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sont posées sur de bonnes couvertures en plusieurs doubles, qui leur servent pour se coucher & couvrir leurs chevaux : le dessus des selles sont des peaux avec leur poil, qui couvrent leurs pistolets aussi-bien que leurs housses. Ces peaux vont depuis le poitrail du cheval jusqu’à la queue & aux jarrets, & tombent en pointe sur les cuisses.

Leurs trompettes sont fort petites, & n’ont guere plus de son que les cors des postillons ; leurs étendarts sont en pointe. Et dans les armées de France, ils sont d’ordinaire parsemés de fleurs-de-lis : leurs housses sont de même ; & pour être moins connus dans le pays ennemi, ils les roulent sur la croupe de leurs chevaux, & plient leurs étendarts. Leur maniere de camper n’est pas réguliere ; ils s’attachent à la commodité, & s’embarrassent peu du fourrage, parce qu’ils ne restent pas dans le camp : ils ont très peu d’équipage, parce que leurs chevaux sont fort petits, & souvent en course. Leur discipline est exacte, la subordination grande, & les châtimens rudes. Le plus ordinaire est le bastonnade sur le dos & sur le derriere, d’un nombre de coups marqués. On se sert utilement de cette milice dans les partis pour aller à la découverte, & à l’avant & à l’arriere-garde pour couvrir un fourrage, parce que c’est une troupe fort légere pour les courses ; mais ils ne peuvent tenir contre des escadrons en ordre de bataille.

L’habillement des hussards est tout different de celui des autres troupes. Ils ont une espece de pourpoint ou de veste qui ne va qu’à la ceinture ; les manches en sont fort étroites, & retroussées avec un bouton : ils ont une grande culote en pantalon, c’est-à-dire qu’elle tient au bas des chausses : ils ont des bottines jusqu’aux genoux sans genouillieres, & qui tiennent aux souliers qui sont arrondis avec de petits talons ; il y en a qui ont des talons de fer. Les chemises des soldats sont fort courtes, & ils en changent rarement ; c’est pourquoi plusieurs en ont de toile de coton bleue : leurs manteaux ne sont guere plus longs que leurs pourpoints ; ils les mettent du côté que vient la pluie : leurs bonnets sont longs, & ils les bordent de peaux ; la plus grande partie a la tête rasée, & ne laisse qu’un petit toupet de cheveux du côté droit.

Les officiers sont plus proprement habillés, chacun selon son goût & sa dignité ; ils sont même magnifiques en habillemens, en armes, en peaux, en harnois, en fourrures ; il ornent leurs bonnets de belles aigrettes : il y en a qui ont quelques lames de vermillon d’argent qui se plaquent du côté droit, pour marquer par-là le nombre des combats où ils ont été ; & une boule d’argent sur la poitrine quand ils sont à cheval, pour marquer la noblesse. Les officiers des hussards sont le colonel, le lieutenant-colonel, les capitaines, & à peu-près comme dans le reste de la cavalerie. Histoire de la milice françoise, par le P. Daniel. (Q)

HUSSITE, s. m. (Hist. ecclés. mod.) on nomma Hussites les sectateurs de Jean Hus, & de Hiéronime, disciple & ami de Jean Hus, qui furent brûlés vifs au concile de Constance en 1415.

Tout le monde sait que leur doctrine étoit qu’il n’y avoit qu’une Eglise catholique, qui renferme dans son sein les prédestinés ; qu’un reprouvé n’est pas de cette Eglise ; que les seigneurs temporels doivent obliger les prêtres à observer la loi ; qu’un mauvais pape n’est pas le vicaire de Jesus-Christ, &c.

La flamme étouffa la voix de ceux qui soûtinrent cette doctrine, mais ni l’empereur, ni les peres du concile n’en prévirent les suites ; il sortit en 1419 des cendres de Jean Hus & de Hiéronime, que nous nommons Jérôme de Prague, une guerre terrible de la part de leurs disciples. Quand Sigismond voulut succéder en Bohème à Wenceslas son frere, il

trouva que tout empereur, tout roi de Hongrie qu’il étoit, le bucher de deux citoyens lui fermoit le chemin du trône de Prague.

