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quoi on adaptera le dôme après le cercle ou couronne B1. On met les vaisseaux cémentatoires sur la troisieme grille. On peut examiner les degrés du feu par la porte du cercle. Dans ce cas on se sert du pié-d’estal en trépié. On peut gouverner la flamme par le regître du dôme. On met les charbons par la porte du corps ; ainsi la flamme surpasse la grille la plus haute, leche & rougit les vaisseaux que cette grille soûtient. Si la matiere à cémenter, à reverbérer, ou à calciner étoit volatile, & qu’on voulût en retenir la partie la plus subtile & la plus mobile, il faudroit mettre au regître du dôme des vaisseaux sublimatoires, comme on en voit dans la figure. On voit évidemment l’utilité qu’on peut retirer d’une opération qui se fait sur un corps qui demande la troisieme grille & le dôme. On peut encore essayer & réduire des mines dans des petits pots de cémentation, avec le flux noir ou un autre, à l’imitation des Métallurgistes. On peut mettre plusieurs vaisseaux en même tems dans ce fourneau.

Le second cercle B2 s’ajuste avec le corps, de la même maniere que le cercle B1 ; avec cette différence qu’on n’employe ni la troisieme grille, ni le dôme. On a par ce moyen trois bains secs, à l’aide desquels on peut distiller dans des cornues de verre non lutées, sans observer les degrés de feu. Et il ne faut pas craindre malgré cela qu’elles se brisent. On peut même pousser le feu au point de les faire fondre, pourvû qu’elles restent dans leur entier ; l’opération n’en est pas moins sûre, & elle en va plus vîte ; car il ne faut que trois heures pour l’achever. Beccher dit qu’une pareille opération avoit été admirée du roi d’Angleterre, qui l’avoit vûe avec le prince Rupert ; qu’il avoit fait quantité d’expériences par cette méthode ; qu’en étoit surpris qu’il les fît avec tant d’exactitude en si peu de tems, avec si peu de dépense & de charbon ; & qu’il lui eût été impossible de s’en tirer à l’aide de son fourneau, de quelque genre qu’elles eussent été. On peut examiner les retortes tant qu’on veut, en levant le couvercle des bains secs. Tout ce cercle est aussi de fer avec les bains, mais il n’est pas couvert d’un garni en-dedans ; parce qu’il n’exige pas un si violent feu. Les trois petits couvercles qu’en voit dessus, ferment autant de regîtres. On en voit un quatrieme ouvert.

Le troisieme cercle dont parle Beccher, & qu’il représente même, est un chauderon de cuivre ou de laiton, qui ne differe en rien quant à sa figure du cercle B1. II sert pour les décoctions différentes, l’extraction, l’évaporation, l’inspissation. On l’ajuste à l’orifice du corps, dont on ouvre la porte pour laisser sortir les vapeurs ignées ; c’est aussi par-là qu’on jette les charbons sur la 1ere ou 2e grille. Ainsi l’on voit que ce chauderon doit avoir les mêmes dimensions, du-moins du côté du diametre, que le cercle B1, pour s’appuyer sur les bords du corps sans y entrer. Le corps du fourneau alors est porté sur son trépié. On peut de même employer pour toute sorte de décoctions un feu de la force requise. D’ailleurs si l’on a travaillé tout le jour, il conserve sa chaleur toute la nuit, & l’on peut en profiter pour la digestion de quelque corps, en y mettant un bain-marie, ou de cendre, ou de sable. Si on met la troisieme grille dans le cercle B1, sur ce cercle le vaisseau digestoire dont nous avons parlé, & si on introduit une lampe par la porte de ce cercle, on a un très-bon fourneau de lampe. Quelques artistes, comme le docteur Dinckinson, se sont fait construire ce fourneau pour faire des digestions seulement, parce qu’ils le trouvoient très-propre à ces sortes d’opérations.

