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Monstrelet au troisieme volume, en parlant des entrées faites par le roi Charles VII. à Roüen & à Bordeaux.

On trouve ailleurs que quand le chancelier alloit en voyage, c’étoit le chauffe-cire qui portoit le scel royal sur son dos, ainsi qu’il est dit dans un hommage rendu par Philippe archiduc d’Autriche, au roi Louis XII. le 5 Juillet 1499, pour les comtés de Flandre, Artois & Charolois.

Présentement le roi donne pour renfermer les sceaux un grand coffre couvert de vermeil, lequel est distribue en trois cases, contenant chacune une petite cassette fermante à clef.

La premiere qui est couverte de vermeil renferme le grand sceau de France & son contre-scel.

La seconde qui est couverte de velours rouge, parsemée de fleurs-de-lys & de dauphins de vermeil, contient le sceau particulier dont on use pour la province de Dauphiné, & son contre-scel.

La troisieme cassette contenoit le sceau & le contre-sceau de l’ordre de S. Louis, établi en 1693 ; mais présentement cette cassette est vuide, les sceaux de cet ordre ayant été donnés en 1719 au chancelier garde des sceaux créé pour cet ordre, par édit du mois d’Avril de la même année.

Comme il n’y a plus que les deux premieres cassettes qui servent, le garde des sceaux pour les transporter plus facilement, a fait faire un petit coffre de bois dans lequel ces deux cassettes sont renfermées ; & lorsqu’il marche par la ville ou qu’il va en voyage, il fait toujours porter avec lui ce coffre dans son carrosse.

Ce fut vers le commencement de la troisieme race que le nombre des sceaux du roi fut multiplié, que le roi garda lui-même depuis ce tems son petit scel ou anneau, qu’on appelloit le petit signet du roi, dont il scelloit lui-même toutes les lettres particulieres qui devoient être closes ; & au lieu de ce scel ou anneau, on donna au chancelier ou au garde des sceaux d’autres sceaux plus grands, pour sceller les lettres qui devoient être publiques, & que par cette raison l’on envoyoit ouvertes, ce que l’on a depuis appellé lettres-patentes.

Le premier exemple que j’aye trouvé de ces grands sceaux, est dans une charte du tems de Louis-le-Gros, datée de l’an 1106, pour l’égl se de S. Eloy de Paris ; elle est scellée de deux grands sceaux appliqués sur le parchemin de la lettre : dans l’un le roi est assis sur son throne, dans l’autre il est à cheval, & à l’entour sont écrits ces mots, Philippus gratiâ Dei Francorum rex ; ce qui prouve que ces sceaux étoient en usage dans le tems de Philippe I.

Depuis que l’on se servit ainsi de plusieurs sceaux, il étoit naturel que celui qui en étoit dépositaire fût appellé garde des sceaux ; cependant on continua encore long-tems à l’appeller simplement garde du scel royal, comme si le scel du roi étoit unique ; ce qui feroit croire que le second sceau dont on a parlé, représentant le roi à cheval, n’étoit autre chose que le revers du premier sceau : mais on n’étoit point encore dans l’usage d’appliquer ce second sceau par forme de contre-scel, c’est-à-dire, derriere le premier.

Le scel fabriqué du tems de Philippe I. étant beaucoup plus grand que le sceau ou anneau dont on s’étoit servi jusqu’alors, fut surnommé le grand scel, & celui qui en étoit chargé étoit quelquefois appellé le porteur du grand scel du roi.

Cette distinction du grand scel fut sans doute établie, tant à cause du cachet ou sceau privé du roi, qu’à cause du contre-scel ou scel secret, qui fut établi sous Louis VII. & qui étoit porté par le grand chambellan.

