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Gorge, chez les Orfevres en grosserie, est un petit collet qui commence la monture d’un chandelier ou autre ouvrage ; il peut aussi y en avoir à différens endroits de cette monture, selon le goût de l’artiste & l’effet qu’elles produisent dans son ouvrage.

Gorge, (Serrurerie.) il se dit de la partie d’un ressort à laquelle répond la barbe du pêne, lorsque le panneton de la clé est mû pour ouvrir & fermer ; la gachette a aussi sa gorge. Voyez dans nos Planches de Serrurerie, la gorge du ressort & de la gachette.

Gorge, (Tourneur.) ce nom se donne aux bâtons tournés qu’on met au bas & au haut des planches & des cartes de Géographie qui les tiennent tendues quand elles sont déployées, & sur lesquels on les tourne pour les serrer.

Gorge, (Vénerie.) on dit d’un chien qu’il a belle gorge, c’est-à-dire qu’il a l’aboyement vigoureux & retentissant.

Gorge, (Fauconnerie.) est la poche ou sachet supérieur des oiseaux de proie : il faut donner grosse gorge à l’oiseau, c’est-à-dire de la viande grossiere & non trempée dans l’eau, non essuyée, en un mot leur faire faire une mauvaise chere.

On appelle gorge chaude la viande chaude qu’on donne aux oiseaux de proie, & qu’on prend du gibier qu’ils ont attrapé.

On dit aussi donner bonne gorge, quand les Fauconniers repaissent les oiseaux ; demi-gorge ou quart de gorge, selon que l’on les veut traiter.

Enduire ou digérer sa gorge, se dit de l’aliment que l’oiseau a pris : on dit, l’oiseau a digéré sa gorge, lorsque cette gorge passe vîte & que l’oiseau émeutit incontinent sans prendre nourriture : on tient que c’est un mauvais signe, qu’il devient éthique ; ce qu’on appelle mal subtil.

Gorge-rouge, rubecula, erithacus, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) petit oiseau qui pese une demi-once ; il a un demi-pié de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est de neuf pouces. La poitrine a une couleur rouge ou orangée, qui a fait donner à cet oiseau le nom de gorge-rouge : cette même couleur entoure les yeux & la partie supérieure du bec ; il y a une bande bleue entre la couleur rougeâtre & la couleur du reste de la tête & du cou. Le ventre est blanc ; la tête, le cou, le dos & la queue, sont de couleur brune, verdâtre ou jaunâtre, comme dans les grives. La face intérieure des ailes est legerement teinte de couleur orangée ; les barbes extérieures des grandes plumes sont presque toutes de la même couleur que le dos : les bords intérieurs sont jaunâtres. La queue a deux pouces & demi de longueur, & elle est composée de douze plumes. Le bec est mince & de couleur brune ; la langue est fourchue ; l’iris des yeux a une couleur de noisette ; les pattes, les doigts, & les ongles, sont de couleur brune mêlée de noir.

L’hyver ces oiseaux approchent des maisons pour chercher à manger : en été dès qu’ils peuvent trouver de quoi se nourrir dans les bois, & que le froid ne se fait plus sentir, ils se retirent avec leurs petits dans les lieux les plus deserts. Ils aiment la solitude : d’où vient le proverbe qui dit, « deux gorges-rouges ne vivent pas sous le même arbuste » : unicum arbustum non alit duos erithacos.

Cet oiseau fait son nid parmi les épines, dans les endroits les plus touffus des bois & les plus remplis de feuilles de chêne, & il le couvre avec ces feuilles : on dit qu’il n’y entre que par un seul endroit, & que toutes les fois qu’il en sort, il ferme l’ouverture avec les mêmes feuilles. On distingue le mâle de la femelle, par les pattes qui sont plus noires, & par quelques poils qu’il a de chaque côté du bec. Ces oiseaux se nourrissent de petits vers & d’autres

insectes, d’œufs de fourmis, &c. Willughbi, ornith. Voyez Oiseau. (I)

GORGÉ, ENFLÉ, adj. synon. (Manége.) des jambes gorgées, des boulets gorgés. Voyez Enflure & Jambes. (e)

Gorgé, en terme de Blason, se dit d’un lion, d’un cygne, ou autre animal, dont le cou est ceint d’une couronne ; auquel cas l’on dit que le lion est gorgé d’une couronne ducale, &c.

GORGER, en terme d’Artificier, c’est remplir de composition le trou de l’ame d’un artifice ; ce qui ne se fait que rarement.

GORGERE, ou TAILLEMER, s. f. (Marine.) c’est une des principales pieces qui composent la poulaine ou éperon.

La gorgere s’étend à l’avant du vaisseau, depuis l’extrémité du brion ou la naissance de l’étrave, jusqu’à-peu-près au niveau du premier pont, suivant dans toute cette étendue le même courant que l’étrave, sur laquelle elle est appliquée exactement ; elle repose par en-bas sur une dent qu’on ménage sur le brion ou sur l’étrave à laquelle elle est liée par plusieurs chevilles qui sont clavettées sur virole au-dedans du vaisseau.

A la hauteur du premier pont, la gorgere quitte l’étrave dont elle s’écarte en formant une grande gorge qui remonte à-mesure qu’elle s’éloigne du vaisseau, & va se terminer à la figure.

Le dehors de la gorgere représente une espece de console qui vient se terminer par-en-bas à la dent que nous avons dit être sur l’extrémité du brion ou à la naissance de l’étrave.

La gorgere est formée par deux ou un plus grand nombre de pieces qui ont la même épaisseur que l’étrave, à l’endroit où elles la touchent, & qui diminuent un peu d’épaisseur à-mesure qu’elles s’en écartent : toutes ces pieces sont liées l’une à l’autre par des empatures, & retenues avec des chevilles de fer. Voyez Pl. IV. fig. 1. la gorgere ou taillemer, cottée 193. (Z)

GORGERET, s. m. instrument de Chirurgie qui sert dans l’opération de la taille, pour introduire les tenettes dans la vessie ; son corps est un canal en forme de gouttiere longue de cinq pouces : son commencement ou sa partie la plus large a environ huit lignes de diametre & trois lignes & demie de profondeur ; il va ensuite en diminuant insensiblement de largeur & de profondeur, se terminer par une coupe ronde. La cavité de cette gouttiere est exactement ceintrée & polie, & ses ailes ou parois sont aussi fort polis, afin de ne causer aucune irritation aux parties. L’entrée du canal est coupée en talud de l’étendue d’un travers de doigt.

L’extrémité antérieure est une petite crête qui s’éleve doucement du fond & du milieu de la fin de la gouttiere dont nous venons de parler ; elle a environ seize lignes de longueur dans le canal, & sa hauteur a près de deux lignes en sortant du canal, où elle forme une languette de quatre lignes de longueur sur deux lignes & demie de largeur, recourbée de dehors en-dedans, plate sur les côtés, & arrondie par son extrémité.

L’extrémité postérieure de cet instrument est arbitraire ; elle est communément en croix, comme le manche des conducteurs. Nous avons fait graver, Pl. IX. fig. 9. un gorgeret fort étroit de l’invention de M. le Dran : le manche est en forme de cœur. Il préfere ce petit gorgeret, parce qu’il se tourne aisément dans la vessie, comme il le juge à-propos, pour distinguer autant qu’il est possible les surfaces & le volume de la pierre ; il tourne ensuite la cannelure du côté de la tubérosité de l’ischion, & il y fait couler son petit couteau (fig. 10.), pour inciser la prostate & le cou de la vessie.