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la flamme jusque dans son intérieur, & se brûleroit, pag. 88. Mais il vaut mieux que les deux soufflets soient chacun à deux ames. Cela peut se trouver dans un laboratoire où il y a une forge & un soufflet monté sur un chassis. En mettant le fourneau sur l’aire de la forge, il n’est plus question que d’avoir un canal un peu recourbé, qui aille du soufflet mobile à la seconde tuyere du fourneau.

La figure 26. avec laquelle doivent aller les suivantes jusqu’à la 35e inclusivement, est un fourneau de fusion en tôle, varié pour la facilité de l’appliquer à différentes opérations. C’est le second de ceux qui sont nécessaires à l’essayeur, celui de coupelle étant le premier. On le fait de tôle ; on peut le construire à l’aide du moule elliptique, fig. 35. Ainsi on fera une ellipse creuse, de façon que ses deux foyers soient éloignés l’un de l’autre de douze pouces, & les ordonnées soient de cinq pouces. On retranchera ensuite les deux extrémités comprises entre le foyer & le sommet de la figure : ensorte que celle qui en résultera, sera notre 26. 1°. On fera près de son bord inférieur quatre trous de 8 lignes de diametre, deux desquels seront vis-à-vis des deux autres cc. 2°. Les bords inférieur & supérieur de cette cavité elliptique seront garnis chacun d’un anneau de tôle d, large de près d’un pouce & demi, que l’on attachera en-dedans. On placera aussi intérieurement à 3 ou 4 pouces les uns des autres, de petits crochets de fer de la longueur de 6 lignes, pour tenir conjointement avec les anneaux, le garni qu’on y appliquera. Voyez cet article. Reste maintenant pour que le corps du fourneau soit achevé, à lui attacher supérieurement en-dehors deux anses de fer pour avoir la commodité de le transporter. 3°. Quant au dôme, fig. 27. on pourra lui donner la figure des parties retranchées de l’ellipse, fig. 35. a. On y fera une porte haute de 4 pouces, large de 5 par le bas, & de 4 par le haut, à laquelle on appliquera une fermeture convenable roulant sur des gonds, fig. 34. Sa surface interne sera garnie d’un rebord qui remplira exactement l’ouverture de la porte ; la largeur doit en être telle, que la saillie qu’il formera intérieurement, soit au niveau de la surface du lut, au soûtien duquel il est destiné. L’aire qu’il renferme sera aussi munie de quelques crochets de fer. L’on garantira également de l’action du feu le dôme, fig. 27. dont on garnira le dedans de terre, après y avoir enfoncé des crochets de fer & ajusté un anneau de tôle pour le soûtenir, comme nous l’avons prescrit pour le corps du fourneau fig. 26. On attachera en-dehors à la partie supérieure du dôme, fig. 27. deux crochets de fer longs de six pouces, pour le prendre avec des tenailles quand il sera chaud. On pratiquera à son sommet une ouverture circulaire de 3 pouces de diametre, à laquelle on attachera un bout de tuyau long de quelques pouces, presque cylindrique, destiné à être reçû dans un autre tuyau de tôle, semblable à celui de la fig. 38. Ce fourneau exige encore deux pié-d’estaux mobiles : l’un pour recevoir les cendres & l’air qui doit animer le feu, l’autre destiné aux réductions & fusions des métaux qui se font en stratifiant avec les charbons les mines métalliques ou les chaux, ou scories métalliques. Le premier, fig. 28. se fait de tôle & est cylindrique. On laisse la partie supérieure ouverte, mais on ferme l’inférieure avec une plaque de même matiere. On lui donne cinq pouces de haut, & un diametre tel qu’il puisse recevoir un demi-pouce du corps du fourneau fig. 26. On est aussi obligé pour cet effet d’attacher à la partie intérieure de ce pié-d’estal, à un demi-pouce de son bord supérieur, un cercle de fer large d’un demi pouce, pour soûtenir le corps du fourneau. Ce pié-d’estal ou cendrier doit avoir un soupirail haut & large de 4 pouces, qui se ferme exactement avec