Les Hussites, vengeurs de Jean Hus, étoient au nombre de quarante mille : c’étoient des animaux sauvages, que la sevérité du concile avoit déchaînés ; les prêtres qu’ils rencontroient payoient de leur sang la cruauté des peres de Constance ; Jean, surnommé Ziska, qui veut dire borgne, chef barbare de ces barbares, battit Sigismond plus d’une fois. Ce Jean Ziska ayant perdu dans une bataille l’œil qui lui restoit, marchoit encore à la tête de ses troupes, donnoit ses conseils aux généraux, & assistoit aux victoires. Il ordonna qu’après sa mort on fît un tambour de sa peau ; on lui obéit : ce reste de lui-même fut encore fatal à Sigismond, qui put à peine en seize années réduire la Bohème avec les forces de l’Allemagne, & la terreur des croisades : ce fut pour avoir violé son sauf-conduit qu’il essuya ces seize années de desolation, & il n’éprouva que ce qu’il méritoit. Extrait de l’Histoire générale, t. II. p. 97-105. (D. J.)

HUSUM, (Géog.) ville de Danemarck dans la partie méridionale du Sleswig, au baillage de Husum, dont elle est le chef-lieu. Elle n’est pas ancienne, & n’a gueres commencé que vers l’an 1450, mais elle fleurissoit déja beaucoup en 1520, & depuis lors elle a éprouvé tous les malheurs possibles, incendies, pillages, inondations ; elle est située à environ 2 milles de la petite riviere de l’Ow, à 4 de Sleswig, à 10 de Ripen, à 16 de Hambourg, à 18 de Lubeck. Long. 42. 33. lat. 54. 22. (D. J.)

HUTITES, s. m. plur. (Théolog.) hérétiques qui font une secte d’anti-luthériens. Ils étoient sectateurs de Jean Hutus, & se croyoient réellement les enfans d’Israël venus pour exterminer les Cananéens. Ils disoient encore que le jour du jugement s’approchoit, & qu’il falloit s’y préparer en mangeant & bûvant. Du Preau, hist. Florimont de Raymond, de la naiss. de Chous. liv. II. c. xvj. num. 3. Gautier, Chron. sect. 16. c. lxxj. (G)

HUTTE, s. f. (Gram.) selon Vitruve, étoit les premieres habitations que les hommes se construisoient avec des branches d’arbre & de la terre. Nos charbonniers, nos hermites, & quelques miserables vivent encore parmi nous dans des huttes.

Hutte, s. f. (Art. milit.) petit logement fait à la hâte avec du bois, de la terre & de la paille, pour se mettre à l’abri de la pluie & du mauvais tems. Les soldats qui campent, se sont de petites huttes avec des perches & de la paille. Voyez Baraque. Chambers.

Avant l’usage des tentes ou canonnieres, les soldats faisoient des huttes dans les camps pour se mettre à couvert du mauvais tems. Voyez Canonnieres.

HUTTELHOFF, (Géog.) ville d’Allemagne dans le cercle de basse Saxe, au duché de Verden.

HUTTER LES VERGUES, (Marine.) c’est dans un gros tems amarer les grandes vergues à demi-mât, & les mettre en croix de S. André, afin quelles prennent moins de vent, & que le vaisseau se tourmente moins. Pour hutter, on abaisse le bout de la vergue plus ou moins bas en approchant du vibord ; mais lorsqu’on l’abaisse jusqu’à ce qu’elle touche au vibord, alors c’est appiquer plûtôt que hutter. (Q)

HUTWEIL, (Géog.) petite ville de Suisse, au canton de Berne.

HUTZOCHITL, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbre du Méxique, que quelques Indiens nomment chute. Il est de la grandeur de l’oranger ; ses feuilles ont la forme de celles d’un amandier, mais elles sont plus grandes & plus aiguës. A l’extrémité de ses bran-