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vacation advenant de l’office de chancelier, il demeureroit uni à celui de garde des sceaux, sans aucunes lettres de confirmation ni de provision ; il en fit le serment entre les mains du roi le 16 du......

Du Vair ayant fait présenter ses lettres au parlement de Paris, elles y furent vérifiées & registrées le 17 Juin 1616, sans approbation de la clause d’y présider, quoique pareille clause y eût été passée autrefois sans difficulté aux offices des garde des sceaux Bertrandi & de Biragues. Il ne laissa pourtant pas nonobstant cette modification d’y prendre la place des chanceliers aux piés du roi, au lit de justice tenu le 7 Septembre suivant, lors de l’arrêt de M. le Prince ; d’y recueillir les voix & opinions, & d’y prononcer comme président : mais en entrant dans la grand-chambre avant le roi, il ne se plaça point dans le banc des présidens ; il alla tout droit s’asseoir dans la chaire des chanceliers.

Le 25 Novembre suivant, il remit les sceaux au roi ; il ne laissa pas de faire présenter ses lettres de provisions à la chambre des comptes de Paris, pour valider les payemens qu’il avoit reçus de ses gages. Elles y furent registrées sans approbation de la clause de présider en toutes cours. Les sceaux lui furent rendus le 25 Avril 1617 ; il les garda jusqu’au jour de son décès, arrivé le 3 Août 1621.

Le même jour qu’il remit les sceaux, c’est-à-dire le 25 Novembre 1616, Claude Mangot, conseiller & secrétaire d’état, fut pourvû de l’office de garde des sceaux de France, comme vacant par la démission volontaire du sieur du Vair, pour le tenir & exercer aux mêmes honneurs, autorités, & droits, dont lui & les autres gardes des sceaux de France avoient joüi. Ses provisions contenoient les mêmes clauses que celles de son prédécesseur, à l’exception toutefois du droit de présider au parlement ; & il fut dit que c’étoit sans diminution des droits, gages, états, & pensions, tant du garde des sceaux du Vair, que du chancelier de Sillery que S. M. vouloit leur être continués leur vie durant. Il prêta serment le 26 Novembre, & quelque tems après fit présenter ses lettres au parlement, où elles furent vérifiées le 17 Décembre de la même année, après néanmoins qu’on eut député le doyen du parlement, rapporteur de ces lettres, & quelques autres conseillers, vers le sieur du Vair, pour apprendre de sa bouche la vérité de sa démission.

Le sieur Mangot garda les sceaux jusqu’au 24 Avril 1617 ; le maréchal d’Ancre ayant été tué ce jour-là, le sieur Mangot qui tenoit le sceau chez lui, fut mandé au louvre, où il remit les sceaux au roi ; le lendemain le roi les renvoya au sieur du Vair par le sieur de Lomenie secrétaire d’état, avec de nouvelles lettres de déclaration & de jussion datées du 25 du même mois, par lesquelles S. M. déclaroit que « son intention étoit que le sieur du Vair exerçât la charge de garde des sceaux, & en joüît pleinement & entierement avec tous les honneurs, autorités, &c. à icelle appartenans, en vertu de ses premieres lettres de provision, nonobstant toutes autres lettres contraires : mandant S. M. aux gens de son parlement, chambre des comptes, &c. de faire lire, publier, & registrer, si fait n’avoit été, lesdites lettres de déclaration & provision, & d’obéir audit sieur du Vair ès choses touchant ladite charge de garde des sceaux ». Et alors lesdites provisions furent purement & simplement registrées sans modification, pour en joüir suivant lesdites lettres de déclaration, qui furent lûes & publiées le dernier Juillet suivant.

