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qu’il a brûlé, ou bien même avant qu’il fût allumé, & qu’il a laissé conséquemment des vuides entre la moufle & les parois du fourneau : ainsi on les fera tomber à l’aide d’une petite baguette de fer qu’on introduira par l’œil du fourneau. S’il arrivoit que le feu fût plus fort d’un côté de la moufle que de l’autre, on pourroit le diminuer incontinent, si on le jugeoit à-propos, avec un instrument ou regître. On saura en général qu’on n’aura promptement un degré de feu égal & convenable, qu’autant qu’on aura la précaution d’ôter les cendres & de nettoyer le foyer avant que d’y mettre le charbon. Voyez Essai, Moufle, &c.

Des fourneaux d’affinage & de raffinage. Les fourneaux qui servent à ces deux opérations sont exactement les mêmes ; ce sont ceux que nous avons représentés fig. 17. 18. 19. 20. 21. & 22.

Un fourneau d’essai est bien certainement un fourneau qui peut servir à l’affinage & au raffinage de l’argent ; mais il n’est pas fait pour qu’on y en puisse traiter une grande quantité à-la-fois : ce n’est pas que notre dessein soit de parler de l’appareil en grand qui sert à ces sortes d’opérations ; il n’entre point dans notre plan : mais nous allons donner les fourneaux qui peuvent être nécessaires au chimiste, qu’on trouve dans les monnoies & chez les Orfevres, & qu’un essayeur ne peut se dispenser d’avoir. Nous n’avons point parlé des fourneaux de liquation qui auroient dû précéder ceux-ci, non-seulement parce qu’ils demandent une grande suite de fourneaux, mais encore parce que cette opération regarde strictement les travaux en grand. On ne liquéfie l’œuvre ou plomb chargé de l’argent du cuivre, qu’après l’avoir fondu avec ce cuivre dans un fourneau à raffraîchir ; après quoi on le passe au fourneau de liquation, puis à celui de l’affinage ; pendant que d’un autre côté on desseche les pieces de liquation dans un fourneau de ressuage : toutes opérations qui sont du ressort de la Métallurgie. Dans les essais on détruit le cuivre, & on a d’ailleurs tous les jours beaucoup d’argent allié, de la vaisselle, &c. à affiner & raffiner, comme à départir.

Le fourneau (fig. 17 & 18.) est tiré de Schlutter : cet auteur rapporte qu’en Bohème, en Saxe, en Hongrie, & ailleurs, les fourneaux d’affinage sont construits à-peu-près comme une forge ; mais cette forge est couverte d’une voûte au milieu de laquelle il y a une cheminée, au-dessous est un arceau sur lequel se trouvent deux foyers pour deux tests ou coupelles ; chacun de ces foyers a quatre piés de long sur trois piés & demi de large : à côté est un mur à-travers lequel passent deux tuyaux de cuivre jaune, venant du soufflet, & c’est sur ce mur que la voûte est portée. Ce mur h, k (voyez la coupe & l’élévation) se fend en deux ou est creusé de chaque côté vis-à-vis les tuyaux du soufflet, pour pouvoir toucher à leurs robinets, & donner le vent du côté qu’il est nécessaire. Le soufflet qui est de bois, est monté sur son chassis ; on en tire la brimbale avec le pié : le vent de ce soufflet entre dans un porte-vent ou boîte de bois qui reçoit les deux tuyaux qui vont aux deux foyers. Comme il n’y a qu’un test occupé à-la-fois, on ferme exactement le canal de l’autre.

Les fig. 19-21. représentent un fourneau dont Schlutter se dit l’inventeur, & prétend n’en avoir pas vû de semblable ; il est vrai qu’on n’avoit pas encore appliqué le fourneau à fondre les canons, ou prétendu anglois, à l’affinage de l’argent ; mais il n’en existoit pas moins, & celui de Schlutter, à ce que je pense, n’en differe pas beaucoup, s’il n’est pas tout-à-fait le même, comme on va le voir. Ce fourneau se chauffe avec le bois ; il est construit en briques, & le sol en est élevé de trois piés, avec un cendrier de même hauteur à l’un de ses côtés : on pla-