une porte roulant sur deux gonds, afin de pouvoir à son aide augmenter ou diminuer le jeu de l’air, & conséquemment gouverner le feu. Au côté gauche de cette porte, environ à la moitié de la hauteur du cendrier, on fera un trou rond d’un pouce & demi de diametre, pour recevoir la tuyere d’un soufflet, en cas que les circonstances l’exigent. Le second cendrier, fig. 32. sera semblable au premier pour la figure, la matiere & le diametre ; mais il aura le double de hauteur. On y attachera pareillement un demi-pouce au-dessous de son bord supérieur, un anneau semblable à celui du premier cendrier, & destiné aux mêmes usages. Immédiatement au-dessous de cet anneau, on fera une ouverture arquée par sa partie supérieure, large de trois pouces & haute de deux. Au côté gauche de celle-ci, en commençant également tout-près de l’anneau, on en fera une seconde large de deux pouces, & s’étendant en hauteur jusqu’à la moitié de celle du cendrier. Cette ouverture est destinée à recevoir le cone 0, qui doit lui-même admettre une tuyere de soufflet. A droite de la premiere, à 3 pouces du sol du cendrier, on en fera une troisieme circulaire, de deux pouces & demi de diametre. On appliquera dans tout l’intérieur de ce cendrier, excepté au-dessus de l’anneau, un garni composé de terre glaise préparée & mêlée d’une bonne quantité de sable & de petites pierres, qui fassent l’office d’un mur. On fera au fond du même cendrier un bassin ou catin, dont la figure sera celle qu’on voit décrite par la ligne fgh.

Un bassin ou catin de réception est donc un accommodage qu’on fait dans un fourneau, ou par-dehors avec une matiere appropriée à l’opération. Cette matiere est ce qu’on appelle une brasque.

La brasque est de deux especes ; il y a la pesante & la legere. La brasque pesante est composée d’argille séchée & de charbon pilé & tamisé, mêlés à parties égales. On humecte le tout jusqu’à ce qu’on puisse le manier sans qu’il s’attache aux mains. Si l’argille étoit trop grasse & trop compacte, & conséquemment se fendoit aisément au feu, on en prendroit qui en eût déjà éprouvé l’action. On la pile, on la tamise, & on en ajoûte une moitié ou un tiers à celle qui n’a pas encore servi ; car toute argille n’est pas propre à recevoir une quantité de charbon pilé qui réponde à toutes les circonstances ; n’en admettant que difficilement un volume qui excede le double du sien. La différente nature des substances qu’on a à fondre, celle de l’argille qui doit être combinée avec le charbon, empêchent qu’on ne puisse établir de proportion entre ces deux dernieres matieres. La brasque legere n’est autre chose que du frésil ou poussier de charbon ; on en connoît les propriétés. Quand on réduit une mine de fer dans le fourneau dont il s’agit, elle est d’une nécessité absolue. Sans elle l’opération manqueroit. On met encore de la brasque legere entre la pierre de zinc & la chemise du fourneau, où l’on traite la mine de Rammelsberg. Voyez Schlutter, tome II. page 241. Planche XX.

Il y a une chose à remarquer à l’égard de la préparation & de l’usage de la brasque pesante : c’est que plus on y fait entrer d’argille, plus elle est solide & durable, & par conséquent plus difficilement rongée par les matieres fondues qu’il reçoit. Mais aussi d’un autre côté, la quantité de scorie devient plus considérable ; il faut pour lui donner le degré de chaleur nécessaire, avant qu’on puisse mettre dans le fourneau les matieres qu’on y doit fondre, un feu plus violent & plus long-tems continué. Lorsque c’est au contraire le charbon pilé qui excede la quantité de l’argille, le mélange est rongé plus aisément par les matieres en fonte, sur-tout si elles sont arsénicales, sulphureuses, ou demi-métalliques ; pendant que le métal n’y déchoit pas tant, que le bassin se seche plus aisé-