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& les connoisseurs sentent bien que les inspirations de sa muse étoient souvent réglées par le profit qu’elle en retiroit. Les odes sacrées de Rousseau nous offrent tout ce que nous avons de plus parfait en ce genre. Pour des hymnes rimés du douze & treizieme siécle, ils sont le sceau de la barbarie ; ce n’étoit pas sur ce ton qu’Horace chantoit les jeux séculaires. (D. J.)

HYMNIA, (Mythologie.) surnom donné à Diane, sous lequel elle étoit invoquée, & avoit un temple en Arcadie. C’étoit une vierge qui étoit sa prêtresse, mais Aristocrate lui ayant voulu faire violence, on mit à sa place une femme mariée. Elle avoit encore un temple dans le territoire d’Orchomenes, qui étoit desservi par un homme marié qui n’avoit aucun commerce avec le reste des humains.

HYMNODE, s. m. (Hist. anc.) chanteur d’hymne. C’est ainsi que les Grecs ont appellé ceux qui chantoient les hymnes, comme ils ont nommé hymnographes ceux qui les composoient. Voyez Hymnographe.

Les chanteurs d’hymnes ne furent pas toûjours, & dans toutes les occasions, de même sexe & de même rang. Tantôt c’étoient des filles seulement, comme dans les fêtes de Pallas ; tantôt des chœurs composés de jeunes filles & de jeunes garçons, comme dans les fêtes d’Apollon ; quelquefois comme à Delphes & à Délos, c’étoit le poëte lui-même, ou les prêtres avec leur famille entiere ; dans les veillées, c’étoient les prêtres seuls ; mais au lieu que dans les solemnités, on se servoit communément de la cythare, ici les prêtres unissoient leurs voix au son des flûtes. De-là vient qu’Arnobe dit quelque part, des hymnes chantés dans les veillées, qu’ils sont, si je puis m’expliquer de la sorte, l’exercice matinal des dieux, exercitationes deorum matutinas collatas ad tibiam. (D. J.)

HYMNOGRAPHE, s. m. (Antiq.) compositeur d’hymnes. Les premiers poëtes de la Grece furent la plûpart hymnographes, & les plus grands poëtes composerent tous des hymnes : sans parler ici d’Orphée, d’Homere & de Callimaque, on compte parmi ceux dont les hymnes ont péri, Anthès, Olen de Lycie, Olympe mysien, Stésichore, Archiloque, Simonide, Alcée, Bacchylide, Pindare ; Pindare, dis-je, qui avoit choisi, comme on sait, Apollon delphien pour le sujet ordinaire de ses hymnes ; qui chantoit dans le temple ceux qu’il avoit composés ; & qui pour prix de ces mêmes hymnes, qui en faisant valoir le dieu, contribuoient sans doute au profit de la Pythie, en avoit obtenu une partie des prémices que l’on apportoit de toutes parts à Delphes.

La Grece accordoit des récompenses de toute espece aux excellens hymnographes ; disons plus, à peine commençoit-elle à se policer, qu’elle avoit établi des prix en leur faveur. Pausanias, parlant de plusieurs hymnographes qui furent couronnés, ajoûte qu’Orphée & son disciple Musée ne voulurent jamais consentir à paroitre dans la lyce, soit qu’ils se défiassent de la capacité de leurs juges, ou qu’ils dédaignassent des rivaux trop peu dignes d’eux.

Les Romains de leur côté établirent aussi des prix & des récompenses pour les hymnographes ; mais ils n’y songerent que lorsqu’ils n’eurent plus, pour ainsi dire, de poëtes. Horace & Catulle leur avoient fait entendre, dans les fêtes séculaires, des hymnes qui font encore notre admiration. La Poésie étoit alors en honneur, elle tomba avec Auguste & Mécene ; Domitien entreprit vainement de la rétablir, il proposa des prix pour les hymnographes, mais leurs beaux jours étoient passés, & ne devoient pas renaître sous un tyran, qui croyoit couvrir ses vices par un amour apparent pour les beaux Arts. (D. J.)

