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sur l’origine du fourneau anglois : il rapporte, page 114. de l’édition publiée par M. Hellot, qu’on prétend qu’il a été inventé vers l’an 1698 par un medecin chimiste nommé Wrigth : mais ce medecin n’en a pu faire qu’une application à la fonte des mines de plomb & de cuivre d’Angleterre ; puisque le fourneau pour la fonte des cloches qui lui est absolument semblable, est très-ancien & remonte peut-être à quelques milliers d’années. Il est vrai qu’on n’en trouve point dans Agricola ; mais Biringuccio, auteur italien traduit en françois par Vincent en 1572, l’a figuré & décrit de plusieurs façons. Voyez cet auteur, p. 121. il l’appelle fourneau de réverbere. Wrigth tout au plus y a ajoûté la cheminée d’après les tuyaux des poêles & des fourneaux de fusion.

La fig. 22. représente un fourneau à vent à affiner l’argent dans un test sous une moufle ; cette figure est de M. Cramer, & se trouve aussi dans Schlutter : on s’en sert au hartz. On construit plusieurs de ces fourneaux le long d’un mur sur un foyer commun qui non-seulement sert de support, mais encore de tuyaux pour le jeu de l’air : pour cela on y fait des fentes étroites, comme on voit en e pour le passage de l’air ; ces fentes commencent des le pavé, & sont hautes de trois piés, comme le foyer ou support. Comme ces fourneaux sont à côté les uns des autres, l’air de chaque soupirail est conduit à leurs foyers par deux tuyaux tant d’un côté que de l’autre ; de sorte qu’un fourneau reçoit par quatre tuyaux l’air de deux soupiraux. Du fond de chaque fourneau s’éleve un tuyau de respiration qui a sa sortie près du mur & par-dessus le fourneau, comme on le voit en f ; à cela près que cette sortie est au milieu du dôme, & doit être par le côté ; les bases de ces fourneaux sont construites en briques ; ils le sont aussi en partie, & peuvent l’être en entier : mais on fait ordinairement leur dôme en terre, comme on le voit en B. Chacun d’eux a par le bas un pié huit pouces de large, & la même étendue en long, quand ils sont fermés par des briques ; leur hauteur est de deux piés, & ils se resserrent vers le haut, où il ne reste qu’onze pouces de large sur quinze pouces de long. Le devant demeure ouvert jusqu’à ce que le test & sa moufie y soient placés, comme on le voit en A, qu’on a représenté ouvert : alors on le ferme avec de méchantes briques, & on ne laisse d’ouvert que l’embouchure ; ou bien on y fait une très-grande porte en tôle g, comme en B, à laquelle on fait un petit guichet h pour le besoin. Le dôme est encore garni d’une autre porte i, roulant sur des gonds, comme la premiere, qui est l’œil du fourneau & l’endroit par où l’on jette le charbon : on arme ces fourneaux de cercles de fer & de plaques ; sans quoi il faudroit les rétablir souvent. Les poêles où l’on fait les tests sont de fer à l’ordinaire, & les moufles sont sans sol. Voyez ces articles.

Des fourneaux de verrerie. Nous n’entendons par-là que ceux qui peuvent être de notre plan, ou entrer, comme nous l’avons déjà répété plusieurs fois dans d’autres occasions, dans le laboratoire du chimiste. Ces sortes de fourneaux ne sont, à proprement parler, que des fourneaux de fusion ; la vitrification n’étant elle-même qu’une fusion, mais une fusion qui demande un degré de feu supérieur à celle des métaux. Cette nuance n’a pu nous déterminer à faire un article séparé des fourneaux de vitrification dont nous avions à parler ; on les a trouvés à la fin de la section des fourneaux de fusion : ce sont ceux du commercium litterarium, fig. 37. n°. 1. celui de M. Pott, fig. 38. & celui de M. Cramer, fig. 39-44 : on peut encore y ajoûter le fourneau de fusion, fig. 26.

