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n’en a, & le disposer en même tems, de façon qu’il en retienne plus qu’il n’avoit coutume de faire auparavant ; l’eau qu’on boit, & qui ne séjourne point dans le corps, le lave, ou le relâche, si elle est chaude, sans l’humecter ; mais si l’on fait bouillir dans l’eau des choses farineuses, elle amollit, elle humecte, & fait que les solides résistent moins au liquide qui y afflue.

Il faut pourtant convenir que, par rapport aux fluides, la difficulté de l’humectation est plus grande qu’à l’égard des solides ; car le sang humain par l’action forte des vaisseaux sur les fluides, acquiert assez vîte un épaississement inflammatoire, & ne se mêle plus alors si facilement avec l’eau qui est introduite dans le corps.

L’on observe dans les maladies aiguës, que l’abondance d’eau que le malade boit, s’écoule aussitôt par les urines & par les sueurs, sans que les urines soient moins rouges & que les symptomes diminuent, parce que l’eau qui circule avec le sang dans les vaisseaux, s’en sépare promptement par tous les canaux excrétoires & sécrétoires : dans ce cas il faut diminuer l’inflammation par les remedes généraux, en même tems qu’on composera des boissons humectantes, par le secours des savons les plus doux, pour que ce mélange se fasse plus aisément avec le sang, & soit plus durable.

Les herbes potageres émollientes & acescentes, le suc des fruits d’été, le miel, le sucre, sont autant de savonneux qui conviennent ici, parce qu’ils divisent le sang trop porté à la concrétion ; ils conviennent encore, si le sang sans disposition inflammatoire, se trouve ténace & visqueux.

Enfin les Grecs faisoient un cas particulier du petit lait pour humecter & pour adoucir ; ils usoient aussi beaucoup dans ce dessein, de décoctions d’écrevisses de riviere : du tems d’Hippocrate elles étoient déja regardées comme très-propres à la cure du marasme, causé par le desséchement. On peut avec facilité donner un goût agréable à toutes les boissons, infusions & décoctions humectantes, lorsqu’elles rebutent par leur fadeur. (D. J.)

HUMECTATION, s. f. HUMECTER, v. act. (Art. méch.) c’est arroser de quelque liqueur une chose seche. La pluie humecte la terre ; le peintre humecte son pinceau, &c.

HUMER, v. act. (Physiol.) façon de boire en inspirant ensemble de l’eau & de l’air, de sorte que l’air prend la route de la trachée artere, pendant que l’eau reste dans la bouche.

Pour humer, on forme ordinairement une ouverture aux levres plus grande que pour pomper ; on éloigne les levres des mâchoires, on leve le bout de la langue du côté du palais ; on releve les valvules du gosier, pour que l’air puisse passer ; & enfin, en dilatant la poitrine, on inspire, afin que l’air extérieur presse le liquide, & l’oblige d’entrer dans la bouche avec lui. Voyez le mot Boire, où vous trouverez, d’après M. Petit, une explication complette de la maniere dont se fait l’action d’humer. (D. J.)

HUMERAL, adj. en Anatomie, nom d’une petite artere qui naît de l’artere axillaire, & qui après avoir tourné autour de l’articulation de la tête de l’humérus, se distribue principalement au muscle deltoïde Voyez Axillaire, Humerus, &c.

HUMERUS, terme d’Anatomie, c’est le plus élevé des os du bras. Il s’étend depuis l’omoplate jusqu’au coude. Voyez nos Planches d’Anatomie. Voyez aussi Bras, Omoplate, &c.

L’humerus est un gros os long, rond & creux dans toute sa longueur, d’une substance dure & compacte, & rempli de moëlle.

A son extrémité supérieure est une grosse tête ronde, couverte d’un cartillage fort lisse, articulée avec la cavité clinoïde de l’omoplate par exarthrose.

Elle est un peu inclinée en-dedans ; on remarque au-dessous un petit col, & à sa partie antérieure deux tubérosités ; une grande externe sur laquelle on voit trois facettes en empreintes musculaires, une petite interne ; entre ces deux tubérosités une sinuosité pour le passage de la longue tête du biceps, & immédiatement au-dessous de ces tubérosités, des lignes saillantes qui bordent la sinuosité ; celle de la grosse tubérosité aboutit à deux inégalités de la partie moyenne & antérieure de cet os ; celle de la petite tubérosité va aboutir au condyle interne. Comme cette tête est beaucoup plus grande que la cavité qui la reçoit, la partie restante est fortement embrassée par un ligament dont un des bords est attaché à la levre de la cavité cartilagineuse de l’omoplate, & l’autre tient à la partie inférieure de la tête de cet os, ce qui les unit fortement ensemble, sans empêcher pour cela que son mouvement ne soit le plus libre de toutes les articulations du corps ; ce qui le rend sujet aux dislocations. Voyez Omoplate.

A l’extrémité inférieure de l’humerus sont deux apophyses couvertes chacune d’un cartillage. L’extérieur & la plus petite reçoit l’extrémité du rayon, & l’interne la tête de l’os du coude. Voyez Rayon & Cubitus.

A côté de chaque apophyse est une petite éminence où s’attachent les ligamens & les muscles qui font mouvoir le poignet & les doigts ; la plus saillante est nommée condyle interne, l’autre condyle externe. Voyez Carpe, Main & Condyle.

On découvre aussi dans cet os trois sinus, l’un sur la surface antérieure de la grande apophyse, qui reçoit l’apophyse coronoïde du cubitus ; l’autre sur la partie postérieure qui reçoit l’olécrane, & le troisieme, qui est de figure sémi-lunaire, & situé entre les deux apophyses, correspond à l’éminence que l’on remarque au milieu de la sinuosité du cubitus. Voyez Cubitus.

HUMEUR, s. f. (Econ. anim. Med.) le corps humain est composé de deux sortes de parties, dont les unes sont celles qui contiennent, & les autres celles qui sont contenues : les unes sont essentiellement solides, ou absolument, ou respectivement ; les autres sont pour la plûpart fluides, ou susceptibles de fluidité. Voyez à l’article Fibre, la digression sur les solides & sur les fluides en général, considerés dans le sens des Physiologistes. Les solides sont sous la forme de canaux, de conduits, de vases ou réservoirs, & constituent ce qu’on entend par vaisseaux dans la structure des animaux. Les fluides sont ce qu’on appelle communément humeurs, en terme vulgairement usité & assez reçû parmi les Medecins, qui répond à ce que les Grecs entendoient par leur τὰ Ἐνιχόμενα.

Ainsi tous les fluides, de quelque espece qu’ils soient, ont des qualités propres au corps animal, c’est-à-dire qu’étant le produit des alimens & de la boisson, ils ont éprouvé de tels changemens, qu’ils forment un composé d’une nature qui non-seulement n’existe nulle part hors le corps humain, mais encore est particuliere à chaque individu ; en sorte que le sang, la bile de Pierre, ne sont pas absolument composés de parties combinées de la même maniere que le sang, la bile de Paul : d’où il suit que chaque homme a son idiosyncrasie, sa constitution particuliere, soit que ces fluides, sous forme de colonne continue, coulent dans les vaisseaux, & se distribuent sans interruption en rameaux proportionnés à leur capacité, soit qu’ils soient contenus dans des cellules qui ont de la communication entre elles, de maniere à pouvoir passer des unes dans les autres, ou qu’ils coulent dans des réservoirs particuliers, pour être retenus & renfermés pendant quelque tems dans leur cavité, jusqu’à ce qu’ils prennent un