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premiere tentative a été si heureuse, & qui nous promet d’autres succès. Il est à propos de retenir d’abord les deux bouts de l’intestin dans la playe, & de ne proceder à leur réunion qu’après avoir laissé passer quelques heures. Pendant ce tems, on fera prendre de l’huile d’amandes douces au malade, & on fomentera l’intestin avec du vin chaud, afin de conserver sa chaleur & l’élasticité naturelle. Ce délai paroît absolument nécessaire, non-seulement pour connoître sans risque de se méprendre quelle est précisément la partie supérieure de l’intestin, mais encore par la sûreté de la réunion ; parce qu’il prouve le dégorgement des matieres que l’étranglement a retenues dans le canal intestinal, depuis l’estomac jusqu’à l’ouverture de l’intestin. Il est bien plus avantageux que ce dégorgement se fasse par la playe, que d’exposer la partie réunie par l’insertion des deux bouts de l’intestin à donner passage à ces matieres, & à leur laisser parcourir toute la route qui doit les conduire à l’anus. Quoique M. Ramdhor ne parle pas de la ligature des arteres méséraïques, dont les ramifications se distribuoient à la portion de l’intestin qu’il a coupé, comme l’hémorrhagie pourroit avoir lieu dans d’autres cas, au moins par les vaisseaux de la partie saine, dans laquelle on fait la section qui doit retrancher le boyau pourri, il est de la prudence de faire un double nœud sur la portion du mésentere, qui formera le pli par lequel les portions de l’intestin doivent être retenues & fixées dans la situation convenable.

Il nous reste à parler d’un quatrieme cas d’hernie avec gangrene, où l’intestin forme une anse qui est adhérente tombée en pourriture, & qui est à la circonférence interne de l’anneau. Ces adhérences rendent impossible l’insinuation de la partie supérieure de l’intestin dans l’inférieure ; & ce cas paroît d’abord ne présenter d’autre ressource que l’établissement d’un anus nouveau dans le pli de l’aine : des observations essentielles ont montré les ressources de la nature & de l’art dans un cas aussi critique. La principale a été communiquée à l’académie royale de chirurgie par M. Pipelet l’aîné. Il fit l’opération de l’hernie crurale en 1740 à une femme, à qui il trouva l’intestin gangréné, l’épiploon, le sac herniaire dans une disposition gangréneuse, & toutes ces parties tellement confondues par des adhérences intestines, qu’il n’auroit été ni possible, ni prudent de le détruire. On se contenta de débrider l’arcade crurale, pour mettre les parties à l’aise, & faire cesser l’étranglement. On soutint les forces chancelantes de la malade par des cordiaux : le onzieme jour, la portion d’intestin se sépara, elle avoit cinq pouces de longueur. Depuis ce moment, les matieres stercorales, qui avoient coulé en partie par l’ouverture de l’intestin, & plus encore par le rectum, cesserent tout-à-coup de passer par cette derniere voie, & prirent absolument leur route par la playe. Il falloit la panser cinq ou six fois en vingt-quatre heures. La playe se détergea ; & au bout de quatre mois, ses parois furent rapprochées au point de ne laisser qu’une ouverture large comme l’extrémité du petit doigt. M. Pipelet crut qu’après un si long espace de tems, les matieres fécales continueroient de sortir par ce nouvel anus : il n’espéroit ni ne prévoyoit rien de plus avantageux pour la malade, lorsque les choses changerent subitement de face, & d’une maniere inopinée. Cette femme qu’on avoit tenue à un régime assez severe, mangea indiscrétement des alimens qui lui donnerent la colique & la fievre ; M. Pipelet ayant jugé à propos de la purger avec un verre d’eau de casse & deux onces de manne, fut le témoin d’un évenement aussi singulier qu’avantageux. Les matieres fécales reprirent dès ce jour leur route vers

le rectum, & ne sortirent plus que par les voies naturelles, en sorte que la playe fut parfaitement cicatrisée en douze ou quinze jours : cette femme vit encore, & jouit depuis dix ans d’une bonne santé ; elle a soixante & quinze ans.

