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bles ; on observe seulement de ne les point tailler dans un tems fort sec, ni trop tôt au printems, ni trop tard en automne. Leur culture est la même que celle du genêt d’Espagne ; ils se plaisent dans une terre seche & sablonneuse. On les multiplie de graine, car les boutures ne reprennent point ; & on ne réussiroit pas mieux en coupant leurs branches : comme ils ont peu de parties spongieuses, il leur faut peu d’eau ; enfin on ne doit pas les transplanter plus tard qu’au bout de l’an. (D. J.)

Genêt, (Econ. rust.) Quoique quelques genêts méritent d’être cultivés, cependant comme la plûpart perdent les bonnes terres où ils pullulent, il ne faut pas alors hésiter de les détruire, parce qu’ils jettent de profondes racines, qui sucent le sel de ces terres précieuses. La bonne méthode pour parvenir à leur entiere destruction, est de brûler ces terres, les labourer profondément, & les fumer ensuite, soit avec du fumier & des cendres, soit en y répandant de la marne & de l’urine des bestiaux. Si c’est un terrein de pâturage, le meilleur parti seroit de couper les genêts raz terre au mois de Mai, qui est le tems de leur seve ; ensuite d’y jetter du bétail qui fourragera l’herbe, & dont l’urine fera mourir les racines des genêts, outre qu’ils ne viennent point dans un lieu qui est bien foulé par les piés des animaux. Au reste cette plante pernicieuse dans les cas dont nous venons de parler, n’est pas toûjours nuisible au laboureur ; au contraire il peut quelquefois en tirer un parti fort utile, comme par exemple en former du chaume, qui fait avec art est aussi durable qu’excellent pour la couverture des granges. (D. J.)

Genêt, (Manége.) Quelques personnes prétendent que ce mot, qui est aujourd’hui très-peu usité parmi nous, est dérivé du grec εὔγνης, bene natus : d’autres avancent qu’il n’a d’autre origine que le terme espagnol ginette, cavalier, homme de cheval ; d’où ces derniers concluent que les Francois l’ont transporté de l’animal à l’homme, puisqu’il s’applique spécialement à certains chevaux d’Espagne qui sont d’une petite taille & parfaitement bien conformes. Il paroît aussi que du tems de Louis XI. cette espece de chevaux étoit en usage, & servoit de monture à des cavaliers qui étoient nommés génétaires.

On a dit encore genêt de Portugal, genêt de Sardaigne.

Je me déchargerai d’un faix que je dédaigne,
Suffisant de crever un genêt de Sardaigne. Regn.

Voyez Ménage. Voyez aussi le dictionn. de Trévoux, de l’autorité duquel on ne me reprochera pas d’abuser. (e)

GENETER un Fer, (Manége & Maréchallerie.) c’est en courber les éponges sur plat en contre-haut. Voyez Fer, Ferrure. (e)

GENETHLIE, (Myth.) c’étoit une solennité d’usage chez les Grecs, en mémoire d’une personne morte ; & Genetyllis étoit une grande fête célébrée par toutes les femmes de la Grece en l’honneur de Genetyllis, la déesse du beau sexe. Poter, archæol. Græc. lib. II. cap. xx. Voy. Genetyllides. (D. J.)

GENETHLIAQUES, s. m. pl. terme d’Astrologie, c’étoit le nom qu’on donnoit dans l’antiquité aux astrologues qui dressoient des horoscopes, ou qui prédisoient ce qui devoit arriver à quelqu’un par le moyen des astres, qu’ils supposoient avoir présidé à sa naissance. Voyez Horoscope & Astrologie.

Ce mot est forme du grec γένεσις, origine, génération, naissance.

Les anciens appelloient ces sortes de devins Chaldai, & en général Mathematici. Les lois civiles & canoniques que l’on trouve contre les Mathématiciens, ne regardent que les Généthliaques ou Astrologues. Voyez Géométrie.

L’assûrance avec laquelle ces insensés osoient prédire l’avenir, faisoit qu’ils trouvoient toûjours des dupes ; & qu’après avoir été chassés par arrêt du sénat, ils savoient encore se ménager assez de protections pour demeurer dans la ville. C’est ce que disoit un ancien : homimum genus quod in civitate nostrâ semper & vetabitur & retinebitur. Voyez Divination.

Antipater & Archinapolus ont prétendu que la Généthliogie devroit être plûtôt fondée sur le tems de la conception, que sur celui de la naissance. Qu’en savoient-ils ? Chambers. (G)

Genethliaque, (Poëme) Littérat. espece de poëme qu’on fait sur la naissance de quelque prince ou quelqu’autre personne illustre, à laquelle on promet de grands avantages, de grandes prospérités, des succès & des victoires, par une espece de prédiction : c’est sur-tout dans ces sortes de pieces que les Poëtes se livrent à l’enthousiasme, & qu’ils prononcent des oracles que leurs héros n’ont pas toûjours soin de justifier.

Telle est l’églogue de Virgile sur la naissance du fils de Pollion, qui commence ainsi :

Sicelides Musæ, paulò majora canamus.

On appelle aussi discours généthliaques, ceux qu’on fait à l’occasion de la naissance de quelque prince ou autre personne d’un rang très-distingué. (G)

GENETTE, s. f. genetta, (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport aux foüines, mais qui est plus gros. Il a une couleur mêlée de jaune & de noir, avec des taches noires. Gesner a fait la description d’une peau de genette qui avoit sur la queue huit anneaux noirs & huit de couleur blanchâtre. Cet animal ne monte pas sur les lieux élevés, il reste le long des rivieres. On dit qu’il se trouve en Espagne. Bellon a vû à Constantinople des genettes qui étoient apprivoisées dans les maisons comme des chats. La peau a une bonne odeur qui approche de celle du musc. Raii, synop. anim. quadrup. pag. 201. Voyez Quadrupede. (I)

Genette, s. f. (Man.) embouchure autrefois en usage. Il y avoit des genettes vraies ; il y en avoit de bâtardes : elles étoient employées dans l’intention d’assûrer la tête du cheval, de lui former l’appui, de l’empêcher de peser, de tirer, &c.

Pour concevoir une idée de cette sorte de mors, qui differe peu de celui que l’on nomme mors à la turque, il suffit de se représenter d’une part un canon non-brisé, ayant assez de montant pour s’élever à la hauteur de l’œil du banquet, & de l’autre un anneau de fer d’une seule piece, mobilement engagé dans le sommet de ce montant, & diversement contourné pour embrasser la barbe de l’animal & tenir lieu de gourmette.

La genette tient une place distinguée parmi cette foule d’embouchures & d’instrumens effrayans, que les anciens avoient imaginés, & que nous avons rejettés avec d’autant plus de raison, que nous ne les devions qu’à leur ignorance. (e)

* GENETYLLIDES, s. f. pl. (Myth.) Pausanias qui a parlé seul de ces divinités, se contente de nous apprendre que c’étoient des déesses qui avoient des statues dans le temple de la Vénus Colliade.

GENÈVE, (Hist. & Politiq.) Cette ville est située sur deux collines, à l’endroit où finit le lac qui porte aujourd’hui son nom, & qu’on appelloit autrefois lac Leman. La situation en est très-agréable ; on voit d’un côté le lac, de l’autre le Rhone, aux environs une campagne riante, des côteaux couverts de maisons de campagne le long du lac, & à quelques lieues les sommets toûjours glacés des Alpes, qui paroissent des montagnes d’argent lorsqu’ils sont éclairés par le soleil dans les beaux jours. Le port de Genève sur le lac avec des jettées, ses barques, ses marchés, &c. & sa position