Le quatrieme cercle dont parle Beccher, & qu’il représente aussi, est une capsule de plomb, aussi semblable au chauderon & au cercle B1 ; elle est conséquemment à large fond ; elle est garnie d’un alembic

d’étain, ayant à-peu-près la même forme que les cucurbites qu’on vendoit publiquement à Londres de son tems. Celles du nôtre peuvent y aller tout de même. Cette capsule distillatoire se met sur le corps immédiatement. On donne le feu, comme on l’a dit, au sujet du chauderon digestoire ; & l’on peut ainsi distiller très-commodément au-bain-marie des eaux de toute espece, qui demandent cet intermede ; telles que les eaux & les huiles essentielles des plantes aromatiques, &c. On peut encore dissoudre avec cet appareil l’or des sables qui en contiennent, & autres corps dont Glauber fait mention, & dit qu’il retiroit son dissolvant. Ce quatrieme cercle n’est pas si bon qu’un chauderon de cuivre. Il n’a nul avantage qui doive le faire préférer, & il peut être sujet à un inconvénient qui doit le faire rejetter : c’est celui de se fondre.

Le cinquieme cercle est une forte poêle de fer qu’on met sur le corps monté sur le trépié. On allume le feu sur la premiere ou seconde grille. Par ce moyen on peut ensoufrer & calciner pour la vitriolisation, faire des cendres d’étain & de plomb pour le minium, l’ochre & la litharge, décrépiter du sel marin, sécher la frite, fondre de l’alun, calciner du vitriol, & faire plusieurs autres opérations qui demandent un feu plus fort ; telles, par exemple, que celles qui conduisent à la vitriolisation & à la mercurification des métaux & minéraux. Toutes ces préparations peuvent être exécutées très-commodément avec cette méthode.

Jusqu’ici nous avons donné les usages raisonnés du dôme & des cinq cercles, ou plûtôt cinq corps ou vaisseaux dont il étoit inutile de représenter les trois derniers que tout le monde connoît ; nous avons aussi parlé assez en général du corps du fourneau, & spécialement de ses trois grilles ; actuellement nous allons l’examiner en particulier. Il ne varie point, il est toûjours le même pour tous les appareils. Il ne sert qu’à une seule opération, c’est la fusion, qui se divise en deux especes : car il faut remarquer qu’il s’en fait avec & sans grille, avec & sans creuset, ce qui peut s’exécuter supérieurement dans le corps C. Dans ces deux cas, il ne faut ni le dôme, ni le cercle B1. Le corps sera ouvert par le haut & par le bas, il n’aura que le pié-d’estal D1 avec le soufflet portatif monté sur son chassis. Si l’on veut fondre d’abord dans le creuset, il faut le mettre sur la grille du milieu, ou quelque massif de fer, ou un morceau de pierre apyre, dont la largeur sera déterminée par celle du pié du creuset ; car il ne faut pas qu’il soit à nud sur la grille, il se refroidiroit. Le creuset étant couvert, ou avec du fer ou de la terre, jettez les charbons dessus, & faites joüer le soufflet, après avoir préalablement fermé la porte du corps : & la matiere se fondra ; pourvû toutefois que le soufflet soit animé par une puissance active. Il y a trois avantages à considérer dans cette méthode. 1°. L’air ou la colonne supérieure de l’atmosphere ne peut frapper le creuset, ni conséquemment le casser, comme il arrive communément à ceux qui fondent le fer ; & l’on peut régler le feu à volonté : cela dépend du jeu qu’on donne au soufflet ; ce qui est impossible dans les fourneaux à vent. 2°. S’il arrive que le creuset flue, la matiere tombe dans le pié-d’estal D1, & n’est pas perdue. 3°. On peut toûjours regarder dans le creuset pour examiner le progrès de l’opération, & remuer la matiere ; & l’on peut modérer le feu aisément par la facilité qu’on a de ne mettre que si peu de charbon qu’on veut, beaucoup mieux que dans les fourneaux de Glauber, ou semblables.

En second lieu, si l’on veut fondre sans creuset & sans grille, comme en Métallurgie, on ne sauroit avoir d’appareil qui remplisse mieux ces vûes ; & c’est même un très-bon moyen de faire un essai