Le succès inesperé que M. Pipelet a eu dans cette cure, il l’a dû à la disposition favorable des adhérences que les parties saines de l’intestin avoient contractées entre elles dans l’intérieur du ventre vis-à-vis de l’arcade. Cette disposition étoit même annoncée par une circonstance particuliere, c’est que les matieres fécales n’ont passé entierement par la playe qu’après la séparation de la portion d’intestin gangréné ; & elle ne s’est faite que le onzieme jour de l’opération. Avant ce tems, la plus grande partie des matieres avoit pris sa route vers le rectum. Il est facile de concevoir comment un cas aussi grave que l’est communément la gangrene d’une assez grande portion d’intestin étranglée dans une hernie, peut devenir aussi simple que si l’intestin n’avoit été que pincé dans une petite portion de son diametre. Si les deux portions saines de l’intestin contractent dans leur adossement au-dessus de l’anneau une adhérence mutuelle ; il est clair qu’après la séparation de l’anse pendante au-dehors, ces portions réunies formeront un canal continu, qui ne sera ouvert que dans la partie antérieure : & si les bords de cette ouverture sont adhérens de chaque côté à la circonférence de l’anneau, celui-ci, en se resserrant, en fera nécessairement la réunion parfaite. Ces cas se présentent quelquefois pour le bonheur des malades. (Y)

HERNIOLE, s. f. (Botan.) L’espece principale, nommée par les Botanistes herniaria, hernia glabra, est une plante basse, ayant à peine la longueur d’un empan ; elle répand sur la terre de foibles branches, & porte à chaque nœud deux feuilles plus petites que celles du serpolet ; les sommets de ses tiges sont chargés d’un grand nombre de petites fleurs herbacées, auxquelles succedent de petits vaisseaux séminaux pleins de graines très-menues ; sa racine s’enfonce profondement en terre, & pousse beaucoup de fibres. L’herniole croît dans des lieux sablonneux, & fleurit en été ; elle est toute d’usage, & passe pour dessicative & resserrante ; elle rougit un peu le papier bleu, est âcre & tant soit peu salée ; son sel est uni à beaucoup de soufre & de terre. (D. J.)

Herniole, (Mat. méd.) Voyez Turquette.

HERNIQUES, s. m. pl. (Géog. anc.) peuple d’Italie dans le Latium. Ce peuple n’est connu que par les guerres qu’il eut contre les Romains, qui le soumirent de bonne heure ; encore l’histoire ne parle-t-elle que de quatre villes de ce peuple plus remarquables qui les autres, d’Anagny, d’Alatri, de Terentium & de Véruli : les habitans de ces dernieres villes ne voulurent point avoir part à cette guerre, & cependant ceux d’Anagny se trouverent assez forts avec le reste du pays, pour oser faire tête aux Romains. Festus pense que les Herniques tiroient leur nom des roches, que les Marses appelloient Herna dans leur langue, & les Sabins Hernæ ; en effet Virgile, Æneïd. l. 7. v. 684, dit :

Hernica saxa colunt, quos dives Anagnia pascit. (D. J.)

HERNOSAND, (Géog.) ville maritime de Suede, au golfe de Bothnie dans l’Angermanie. Long. 35. 15. lat. 61. 45. (D. J.)

HÉRODIENS, (Hist. ecclés.) nom d’une secte de Juifs au tems de Jesus-Christ.

Comme il n’en est parlé que dans saint Matthieu, ch. xxij. v. 16. & dans saint Marc, ch. iij. v. 6. & ch. xij. v. 13. nous allons rechercher quelle étoit cette secte que les évangelistes appellent Hérodiens ; car les commentateurs de l’Ecriture sont sort partagés sur ce sujet.