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noirs. Ceux de Sierra-leona ne sont pas tout-à-fait si noirs que ceux du Sénégal. Ceux de Guinée, quoique sains, vivent peu. C’est une suite de la corruption des mœurs.

Les habitans de l’île de Saint-Thomas sont des Negres semblables à ceux du continent voisin. Ceux de la côte de Juda & d’Arada sont moins noirs que ceux du Sénégal & de Guinée. Les Negres de Congo sont noirs, mais plus ou moins. Ceux d’Angola sentent si mauvais lorsqu’ils sont échauffés, que l’air des endroits où ils ont passé en reste infecté pendant plus d’un quart d’heure.

Quoiqu’en général les Negres aient peu d’esprit, ils ne manquent pas de sentiment. Ils sont sensibles aux bons & aux mauvais traitemens. Nous les avons réduits, je ne dis pas à la condition d’esclaves, mais à celles de bêtes de somme ; & nous sommes raisonnables ! & nous sommes chrétiens !

On ne connoît guere les peuples qui habitent les côtes & l’intérieur des terres de l’Afrique depuis le cap Negre jusqu’au cap des Voltes. On sait seulement que les hommes y sont moins noirs, & qu’ils ressemblent aux Hottentots dont ils sont les voisins.

Les Hottentots ne sont pas des Negres, mais des Cafres, qui se noircissent avec des graisses & des couleurs. Cependant ils ont les cheveux laineux & frisés. On pourroit les regarder dans la race des noirs comme une espece qui tend à se rapprocher des blancs, ainsi que dans la race des blancs, les Maures comme une espece qui tend à se rapprocher des noirs.

Les femmes des Hottentots sont petites. Elles ont une excroissance de chair ou de peau dure & large, qui commence au-dessus de l’os pubis, & qui leur tombe jusqu’au milieu des cuisses comme un tablier. L’usage est de ne laisser aux hommes qu’un testicule.

Les Hottentots ont tous le nez épaté & les levres grosses. On dit qu’une petite fille enlevée de chez ce peuple, & nourrie en Hollande, y devint blanche.

Les habitans de la terre de Natal sont moins malpropres & moins laids que les Hottentots. Ils ont cependant les cheveux frisés & le nez plat.

Ceux de Sosola & du Monomotapa sont encore mieux que ceux de Natal ; & les peuples de Madagascar & de Mozambique, quoique noirs, ne sont pas Negres.

Il paroît que les Negres proprement dits, sont différens des Cafres, qui sont des noirs d’une autre espece ; mais ce qui acheve de résulter de ces observations, c’est que la couleur est principalement un effet du climat, & que les traits dépendent des usages.

L’origine des noirs a fait de tous les tems une grande question. Les anciens les regardoient comme la derniere nuance des peuples basanés. Voyez l’article Negres.

Nous allons considérer les différens peuples de l’Amérique, comme nous avons considéré ceux des autres parties du monde.

Au nord de l’Amérique on trouve des especes de Lapons semblables à ceux d’Europe & aux Samoïedes d’Asie. Ceux du détroit de Davis sont petits, olivâtres, à jambes courtes & grosses, & voisins comme en Europe, d’une espece grande, bien faite, & blanche, avec un visage fort régulier.

Les sauvages de la baie d’Hudson & du nord de la terre de Labrador, ne paroissent pas de la même race. Ils sont laids, petits, mal faits, & ont le visage presque couvert de poil, comme les habitans du-pays d’Yeço.

Les sauvages de terre neuve ressemblent assez à ceux du détroit de Davis.

Les sauvages du Canada & de toute la profondeur des terres, jusqu’aux Assiniboils, sont grands, forts, robustes & bien faits. Ils ont tous les cheveux & les yeux noirs, les dents blanches, le tein basané,

peu de barbe, & presque point de poil en aucune partie du corps ; rien de plus ressemblant qu’eux aux Tartares orientaux : aussi sont-ils sous la même latitude.

Les peuples de la Floride, du Mississipi, & des autres parties méridionales de l’Amérique septentrionale, sont plus basanés que ceux du Canada, sans cependant être bruns. Les Apalachites, voisins de la Floride, sont grands & bien proportionnés, ont les cheveux noirs & longs, & la couleur olivâtre.

Les naturels des îles Lucaies sont moins basanés que ceux de Saint-Domingue & de l’île de Cube.

Les Caraibes ont la taille belle, sont beaux, forts, dispos & sains. Quelques uns ont le front & le nez applatis ; mais c’est par un caprice d’altérer la figure humaine, assez général chez tous les sauvages. Leurs dents sont belles, leurs cheveux longs & lisses, leurs dents bien rangées, & leur tein olivâtre. Ils aiment la liberté au point qu’ils se laissent mourir plutôt que de servir. Leurs femmes sont petites, ont les yeux noirs, le visage rond, les dents blanches & l’air gai, au contraire des hommes qui sont tristes & mélancoliques.

Les naturels du Mexique sont bien faits, dispos, bruns & olivâtres. Ils ont peu de poils, même aux sourcils ; cependant les cheveux longs & fort noirs.

Les habitans de l’isthme de l’Amérique sont de bonne taille & d’une jolie tournure ; mais ils ont le tein basané, ou de couleur de cuivre jaune ou d’orange, & les sourcils noirs comme le jais. Parmi eux il y a des individus blancs, mais d’un blanc de lait. Ils ont la peau couverte d’un duvet blanc, les paupieres en forme de croissant dont les pointes tournent en bas ; la vûe si foible, qu’ils ne sortent & ne voient que la nuit. Voilà les analogues des Chacrelas de Java, & des Bédas de Ceylan. Ces blancs naissent de peres & de meres couleur de cuivre ; ce qui feroit penser que les Chacrelas & les Bédas viennent aussi de peres & de meres basanés, sur-tout après les exemples qu’on a parmi les Negres, de blancs nés de peres & de meres noirs. Ce qu’il y a de bizarre, c’est que cette variété n’a lieu que du noir au blanc, & non du blanc au noir. Il n’arrive point chez les blancs qu’il naisse des individus noirs.

Les peuples des Indes orientales, de l’Afrique & de l’Amérique où l’on trouve ces hommes blancs, sont tous sous la même latitude. Autre singularité.

Le blanc paroît donc être la couleur primitive de la nature, que le climat, la nourriture & les mœurs alterent, & font passer par le jaune & le brun, & conduisent au noir.

Les hommes d’un blond blanc ont les yeux foibles, & souvent l’oreille dure. On prétend que les chiens blancs, sans aucune tache, sont sourds ; & en effet il y en a des exemples.

Les Indiens du Pérou sont de couleur de cuivre, comme ceux de l’isthme, à moins qu’ils n’habitent des lieux élevés ; alors ils sont blancs. Ceux de la terre ferme, le long de la riviere des Amazones & le continent de la Guiane, sont basanés, rougeâtres, plus ou moins clairs, excepté les Arras, qui sont presque aussi noirs que les Negres.

Les sauvages du Brésil sont à peu-près de la taille des Européens, mais plus forts, plus robustes & plus dispos. Ils ont peu de maladies, vivent long-tems, ont la tête grosse, les épaules larges, les cheveux longs, & sont basanés.

Les habitans du Paragai ont la taille assez belle & assez élevée, le visage un peu long & la couleur olivâtre. Ils sont sujets à une espece de lepre qui leur couvre tout le corps, sans les incommoder beaucoup.

Les Indiens du Chili sont d’un basané de cuivre rouge, mais non mêlé de blanc & de noir, comme