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fenêtre pour observer si le charbon s’affaisse bien sous la moufle & à ses côtés : cette fenêtre est aussi nécessaire dans les autres especes de fourneaux d’essai.

Le fourneau d’essai sans grille qu’on voit représenté Planche I. tome I. de Schlutter, & fig. 55. de nos Planches, est celui de Fachs. Ercker en a senti les inconvéniens, & préfere celui qui a un cendrier. Le fourneau de Fachs se trouve dans Libavius & Glaser. Celui de Cramer est pris d’Ercker. Il est précisément le même, si on en excepte peut-être que les deux portes en coulisse du cendrier ont chacune, de même que celles de la bouche du foyer, un trou qui n’y est pas fort nécessaire. Celui qu’on voit dans Rhenanus est aussi le même que celui d’Ercker.

Fachs a fait beaucoup de corrections aux fourneaux d’essai d’Agricola ; mais il les a laissés sans grille. Ceux d’Agricola sont très-défectueux ; ils ressemblent assez à certains fourneaux d’émail qui sont encore aujourd’hui en usage.

Stahl me paroit être le premier qui ait demandé pour les fourneaux d’essai, comme pour ceux de reverbere, un tuyau ajusté à leur dôme, fund. chem. p. 44. Il avance p. 157. que l’espece de fourneau en question ne demande pas, pour être construit, autant de précision qu’on l’a cru, & que c’est s’amuser à des inutilités & à des minuties ; que les qualités que doit avoir un fourneau d’essai se réduisent à ce qu’il pompe bien l’air, & puisse fondre de l’argent. Ces vûes sont remplies par des regîtres placés à la partie supérieure du fourneau, un cendrier garni de sa porte, & un couvercle pour donner froid, par une juste proportion de la moufle & une distance de deux doigts entr’elle & les parois du fourneau. On verra par la lecture de cet article, si Stahl n’a pas pu se tromper.

Le fourneau d’essai à l’angloise (fig. 45-49.) en brique, & celui qui est en terre, dont nous avons donné la description, ne se trouvent, que je sache, qu’une fois chacun à Paris.

Le fourneau d’émail qu’on voit dans Haudicquer de Blancourt, est sans grille comme tous les autres. Il est plus que probable que l’émail qui doit son origine à la chimie, lui doit aussi le fourneau qui y est employé. C’est le fourneau d’essai qu’on a pris, mais le fourneau d’essai sans grille. Depuis ce tems les Chimistes ont corrigé ce défaut de grille ; mais les Emailleurs qui en ont été séparés n’ont point profité de cette correction ; & cela n’est point étonnant. La plûpart des essayeurs eux-mêmes ne l’ont pas encore admise ; & l’on fait même encore des essais avec une moufle sans sol, comme celle des émailleurs ordinaires : construction qui peut avoir ses avantages pour les essais, mais qui me paroît n’avoir que des inconvéniens pour l’émail. Voyez Moufle.

On n’a mis à l’article Essai que ce qui regardoit la construction du fourneau de la fig. 50-53. au-moins s’est-on peu étendu sur son usage général. Le voici. Pour faire usage de ce fourneau, l’artiste l’élevera de deux ou trois piés, de quelque façon qu’il le fasse, afin qu’il puisse voir commodément par l’embouchure de la moufle les progrès de l’opération, sans être obligé de se baisser. Il passera dans les quatre trous inférieurs qui répondent les uns aux autres, deux barres de fer épaisses d’un pouce, & de telle longueur que leurs extrémités débordent un peu les parois du fourneau de chaque côté. Ces barres sont destinées à soûtenir la moufle qu’on introduit par l’ouverture supérieure du fourneau, avant que d’y mettre le dôme pyramidal ; on la place de façon que son embouchure ne semble faire qu’une seule & même piece avec le bord de la porte qu’on appelle de son nom : après quoi on la lute avec ce même bord, parce qu’il faut l’assujettir. La substance qui doit servir d’aliment au feu & la grille se mettent par