ce la grille au haut du cendrier, ou plûtôt un peu au-dessous du sol du fourneau, comme on peut la voir en b, fig. 19. C’est sur cette grille qu’on fait le feu, qui par conséquent se trouve à l’un des côtés du fourneau, le test ou coupelle étant à l’autre. L’endroit où se met le bois, & qui est séparé du sol en-bas par un petit mur, s’appelle la chauffe. La chauffe & le sol ou coupelle sont couverts d’une voûte commune c, fig. 19. Il y a devant le test une ouverture c (fig. 21.), en-travers de laquelle on met quelques barres de fer qui servent à faire entrer & sortir le test : quand il est placé, on ferme cette ouverture avec des briques, & on n’y laisse qu’une petite embouchure, comme on le voit même fig. 21. il y a pour mettre le bois dans la chauffe b, fig. 20. une autre ouverture a, qu’on ferme avec une porte de fer chaque fois qu’on y a jetté du bois. On place une plaque de fer fondu e, au-devant de ce fourneau ; & près du test d, (fig. 20.) on ménage dans l’intérieur du mur f, un tuyau pour la sortie de la flamme, f, fig. 21. La maçonnerie extérieure du fourneau a cinq piés de long & trois piés quatre pouces de large, y compris la plaque de fer. Le fourneau anglois est aussi plus long que large, & cela avec d’autant plus de raison que le sol en est ovale, au lieu qu’ici le sol ou la coupelle sont ronds. Le dedans est de deux piés de long sur un pié & demi de large. La grille de la chauffe a neuf pouces de large sur un pié six pouces de long. Le petit mur c, (fig. 19.) n’est guere élevé que de l’épaisseur d’une brique ou deux tout-au plus, parce que l’élévation de la chauffe doit se prendre sur le cendrier pour la place de la quantité de bois nécessaire : au reste, la grille b, (fig. 20.) est composée de barres de fer isolées & portées sur deux autres plus grosses posées en-travers dans des mortaises qui doivent avoir huit ou dix pouces de haut, afin qu’on puisse élever la grille ou la baisser à volonté, suivant la quantité qu’il faudra d’aliment au feu, & la nature de cet aliment. La voûte qui couvre tout ce fourneau ne doit être élevée que de quinze pouces ; mais cela doit s’entendre depuis la grille b, (fig. 19.) jusqu’à la voûte qui est immédiatement au-dessus ; car elle ne doit pas faire l’arc comme en e, mais aller toûjours en baissant jusqu’en f, commencement de la cheminée, pour rabattre la flamme & la déterminer sur le métal : ainsi la courbure de la voûte doit être prise dans un autre sens, c’est-à-dire que sa naissance ou chaque extrémité de son arc doit porter sur les murs des côtés, & non sur ceux gg, (fig. 21.) des extrémités ; ce qui est encore indiqué par la situation de la cheminée. Le cendrier est, comme la grille, large de neuf pouces ; son soupirail est de même largeur, & haut d’un pié : les poêles dont on se sert pour former avec des cendres le test où l’on met les matieres à affiner, sont de fer fondu. Voyez nos Planches & leur explication ; voyez aussi le fourneau anglois. Ce fourneau doit être très-utile dans un laboratoire philosophique ; il est meilleur que celui de nos fig. 15 & 16. qui pourtant peut avoir son utilité. Je dirai ici en passant, que les Anglois ont appliqué le fourneau qui porte leur nom à l’affinage ; je ne sai point si c’est depuis Schlutter ou avant ; mais ils y ont fait ce changement. Au lieu du massif qui porte le test dans notre fig. 19. il y a un vuide ; & la coupelle, qui est un cercle de fer de trois ou quatre piés de diametre, & haut de sept ou huit pouces, est soûtenue sur deux grosses barres de fer posées selon la longueur du fourneau. Il y a une petite ouverture au-dessus de la coupelle, comme en c, (fig. 21.) pour laisser passer le vent d’un gros soufflet, & une autre à l’opposite pour la chûte de la litharge : c’est ainsi qu’on affine une grande quantité de plomb à-la-fois. J’observerai encore ici une chose que j’ai déjà dite ailleurs ; c’est que Schlutter est tombé dans l’erreur