’est l’effet d’un accident, comme d’une luxation, le remede est entierement du ressort de la Chirurgie.

10°. Enfin, quelquefois une jambe excede la longueur de l’autre, soit par conformation naturelle, accident qui est incurable, soit par des tiraillemens faits à la jambe, ou à la cuisse de l’enfant, lors de sa naissance ; dans ce dernier cas on trouvera le bassin de travers, & penché du côté de la jambe qui paroît trop longue. Comme d’heureux succès ont justifié qu’on pouvoit remédier à ce malheur, les gens de l’art conseillent de s’y prendre de la maniere suivante.

Après avoir couché l’enfant sur le dos, on lui liera légerement, au genou de la jambe qui paroît trop longue, un mouchoir en plusieurs doubles, & en façon de jarretiere ; attachez à ce mouchoir, vers la partie antérieure du genou, une large bande de toile, longue d’environ deux aunes ; liez cette bande le plus court que vous pourrez, néanmoins sans violence, sur l’épaule de l’enfant, du même côté ; assujettissez-l’y, de maniere qu’elle ne puisse glisser ; ensuite, vous emmaillotterez l’enfant avec adresse. La compression que le bandage du maillot fait sur la bande, qui est tendue depuis le genou de l’enfant jusques sur son épaule, oblige cette bande à se tendre encore davantage, détermine la partie trop inclinée du bassin à remonter & à se remettre dans sa situation naturelle.

Pour ce qui regarde les malheureux cas de fracture & d’amputation de jambe, on en fera deux articles séparés ; savoir, Jambe amputation, & Jambe fracture, Chirurg. (D. J.)

Jambes antérieures & postérieures de la moëlle allongée, (Anat.) Voyez Branche & Moelle allongée.

Jambe, s. f. (Hist. des Insectes.) partie du corps des insectes qui leur sert à se soûtenir, à marcher, & à d’autres usages.

Les insectes aîlés connus ont tous des jambes, sans exception, mais ils n’ont pas tous les jambes de la même longueur ; quelques uns les ont très-courtes, avec une seule articulation ; de ce nombre sont les chenilles, dont les jambes antérieures se terminent par un crochet pointu. L’on trouve aussi des insectes à jambes longues, & qui ont trois, quatre, cinq, six, & même jusqu’à huit articulations. Les jambes d’un même insecte ne sont pas toutes égales en longueur ; les postérieures du plus grand nombre sont plus longues que les antérieures, & principalement dans les abeilles ; cette regle n’est cependant pas si générale, qu’il n’y en ait dont les jambes antérieures surpassent les postérieures en longueur.

Les jambes des insectes sont ordinairement composées de trois parties ; la premiere est une espece de cuisse, elle tient immédiatement au ventre, & est plus grosse vers son origine, quoiqu’il y ait des insectes dont la cuisse est moins grosse en-haut qu’en-bas ; la seconde est la jambe, proprement dite ; les articulations de l’une & de l’autre de ces parties sont revêtues chez quelques insectes de poils forts & pointus, qu’on pourroit fort bien appeller pointes articulaires ; la troisieme partie de la jambe est le pié, qui mérite une plus grande attention que les deux autres parties. Voyez Pied.

Les insectes ne font pas tous le même usage de leurs jambes ; elles leur servent principalement pour marcher, mais il y en a à qui elles servent encore de crampons pour s’attacher fortement ; quelques-uns en font usage pour sauter, & les sauts qu’ils font sont si grands, qu’on dit qu’une puce saute deux