Le chancelier de Sillery ayant été rappellé par le roi dans le même mois d’Avril 1617, pour présider dans ses conseils, le garde des sceaux du Vair lui laissa par honneur la réception des sermens des conseillers

du grand-conseil, & retint la signature des arrêts, conjointement avec lui ; & comme les guerres civiles qui affligeoient alors la France, obligerent le roi de faire plusieurs voyages dans les provinces les plus éloignées, le garde des sceaux suivoit & présidoit au conseil qui étoit à la suite de S. M. & le chancelier qui étoit demeuré à Paris, présidoit au conseil des parties & des finances, sans toutefois avoir eu aucun pouvoir ni commission expresse pour cela, comme il s’étoit pratiqué autrefois. Les arrêts qui se rendoient dans les conseils tenus à Paris, étoient scellés du sceau de la chancellerie du palais, en l’absence du grand sceau qui étoit près de S. M. L’union de la couronne de Navarre ayant été faire à celle de France, la charge de chancelier de Navarre fut supprimée ; il est probable que ce fut aussi alors que l’on cessa d’user d’un sceau particulier pour la Navarre.

Au lit de justice tenu par le roi au parlement de Paris le 18 Février 1620, pour la publication de quelques édits, le garde des sceaux du Vair recueillit les opinions, comme il avoit fait en 1616. Il fit aussi la même fonction au lit de justice tenu à Rouen le 11 Juillet 1620, & à celui tenu à Bordeaux le 8 Septembre de la même année.

Le garde des sceaux du Vair mourut le 3 Août 1621, étant à la suite du roi au siége de Cleirac. Le sieur Ribier, conseiller d’état, son neveu, s’étant trouvé près de lui, porta les sceaux à Sa Majesté, qui les donna à Charles d’Albert, duc de Luynes, pair & connétable de France, lequel étoit alors chef du conseil du roi. Il les garda jusqu’à son décès, arrivé le 15 Décembre suivant. Il scelloit ordinairement en présence des conseillers d’état qui étoient près de Sa Majesté. L’adresse des lettres qu’on avoit coûtume de faire au chancelier ou au garde des sceaux, se faisoit au connétable, quelquefois avec la qualité de tenant le sceau du roi, ou bien ayant la garde des sceaux du roi ; & d’autres fois sans l’y mettre. Il recevoit les sermens avec telle plénitude de fonction pour ce regard, qu’un officier qui se trouva à Paris, voulant y prêter serment entre les mains du chancelier de Sillery, fut obligé d’obtenir des lettres, non-seulement de simple relief d’adresse, mais de commission particuliere pour recevoir ce serment ; & le danger des chemins pendant la guerre, servit de prétexte pour obtenir ces lettres, & pour dispenser l’impétrant d’aller prêter le serment entre les mains du connétable.

Après la mort du connétable, arrivée le 15 Décembre 1621, le roi tint le sceau en personne, & fit sceller diverses fois en présence de son conseil, jusqu’au 24 du même mois, qu’étant alors à Bordeaux, il donna les sceaux à Meric de Vic, Seigneur d’Ermenonville, conseiller d’état, & intendant de justice en Guienne. Les lettres de don ou provision de l’office de garde des sceaux, vacant par la mort de Guillaume du Vair, sont datées du 24 Décembre 1621. Elles contenoient presque les mêmes clauses que celles dudit du Vair, à l’exception seulement de la clause contenant droit de succéder en la charge de chancelier, vacation avenant, & de celle de présider & avoir la surintendance de la justice du royaume ; où on ajoûta que ce seroit seulement en l’absence du chancelier de Sillery, auquel S. M. réservoit tous les honneurs & prééminences qui lui appartenoient, tout ainsi qu’il en avoit joui depuis la promotion dudit du Vair.

Le sieur de Vic conserva les sceaux jusqu’à son décès, qui arriva le 2 Septembre 1622. Les sceaux furent portés au roi par l’abbé du Bec, fils du sieur de Vic. Le roi, en attendant qu’il eût choisi un autre garde des sceaux, commit verbalement les sieurs de Caumartin, de Preaux, de Léon, & d’Aligre, conseillers au conseil d’état ; & les sieurs Godard &