La chancellerie étoit vacante en 1128, suivant une charte de Louis-le-Gros pour S. Martin-des-Champs,

à la fin de laquelle il est dit cancellario nullo ; ce qui peut d’abord faire penser qu’il y avoit

alors quelqu’un commis pour tenir le grand scel du roi, mais il n’en est point fait mention ; & il est plûtôt à croire que pendant cette vacance le roi tenoit lui-même son sceau, comme plusieurs de nos rois l’ont pratiqué en pareille occasion. On trouve plusieurs chartes du douzieme siecle, que les rois faisoient sceller en leur présence, & à la fin desquelles il y a ces mots, data per manum regiam vacante cancellaria ; ce qui fait de plus en plus sentir la dignité attachée à la fonction de garde des sceaux, puisque nos rois ne dédaignent point de tenir eux-mêmes le sceau en certaines occasions.

La chancellerie étoit dite vacante lorsqu’il n’y avoit ni chancelier ni garde des sceaux.

Hugues de Chamfleuri fut nommé chancelier de France en 1151, mais sa disgrace le fit destituer de cet office ; de sorte que la chancellerie vaqua durant les années 1172, 1173, 1174, 1175, 1176 & 1177. Il paroît néanmoins que Hugues fut rétabli dans ses fonctions en 1175, qui est l’année de sa mort.

La chancellerie vaqua encore en 1179, comme il paroît par un titre du cartulaire de S. Victor.

Elle vaqua pareillement durant tout le regne de Philippe-Auguste, si l’on en excepte les années 1180 & 1185, où il est parlé de Hugues de Puiseaux en qualité de chancelier, l’année 1201, où Gui d’Athies vice-chancelier pendant la vacance de la chancellerie, fit la fonction de garde des sceaux, & les années 1203, 1204, 1205. & 1207, ou frere Guerin, chevalier de l’ordre de S. Jean de Jérusalem, fit la même fonction de garde des sceaux, vacante cancellariâ ; il fut depuis élevé à la dignité de chancelier dont il releva beaucoup l’éclat.

Il paroît par une charte de l’année 1226, qui est la premiere du regne de S. Louis, que frere Guerin faisoit encore les fonctions de chancelier : mais depuis il n’y en eut point pendant tout le regne de S. Louis ; il se contenta de commettre successivement différentes personnes à la garde du sceau.

Suivant une cédule de la chambre des comptes au mémorial A, qui est sans date ; & une autre cédule au mémorial E, fol. 132. Philippe d’Antogny portoit le grand scel du roi S. Louis : il prenoit pour soi, ses chevaux & valets à cheval, sept sous parisis par jour pour l’avoine & pour toute autre chose, excepté son clerc, & son valet qui le servoit en la chambre, qui mangeoient à la cour ; & leurs gages étoient doubles aux quatre fêtes annuelles.

La derniere des deux cédules dont on vient de parler, fait aussi mention de Philippe de Nogaret qui portoit le grand scel du roi.

Nicolas, doyen & archidiacre de Chartres, chapelain & conseiller du roi S. Louis, fut choisi en 1249 pour porter le sceau du roi dans le voyage de la Terre-Sainte ; il mourut en Egypte après la prise de Damiete, en 1250.

Gilles, archevêque de Tyr en Phénicie, aussi conseiller du roi S. Louis, avoit la garde du sceau de ce prince en 1253, comme on l’apprend de l’histoire de Joinville, & de la vie de S. Louis écrite par Guillaume de Nangis.

Raoul de Pitis, doyen de S. Martin de Tours, fut fait garde des sceaux au retour de la Terre-Sainte, & évêque d’Evreux en 1256 ; il fut cardinal & légat, & moutut l’an 1270 : il se trouve un titre pour l’abbaye de S. Remi de Reims, scellé par lui, où on lit ces mots : & has litteras dominus episcopus ebroicensis, tunc decanus turonensis, sigillavit.

Plusieurs titres de S. Denis & du prieuré de S. Sauveur-lez-Bray sur Seine, font mention que la chancellerie vaqua en 1255 & 1258.

Mais dans cette même année 1258, Raoul de