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me quantité de graines levent pendant cette année de repos, les labours répétés en détruisent beaucoup ; mais il y a plusieurs sortes de plantes, telles que la folle avoine & la queue de renard, dont la graine ne venant à lever que quand elles ont resté en terre deux ou trois ans, inutilement laboureroit-on avec tout le soin possible, les champs où elles se trouvent, on ne réussiroit point à les faire lever plûtôt.

D’autres fermiers, pour détruire ces mauvaises herbes, ces plantes si nuisibles, ont cru ne pouvoir rien imaginer de mieux, que de dessaisonner leurs terres, c’est-à-dire de mettre l’avoine dans l’année où on auroit dû les ensemencer en blé. L’expérience a appris qu’on fait par ce moyen périr certaines plantes, qui paroissant seulement tous les trois ans, ne se montrent que dans les blés ; mais le laboureur perd une recolte, & il lui reste encore beaucoup de mauvaises herbes à détruire. Alors il prend quelquefois le parti de faire sarcler ses blés, c’est-à-dire d’arracher avec un sarcloir les méchantes herbes qui paroissent ; mais cette opération se réduit presque seulement à détruire quelques têtes de chardons, & quelques piés de ponceau, ou de bluets ; les plantes les plus menues qui sont aussi préjudiciables, telles que le vesceron, la folle avoine, l’yvraie, la nielle, la renouée, l’arrête-bœuf, la queue de renard, & tous les petits piés de ponceau, restent dans le champ. De plus, en coupant les mauvaises herbes, il n’est guere possible qu’on ne coupe du blé ; enfin toutes les plantes bisannuelles qui sont dans ce champ, poussent de leurs racines, deux, trois, quatre tiges, au lieu d’une, & le mal devient encore plus considérable.

Le meilleur moyen connu jusqu’à ce jour, de déraciner & de détruire les mauvaises herbes des champs, est de continuer les labours pendant que les blés sont en terre, suivant la méthode de M. Tull, & c’est encore là un des beaux avantages de cette méthode. (D. J.)

HERBÉ, adj. terme de commerce de cheveux. On appelle cheveux herbés des cheveux chatains qu’on a fait devenir blonds en les mettant sur l’herbe, & les y laissant exposés au soleil pendant longtems, après les avoir lescivés plusieurs fois dans de l’eau limoneuse. Le blond que ces sortes de cheveux acquierent est si beau, que les perruquiers y sont souvent trompés eux-mêmes, & ne reconnoissent l’artifice qu’au débouilli, qui leur donne une couleur de feuille de noyer desséchée.

Il est défendu en France d’apprêter ainsi les cheveux.

Herber les cheveux, c’est les exposer sur l’herbe pour leur faire prendre une autre couleur que la leur naturelle. Voyez l’article précédent.

HERBEILLER, v. neut. (Vennerie.) Il se dit du sanglier, au lieu de paître.

HERBELINE, s. f. (Econ. rustiq.) Il se dit pour germeline, diminutif d’hermine, brebis maigre & petite, comparée par cette raison au petit animal connu sous le nom d’hermine. Voyez Hermine.

HERBEMONT, (Géog.) petite ville des pays-bas Autrichiens, au duché de Luxembourg, dans le comté de Chiny, près de la riviere de Semoy, à une lieue de Chiny, & à quatre de Montmédy. Long. 23. 6. lat. 49. 38. (D. J.)

HERBER, v. act. (Maréchallerie.) c’est appliquer sous le poitrail du cheval la racine d’ellébore, ou d’autres plantes maturatives dans les maladies qui exigent ce remede.

HERBEUX, adj. (Gramm. & économie rustique.) abondant en herbe ; les bords de cette riviere sont herbeux ; les bestiaux aiment les lieux herbeux.

* HERBIER, s. m. (Botan.) collection de plan-

tes rangées selon quelque méthode de Botanique, séchées & conservées dans des cartons, séparées les unes des autres par des feuilles de papier.

Il se dit aussi d’un livre qui traite des plantes.

HERBORISER, v. neut. (Gramm. & Botan.) c’est parcourir les campagnes pour y reconnoître les plantes qu’on a étudiées dans l’école. M. Haller en Suisse, & M. de Jussieu à Paris, tous les deux grands botanistes, vont herboriser & sont suivis par une foule de jeunes étudians ; ces courses utiles sont appellées des herborisations. On dit aussi de celui qui parcourt une contrée dans le dessein de recueillir les plantes qu’elle produit, qu’il herborise. Feu M. de Jussieu avoit herborisé en Espagne & en Portugal ; M. de Tournefort avoit herborisé en Grece & en Egypte.

HERBORISTE, sub. masc. (Gram. & Bot.) celui qui a fait une étude particuliere des plantes & qui les connoît. La Fontaine dans ses fables l’a employé en ce sens ; mais il ne se dit plus guere que de celui qui vend les plantes médicinales.

HERBORN, (Géog.) ville d’Allemagne en Wétéravie, dans la principauté de Nassau-Dillenbourg, avec une université fondée en 1584 par le comte Jean le Vieux. Cette ville est à 3 lieues S. O. de Dillenbourg, 4 N. O. de Solms. Long. 26. 10. lat. 50. 36.

Les deux Pasor pere & fils, naquirent à Herborn ; le pere (Georges) est connu par son Lexicon græcum novi Testamenti, qui est toûjours d’un usage merveilleux, & par son analyse des mots difficiles d’Hésiode, Collegium Hesiodeum ; il mourut en 1637. Le fils (Mathias) fut d’abord professeur à Heidelberg ; mais Tilly ayant saccagé cette ville en 1622, il passa à Paris, pour s’y perfectionner sous Gabriel Sionite, professeur au college royal en chaldéen & en arabe, homme unique en son genre, qui avoit cessé d’enseigner, parce qu’il n’avoit pas deux écoliers dans tout le royaume ; Passor ayant profité de ses leçons particulieres, vint à Oxford, obtint dans cette ville en 1626 une chaire en langues orientales, & trouva des auditeurs. Cependant au bout de quelques années, il accepta l’emploi de professeur en Théologie à Groningue, & mourut en 1658, âgé de 64 ans, sans avoir rien fait imprimer. (D. J.)

HERBU, adj. (Gramm. & Bot.) qui est garni d’herbe. Il se dit des lieux & des plantes ; un lieu herbu, une partie herbue.

HERCÉUS (Jupiter,) Mythol. le Jupiter Hercéus, étoit celui dont l’autel paroissoit à découvert dans un lieu enfermé de murailles. Virgile fait une description pathétique d’un autel de cette espece, que Priam avoit érigé dans son palais en l’honneur de ce dieu.

Ædibus in mediis, nudoque sub ætheris axe,
Ingens ara fuit, juxtàque veterrima laurus
Incumbens aræ, atque umbrâ complexa Penates.

Cet autel étoit exposé à l’air, dans une enceinte fermée par une espece de balustrade ; cette enceinte s’appelloit en grec Ἕρκος ; de-là le nom de Jupiter Hercéus.

Ensuite le même poëte, pour rendre Pyrrhus plus odieux, nous le peint massacrant impitoyablement Priam au pié de cet autel.

Altaria ad ipsa trementem
Traxit, & in multo lapsantem sanguine nati :
Implicuitque comam lævâ, dextrâque coruscum
Extulit, ac lateri capulo tenùs abdidit ensem.

Mais Polygnote dans son tableau de la prise de Troie, nous représente avec plus de vraissemblance Priam tué comme par hasard, sur la porte de sa maison. Si nous en croyons le poëte Leschée, dit Pausanias, Priam ne fut point tué devant l’autel de