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par-tout ailleurs, ils joüissent d’une entiere liberté, sans être troublés le moins du monde dans l’exercice de leur religion.

Les Gaures sont ignorans, pauvres, simples, patiens, superstitieux à divers égards, d’une morale rigide, d’un procédé franc & sincere, & du reste très-zélés pour leurs rites. Ils font profession de croire la résurrection, le jugement dernier, & de n’adorer que Dieu seul. Quoiqu’ils pratiquent leur culte en présence du feu, & en se retournant vers le soleil levant, ils déclarent hautement qu’ils n’adorent ni l’un ni l’autre ; mais que ces deux êtres étant les symboles les plus exprès de la divinité, ils l’adorent en se tournant vers eux, & s’y tournent toûjours par cette seule raison. Si vous desirez de plus grands détails, voyez les voyages de Thévenot, de Tavernier, & sur-tout Thomas Hyde, rel. vet. Pers. c. xxjv. Il n’est point de persan qui ait mieux connu que ce savant anglois la religion de Zoroastre. (D. J.)

Gaure, (Pays de-) Gaurensis ou Verodunensis comitatus, (Géog.) contrée de la Gascogne dans l’Armagnac, renfermant le petit pays de Lomagne, dont Verdun est la capitale : ce pays est séparé du haut Languedoc par la Garonne. Selon quelques géographes, c’est le pays des Garites de César ; d’autres prétendent que les Garites étoient dans le territoire de Lectoure. M. de Valois n’a osé prendre parti entre ces deux opinions : des savans plus téméraires ou plus éclairés, pourront décider. (D. J.)

GAUTE, s. f. (Comm.) espece de boisseau dont les Maures se servent en quelques endroits des côtes de Barbarie, particulierement les Anledalis, tribus de Maures qui ne sont pas éloignées du Bastion de France. Il faut trente gautes pour faire une mesure qui est d’un cinquieme plus grande que celle de Gennes. Dictionn. de Commerce, tome II. p. 1450.

GAUTIERS, s. m. pl. terme de Riviere, voyez Pertuis.

GAYAC, s. m. gayacum, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en-rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il s’éleve du fond du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit charnu & arrondi. Ce fruit renferme un ou plusieurs noyaux ovoïdes & revêtus d’une pulpe fort tendre. Plumier, nova plant. americ. gener. Voyez Plante. (I)

Gayac, (Botan. exot.) genre de plante dont la fleur est en rose, c’est-à-dire composée de plusieurs pétales disposés en rose. Du milieu du calice s’éleve un pistil qui se change ensuite en un fruit charnu & arrondi, plein d’un ou de plusieurs osselets en forme d’œufs, & enveloppés d’une pulpe très-tendre.

Le P. Plumier ne rapporte que deux especes de gayac, qu’il décrit dans son histoire manuscrite des plantes d’Amérique.

La premiere espece s’appelle gayac à fleurs bleues, dont le fruit est arrondi, guaiacum flore cerulæo, fructu subrotundo, Plum. nov. gen. 39. ou guaiacum tetraphyllum, fructu singulari, ejusdem histor. mss. 86. pruno vel evonymo affinis arbor, folio alato, buxeo, subrotundo ; flore pentapetalo, cerulæo, racemoso ; fructu aceris cordato, cujus cortex luteus, corrugatus, semen unicum, majusculum, nigricans, nullo ossiculo tectum operit. Sloane Cat. pl. Jamaïc.