le haut du fourneau, dont le dôme doit être conséquemment mobile encore pour cette raison, & assez leger. Les charbons faits de bois dur, & surtout ceux de hêtre, sont les plus propres pour ces sortes de circonstances. On les met par morceaux de la grosseur d’une noix, & l’on en couvre la moufle d’une couche de plusieurs pouces. Nous donnons l’exclusion aux charbons qui sont plus longs ou plus gros, parce qu’ils ne se rangent pas bien autour de la moufle, & ne remplissent pas exactement l’espace étroit qui est entr’elle & les parois du fourneau : d’où il arrive que le feu est, ou inégal, ou trop foible, à cause des vuides qui se rencontrent nécessairement pour lors. C’est pour cela que nous avons conseillé de faire une petite porte à côté du fourneau. Il est cependant un juste milieu duquel on ne peut s’écarter ; car si l’on cassoit le charbon trop petit, la plus grande partie passeroit à-travers la grille, & tomberoit dans le cendrier ; ou bien se réduisant trop promptement en cendres, elle boucheroit bien-tôt la grille par la quantité en laquelle elle s’y amasseroit, & empêcheroit le libre passage de l’air, qui est si nécessaire en pareille occasion.

Comme les opérations qu’on fait avec ce fourneau exigent pour l’ordinaire un feu conduit avec exactitude, on fera attention aux circonstances suivantes. 1°. Le fourneau étant plein de charbons allumés, si l’on ouvre entierement la porte du cendrier, & qu’on approche l’une de l’autre les coulisses de la porte de la moufle, on augmente le feu. Son action deviendra plus forte, si on met le dôme, & qu’on lui adapte le tuyau de deux piés (fig. 49.). 2°. Mais on aura un feu extrème, si, laissant le fourneau dans l’état dont nous venons de parler, excepté la bouche de la moufle qu’on ouvrira, on lui applique le canal de tôle rempli de charbons ardens. On est rarement obligé d’en venir à cet expédient pendant l’opération ; on n’y a recours que quand on commence à allumer le feu, parce que ce seroit en pure perte qu’on attendroit patiemment pendant quelques heures qu’il eût acquis le degré d’activité convenable. On est encore obligé de recourir à cette disposition, quand on a à faire une opération qui exige un feu violent pendant un tems chaud & humide, l’air étant en stagnation, & n’étant plus capable par la diminution qu’il souffre de son ressort, de donner au feu l’activité nécessaire au succès de l’entreprise. On peut déduire de ce que nous avons dit, quels doivent être les moyens de diminuer le feu.

Lorsqu’il a été poussé à la violence qu’il peut avoir dans le fourneau en question, elle devient moindre si l’on retire les charbons du canal de tôle, & si l’on ferme la porte de la moufle ; on lui ôtera encore un degré d’activité en retranchant le tuyau du dôme ; l’action du feu se ralentira encore, si on ne laisse la porte de la moufle fermée que par la coulisse qui a la plus petite ouverture : sa diminution sera plus considérable, si on lui substitue la seconde coulisse dont l’ouverture est plus grande. Le feu enfin sera encore affoibli si l’on ôte le dôme, & s’éteindra ensuite tout-à-fait, si l’on ferme en tout ou en partie la porte du cendrier, puisqu’on interdit par-là le passage à l’air, dont le jeu est nécessaire à l’entretien & à l’augmentation du feu. On a encore un moyen de diminuer l’ardeur du feu presque tout-d’un-coup si l’on veut, c’est d’ouvrir tout-à-fait la bouche du foyer ; car l’air froid qui y entre pour lors avec impétuosité, raffraîchit tellement les matieres qui sont placées sous la moufle, qu’il n’est point d’opération qui demande un degré de feu si foible, puisque l’ébullition du plomb cesse même entierement. Si l’on voit que le feu commence à manquer, ou même à devenir inégal dans quelque endroit de la moufle, c’est une preuve que le charbon ne s’est pas affaissé à-mesure