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Huile des Métaux, (Chimie) c’est ainsi que quelques chimistes ont appellé le phlogistique, ou la partie inflammable qui entre dans la combinaison des métaux. Voyez l’article Phlogistique.

Huile d’Onction, (Hist. sacr.) c’est celle que Moyse avoit composée pour l’onction & la consécration du roi, du souverain sacrificateur, & de tous les vaisseaux sacrés, dont on se servoit dans la premiere maison de Dieu.

Nous apprenons dans l’exode, chap. 30, que cette huile étoit faite de myrrhe, de cinnamome, de calamus aromaticus & d’huile d’olive, le tout confi par artifice de parfumeur.

Moyse ordonna aux israëlites de garder précieusement cette huile de génération en génération ; voilà pourquoi elle étoit déposée dans le lieu très saint.

Chaque roi n’étoit pas oint, mais seulement le premier de la famille, tant pour lui-même, que pour tous les successeurs de sa race ; il ne falloit pas d’autre onction, à moins qu’il ne s’élevât quelque difficulté touchant la succession, auquel cas celui qui l’avoit obtenue, quoiqu’il fût de la même famille, recevoit l’huile d’onction pour mettre fin à toute dispute, personne n’étant en droit, après cette cérémonie, de lui contester son titre : ce fut le cas de Salomon, de Joas & de Jéhoahaz ; mais chaque souverain sacrificateur étoit oint à sa consécration, ou lorsqu’il entroit en charge, & il en étoit de même du prêtre qui alloit à la guerre en sa place.

Les vaisseaux & les ustensiles qu’on oignoit avec l’huile d’onction, étoient l’arche de l’alliance, l’autel des parfums, la table des pains de proposition, le chandelier d’or, l’autel des holocaustes, le lavoir & les vases qui en dépendoient.

Comme Moyse consacra toutes ces choses par l’huile d’onction à l’érection du tabernacle, aussi lorsque quelqu’une venoit à être détruite, à s’user, ou à se perdre, elle pouvoit, tant que cette huile subsista, être rétablie & réparée, en faisant & consacrant d’autres ustensiles à la place, qui acquéroient la même sainteté que les premiers, au moyen de l’existence de l’huile d’onction ; mais malheureusement cette huile ayant péri avec le premier temple, & manquant dans le second temple, ce triste accident causa un défaut de sainteté dans toutes les autres choses qui y appartenoient. En vain, les Juifs, à leur retour de Babylone, & après le rétablissement de leur temple, eurent un arche, un autel des parfums, une table des pains de proposition, un chandelier d’or, un autel des holocaustes, un lavoir avec les vases qui y appartenoient, & le tout plus beau que dans le premier temple, cela ne servit de rien ; en vain, ils mirent toutes ces choses dans leur premiere place, & les appliquerent aux mêmes usages ; le manque d’huile d’onction rendit le tout défectueux.

Ajoutons aussi, qu’outre ce défaut d’huile, le second temple fut encore privé de cinq choses qui constituoient la gloire principale du premier ; savoir, 1o. de l’arche de l’alliance, qui étoit un petit coffret de bois de cédre, de trois piés neuf pouces de long, sur deux piés trois pouces de large, & deux piés trois pouces de haut. Il renfermoit la cruche où étoit la manne, & la verge d’Aaron qui avoit fleuri ; le propitiatoire faisoit le couvercle de ce coffre. 2o. Il manquoit au second temple le Schekinna, c’est-à-dire, la présence divine se manifestant dans une nuée qui reposoit sur le propitiatoire. 3o. Il manquoit l’urim & le thummin, qui étoit quelque chose que nous ignorons, & que Moyse mit dans le pectoral du souverain sacrificateur. Exode 28, 30, Lévitiq. 8, 8. On sait que le pectoral étoit une piece d’étoffe en dou-

ble de la grandeur de quelques pouces en quarré,

dans laquelle piece d’étoffe étoient enchassées douze pierres précieuses gravées des noms des douze tribus. 4o. Il manquoit au second temple le feu sacré qui fut éteint lors de la destruction du premier temple ; ensorte qu’on ne vit plus que du feu commun dans le second temple. 5o. L’esprit de prophétie y manquoit, ce qui pourtant ne doit pas être entendu à la rigueur ; car Aggée, Zacharie & Malachie prophétiserent encore.

Il ne faut donc pas être surpris que toutes ces choses, outre l’huile d’onction, manquant dans le second temple, les vieillards, lorsqu’on en posoit les fondemens, versassent des larmes au souvenir du premier ; mais tout cela fut abondamment réparé, lorsque, pour me servir des termes des prophetes, le desir des nations, le seigneur qu’elles cherchoient entra dans son temple ; lors, dis-je, que J. C. le véritable Schékinna, honora le dernier temple de sa présence ; & à cet égard, la gloire de la seconde maison l’a emporté de beaucoup sur celle de la premiere. (D. J.)

Huile de Cade, (Hist. des Drog.) huile fétide, rousse ou noire, empyreumatique, qui se tire du tronc & des rameaux de l’oxycédre & du genevrier en arbre que l’on brûle dans quelques fours destinés à cet usage. Cette huile appliquée en liniment à l’extérieur, est puissamment résolutive ; on s’en sert dans les provinces, pour les ulceres qui viennent aux brebis & aux moutons, après qu’on les a tondus. Les maréchaux s’en servent aussi pour la gale & les ulceres des chevaux. En Languedoc, on fait beaucoup d’huile de cade, semblable à celle du genevrier à baies rougeâtres ; on en tire de l’huile, en distillant son bois par la cornue. (D. J.)

Huile de Médie, (Pharmac. anc.) autrement dite huile des Medes, ou huile de Médée, en latin oleum medicum, nom que les anciens ont donné à une huile célebre qui avoit la propriété de brûler dans l’eau, malgré tout ce qu’on pouvoit faire pour l’éteindre. On l’appella huile de Médie, parce qu’on la recevoit de ce pays-là ; d’autres la nommerent huile de Médée, parce qu’ils imaginerent que c’étoit avec cette huile que la fille d’Hécate avoit brûlé la couronne de sa rivale.

Ammien Marcellin raconte que, si l’on trempe une fleche dans cette huile, & qu’on la tire avec un arc contre quelque corps imflammable, le tout prend feu immédiatement sans possibilité de l’éteindre avec de l’eau.

Le poison de Pharos, venenum pharicum de Nicandre, passoit pour être la même chose que l’huile de Médie ; & tout ce qu’il en dit convient parfaitement au récit que font d’autres auteurs, des propriétés de l’huile de Médée, de sorte qu’on ne peut douter que ces deux liqueurs ne soient la même chose.

Quelques uns prétendent qu’on tiroit cette huile d’une plante ; mais Pline assure positivement que c’étoit un minéral bitumineux, liquide, de la nature du naphte, ce qui est très-apparent, parce que les huiles minérales sont les substances les plus inflammables que nous connoissions. Babylone est fameuse chez plusieurs auteurs, pour fournir cette liqueur ; il est certain que le naphthe s’y trouve abondamment. Strabon dit qu’elle en produit deux especes, l’une blanche, & l’autre noire. La blanche étoit vraisemblablement ce qu’on nommoit l’huile de Médie, ou de Médée ; mais on ne doit pas douter que les anciens n’ayent extrêmement exagéré les effets, les propriétés & les vertus qu’ils lui ont attribuées ; l’hyperbole leur est familiere dans tous les récits qu’ils nous ont fait des choses étrangeres à leurs pays, en quoi nous les avons assez bien imités. (D. J.)