Cette espece de gayac devient quelquefois un très-grand arbre ; quelquefois aussi n’est-il que médiocre ; différence qui procede de la fertilité du terroir où il croît. Son tronc est le plus souvent cylindrique ; mais ceux qui se trouvent dans l’île de Saint-Domingue, du côté du port de paix, ne sont pas tout-à-fait cylindriques ; car si on les coupe transversalement, leur section représente la figure d’une poire. Lorsqu’on regarde ces arbres de loin, ils ressemblent à nos chênes ; les jeunes sont couverts d’une écorce un peu ridée : ceux qui sont vieux ont l’écorce lisse, un peu

épaisse, & se séparant en des lames minces ; elle est variée, ou de couleur pâle, parsemée de taches verdâtres & grisâtres. Le tronc de cet arbre a peu d’aubier, qui est pâle ; le cœur est de couleur verte d’olive, foncée & brune ; son bois est très-solide, huileux, pesant, d’une odeur qui n’est pas desagréable ; d’un goût amer & un peu acre. Ses branches ont beaucoup de nœuds ; & le plus souvent elles sont partagées en deux petits rameaux aussi noüeux, lesquels portent à chaque nœud deux petites côtes opposées, longues d’environ un pouce, & chargées de deux paires de feuilles, savoir, deux feuilles à l’extrémité, & deux autres vers le milieu. Chaque feuille est arrondie, longue d’environ un demi-pouce, large presque d’un pouce, lisse, ferme, compacte comme du parchemin, d’un vert pâle ; elles ont dessous cinq petites nervures un peu saillantes ; elles n’ont point de queue, si ce n’est la côte commune sur laquelle elles sont rangées ; leur couleur est un peu rouge à l’endroit de leur attache ; leur goût un peu acre & amer.

Les fleurs naissent à l’extrémité des rameaux ; elles sont en grand nombre, entierement semblables & égales à celles du citronnier ; car elles sont composées de cinq feuilles de couleur bleue, disposées en rose sur un calice qui a aussi cinq feuilles verdâtres, du fond duquel s’éleve un pistil dont la figure est celle d’un cœur terminé en pointe, porté sur un pédicule un peu long. Ce pistil est accompagné d’environ vingt étamines bleues, qui ont chacune un petit sommet jaune : ce pistil devient dans la suite un fruit de la grandeur de l’ongle, charnu, qui a la figure d’un cœur, & un peu creusée en maniere de cuillier, d’une couleur de vermillon ou de cire rouge. Ce fruit renferme une seule graine dure, de la forme d’une olive, qui contient une amande plus petite que celle de l’olive, & enveloppée d’une pulpe fort tendre.

On trouve cet arbre à la Jamaïque, dans presque toutes les îles Antilles, & sur-tout dans celles de Saint-Domingue & de Sainte-Croix, & en général dans la partie de l’Amérique qui est située sous la zone torride.

La seconde espece de gayac du P. Plumier, se nomme gayac à fleurs blanches dentelées, dont le fruit est quadrangulaire, gayacum flore coerulæo, fimbriato, fructu tetragono, Plumier, nova plant. amer. jx. 39. ou guaiacum polyphyllum, fructu singulari, tetragono, ejusd. hist. mss. 87. hoaxacam seu lignum sanctum, Hernand. Les naturels d’Amérique le nomment hajacan, d’où est venu le nom de gayac qu’on lui donne en Europe.

Cette espece est moins haute que la précédente ; son bois est aussi solide & aussi pesant, mais de couleur de boüis : son écorce qui est un peu plus épaisse, est noirâtre en-dehors, parsemée de plusieurs taches grises & sillonnées de rides réticulaires & transversales ; elle est pâle au-dedans, & d’un goût legerement amer.

Ses branches sont disposées de la même maniere que dans la premiere espece ; elles sont de même noüeuses, & portent quatre ou cinq paires de feuilles plus minces, plus petites, & plus pointues, sur-tout les jeunes, soûtenues sur des côtes très-minces, vertes, & longues d’environ deux pouces.

Les fleurs sont entierement semblables & égales à celles de la premiere espece ; mais elles sont bleues & un peu dentelées. Les fruits sont de couleur de cire, quadrangulaires comme ceux de notre fusain, partagés intérieurement en quatre loges, dans chacune desquelles est contenue une seule graine osseuse, rouge, qui a presque la figure d’une olive.

Cette seconde espece de gayac est très-fréquente dans l’île de Saint-Domingue, aux environs du port de Paix. Ces arbres fleurissent au mois d’Avril, & donnent des fruits mûrs au mois de Juin.