HYMNOLOGIE, s. f. (Liturgie.) récréation ou chant des hymnes.

HYO-CERATO-PHARINGIEN, (Anatomie.) Voyez Hyo-pharingien.

HYO-EPIGLOTIQUE, adj. pris subst. en Anatomie, nom d’une paire de muscles de l’épiglote, qui viennent de la base de l’os hyoïde, & s’inserent à la partie postérieure de la racine de l’épiglote.

HYO-GLOSSE, en Anatomie, nom des muscles qui s’attachent à l’os hyoïde, & se terminent dans la langue.

HYOIDE, en Anatomie ; c’est un os situé à la racine de la langue, dont il est comme la base ou le soutien, voyez Langue. Il est ainsi appellé, parce qu’il ressemble à la lettre grecque υ, ce mot étant formé d’υ, & εἶδος, forme ; ce qui l’a fait aussi appeller ypsiloïde.

Il est pour l’ordinaire composé dans les adultes de cinq petits os ; celui du milieu, qui est le plus court & le plus gros, est appellé la base, & les quatre autres les cornes, ce qui lui a fait donner le nom de ceratoïde.

La base de l’os hyoïde est de la longueur environ d’un pouce par-dehors où il est convexe, sa face postérieure étant inégalement concave. Il est large d’un demi-travers de doigt, & a une petite éminence au milieu. Ses grandes cornes ont un pouce & demi de long, & sont plus larges à leurs bases qu’aux extrémités qui sont éloignées l’une de l’autre d’environ deux pouces. Il a deux petites têtes cartilagineuses appellées petites cornes, cornicula ; vers la jonction de ses cornes avec la base, & au bord supérieur elles sont attachées aux apophyses styloïdes par des ligamens très-déliés ; quoique l’on trouve quelquefois entre elles & les apophyses un petit muscle, outre le stylo-cerato-hyoïdien ; la petite corne & l’apophyse styloïde ne forment quelquefois qu’un seul os, quand le ligament qui les unit s’ossifie. Voy. Ossification.

La base de ces os est comme posée sur la tête du larynx, & ses grandes cornes sont attachées par des ligamens aux apophyses supérieures du cartilage scutiforme & par ses petites cornes aux apophyses styloïdes. Voyez Larynx & Scutiforme.

Il est mu par cinq paires de muscles ; savoir, par les sterno-hyoïdiens, les coraco-hyoïdiens, les mylo-hyoïdiens, les genio-hyoïdiens & les stylo-hyoïdiens. Voyez chacun de ces muscles en leurs places.

HYO-PHARINGIEN, en Anatomie, nom d’une paire de muscles qui viennent de la grande & de la petite corne, & même un peu de la base de l’os hyoïde, & se portent aux parties inférieures moyennes & supérieures du pharynx, en formant une espece de trapeze. Voyez Trapeze.

M. Winslow en a fait trois paires, auxquelles il donne le nom de grand kerato-pharyngiens, de petit kerato-pharyngien, & de basio-pharyngiens.

HYOPHTALMUS, (Hist. nat.) pierre ainsi nommée par les anciens, parce qu’elle ressembloit à l’œil d’un cochon.

HYO-TYROÏDIEN, en Anatomie, c’est ainsi qu’on appelle deux muscles du larynx, qui viennent de la partie inférieure de la base de l’os hyoïde, & vont s’insérer à la tubérosité oblique du cartilage tyroïde.

HYPPALAGE, s. f. ὑπαλλαγὴ, changement, subversion, RR. ὑπὸ, sub, & ἠλλάγην, aor. 2. pass. d’ἀλλάττω, muto, lequel est dérivé d’ἄλλος, alius.

Les Grammairiens ont admis trois différentes figures fondées également sur l’idée générale de changement, savoir l’énallage, l’hypallage & l’hyperbate : mais il semble qu’ils n’en ont pas déterminé d’une maniere assez précise les caracteres distinctifs, puisque l’on trouve les mêmes exemples rapportés à