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Genou, (Marine.) ce sont des pieces de bois très courbes qui s’empatent sur les varangues & fourcats, c’est-à-dire, que le genou est placé à la moitié de sa longueur sur le côté de la varangue, où il est assujetti par de forts clous rivés qui percent toute l’épaisseur de la varangue & des genous ; ainsi la varangue est alongée de la moitié de la longueur du genou, qui prolonge verticalement le contour du vaisseau.

On distingue ces pieces en genoux de fond & genoux de revers.

Les genoux de fond s’assemblent sur les varangues de fond, de façon qu’ayant leur convexité au-dehors du vaisseau, ils en augmentent les capacités.

Les genoux de revers sont assemblés sur les varangues acculées & sur les fourcats ; mais comme leur convexité est en-dedans du vaisseau, ils en diminuent la capacité. Voyez Pl. V. fig. 1. les genoux cotés 27. & dans la Pl. IV. fig. 1. cotés 27. Voyez aussi Pl. VI. fig. 65. la forme de cette piece de bois qui dans les vaisseaux du premier rang doit avoir un pié deux ou trois pouces d’épaisseur sur le droit. (Z)

Genou, s. m. (Hydr.) est la partie au-dessous d’un niveau qui le soûtient, & qui sert à le monter au moyen des douilles où se forment de longs bâtons ferrés. Voyez Douilles & Genou (Arts.) (K)

Genou, (Econom. rustiq.) se dit en parlant des grains tels que le blé, l’avoine & autres ; ce sont des nœuds qui se voyent le long de leurs tiges, & qui servent beaucoup à les faire croître, & à leur donner assez de force pour se soûtenir. (K)

* Genou, s. m. (Arts méchaniques.) espece d’assemblage de pieces de fer, de cuivre, de bois, &c. dont le nom a été pris de la nature du mouvement des pieces assemblées. Si un corps concave est fixe & se meut sur un corps convexe emboîté dans sa cavité, ces corps sont assemblés & se meuvent à genou. Quelquefois on limite ce mouvement ; en d’autres occasions on lui laisse toute l’étendue qu’il peut avoir. Le mouvement à genou est très-doux, & l’arrêt en est solide, parce qu’il dépend de l’application exacte de deux surfaces.

GENOUILLERE, s. f. (Art. milit.) dans l’artillerie est la partie basse de l’embrasure d’une batterie : elle a depuis la plate-forme jusqu’à l’ouverture de l’embrasure deux piés & demi de haut, & même jusqu’à trois piés. Elle se trouve immédiatement sous la volée de la piece ; son épaisseur qui est un fascinage, est la même que celle des merlons & le reste de l’épaulement. Elle se nomme genouillere, parce qu’elle se trouve à-peu-près à la hauteur du genou. Voyez Batterie. (Q)

Genouillere, en terme de Bottier, c’est la partie d’une botte qui surpasse la tige, & enferme le genou. Il y en a de plusieurs formes, qui tirent leur nom de la chose à laquelle elles ressemblent le plus, comme à chaudrons, à bonnets, &c. Voyez nos Planches & leur explication.

Genouillere, (Artifice.) les genouilleres sont pour l’artifice d’eau, ce que les serpenteaux sont pour l’artifice d’air ; on les employe à garnir les pots à feu, les ballons d’eau & les barrils de trompe ; on les nomme aussi dauphins & canards ; leur effet est de serpenter sur l’eau, de s’élancer à plusieurs reprises en l’air, & de finir par éclater avec bruit. On donne aux cartouches la longueur de neuf diametres intérieurs, non compris la gorge, & on les charge sur une pointe de culot qui ait d’épaisseur le quart du même diametre. Après trois charges de composition, on y met une demi-charge de poussier, & ainsi en continuant de trois charges en trois charges, & lorsqu’on a atteint la hauteur du septieme diametre, on frappe un tampon sur la composition, on le perce avec le poinçon à arrêt, on met un peu de poussier dans le trou, & on y verse de la poudre grainée ce qu’il en peut tenir, en réservant de la place pour un tampon dont on la couvre, & pour l’étranglement. On attache ensuite le fourreau sur ce même bout de la fusée ; c’est un cartouche vuide fort mince, de même grosseur que la fusée, & fermé par un bout, soit par un étranglement, soit par un rond de carton collé dessus : on le découpe par l’autre bout en plusieurs languettes, on fait entrer la fusée dans cette partie découpée qui sert à couder le fourreau : cette coudure doit former un angle d’environ cinquante degrés, on le lie dessus avec de gros fil, & on colle une bande de papier sur la ligature ; le fourreau, non compris la ligature, doit avoir de longueur la moitié de celle du cartouche, on les engorge & on les amorce comme les jets.

Tout artifice d’eau doit être enduit de suif pour empêcher l’eau de le pénétrer. On fait fondre du suif, & avec un gros pinceau de poil de porc, on en couvre entierement les genouilleres, elles sont alors en état d’être employées en garnitures ou d’être tirées à la main.

Le fourreau sert à soûtenir sur l’eau la partie sur laquelle il est attaché ; quant à la gorge elle est soûtenue par le vuide qui se fait dans la fusée à mesure que la matiere enflammée en sort, la coudure du fourreau leur donne un mouvement inégal & tortueux, & le poussier dont on a mis une demi-charge, après trois charges de composition, les fait élancer en l’air, lorsque le feu parvient à cette matiere.

Manuel de l’artificier.
Compositions pour genouilleres de dix lignes de diametre intérieur.
Compositions. Salpetre. Poussier. Soufre. Charbon. Sable des 2e &
3e ordres.
  liv. onc. gr. liv. onc. gr. liv. onc. gr. liv. onc. gr. liv. onc. gr.
Feu Ancien 1 0 0 0 0 0 0 4 0 0 4 0 0 0 0
Feu Commun 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 5 0 0 0 0
Feu Chinois 1 0 0 0 0 0 0 3 4 0 3 4 0 7 0

GENRE, s. m. terme de Grammaire. Genre ou classe, dans l’usage ordinaire, sont à-peu-près synonymes, & signifient une collection d’objets réunis sous un point de vûe qui leur est commun & propre : il est assez naturel de croire que c’est dans le même sens que le mot genre a été introduit d’abord dans la Grammaire, & qu’on n’a voulu marquer par ce mot qu’-

une classe de noms réunis sous un point de vûe commun

qui leur est exclusivement propre. La distinction des sexes semble avoir occasionné celle des genres pris dans ce sens, puisqu’on a distingué le genre masculin & le genre féminin, & que ce sont les deux seuls membres de cette distribution dans presque toutes les langues qui en ont fait usage. A s’en tenir donc