Des athanors. Nous en avons représenté quatre dans nos Planches ; le premier est la fig. 56-60. celui de M. Cramer : le second est la figure 61. qu’on voit

chez M. Roüelle : le troisieme est la fig. 62. dont M. Maloüin a donné la description, art. athanor : & le quatrieme, celui de Rupescissa, qui n’est qu’un fourneau philosophique : nous parlerons de celui-ci en son lieu, & nous donnerons en même tems quelques remarques sur le mot athanor.

L’athanor, le fourneau de la paresse, acedia en latin, tiré du grec ἀκηδὴς, ou qui ne donne aucun soin, est un fourneau où l’on entretient du feu long-tems. On construit 1°. avec des pierres capables de résister à un violent feu de fusion, une tour quarrée, (fig. 56. a a a a), dont les murailles épaisses chacune de six pouces, en doivent avoir dix de large dans œuvre, bbbb. On la fait plus ou moins haute, suivant le tems qu’on veut que le feu dure sans être obligé de lui donner de nouvel aliment ; on lui donne pour l’ordinaire cinq ou six piés de haut. 2°. Dans la partie la plus inférieure de cette tour, on fait une ouverture quarrée c, large & haute de six pouces, qu’on ferme exactement à l’aide d’une porte de fer roulant sur deux gonds, excédant le soupirail d’un pouce dans tout son contour, & reçûe dans une feuillure ou entaille à angles droits, large aussi d’un pouce, pratiquée tout-autour du bord extérieur du même soupirail. 3°. A dix pouces au-dessus du sol de la tour, on place une grille d, faite de plusieurs barres de fer d’un pouce d’équarrissage, & éloignées de trois quarts de pouce les unes des autres. On les dispose en losange, ou de façon que deux des angles d’une barre, sont opposés à ceux des deux autres barres au milieu desquelles elle est, & que les deux autres sont tournés l’un vers la partie supérieure de la tour, & l’autre vers l’inférieure. Cette disposition sert à favoriser la chûte des cendres. 4°. Immédiatement au-dessus de la grille on fait une autre ouverture e, arquée, large de sept pouces, & haute de six, garnie, comme le soupirail, d’une porte de fer suspendue sur deux gonds ; cette porte sera munie intérieurement de crochets de fer & d’un rebord qui remplira exactement l’ouverture de la tour, afin qu’elle puisse soûtenir le lut qui la doit garantir de l’action du feu. 5°. On ferme le sommet de la tour avec un couvercle ou dôme de fer f, garni d’une anse, & excédant l’ouverture de la tour de deux pouces dans tout son contour. On fait ce dôme d’une tôle épaisse, dont on forme une pyramide creuse, quarrée, ouverte par sa base, & se terminant par un bord presque tranchant qui est reçû dans une feuillure ou rainure d’égal contour, pratiquée dans le bord intérieur de la partie supérieure de la tour : telle est la construction de la principale partie de ce fourneau.

6°. Un pouce & demi ou deux pouces au-dessus de la grille d, on fait à la muraille droite de la tour une ouverture rectangle biaise, c’est-à-dire allant en montant du dedans de la tour en-dehors, gg, haute de quatre pouces & demi sur dix de large. Cette ouverture est faite pour établir une communication entre la tour & la cavité dont nous allons parler.

On construit donc cette cavité ou chambre tout contre la muraille percée de la tour : on la fait de pierre & de façon que sa partie inférieure est un prisme creux hhhh, haut de six pouces, long & large de douze, terminé par une voûte ii, décrivant un arc de cercle de six pouces de rayon ; ensorte que la hauteur du milieu de la chambre est en tout de douze pouces ; elle doit être totalement ouverte antérieurement, & garnie d’une porte de fer K, (fig. 59.) au moyen de laquelle on la ferme exactement. La surface intérieure de cette porte sera couverte d’un garni de deux pouces d’épais, qui sera soûtenu, comme nous l’avons dit en parlant de la porte du fourneau de fusion, & même de celle de la bouche du feu de la tour. Au milieu de cette