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Le bain de fumier, ou celui qui se fait au moyen du fumier échauffé par sa seule fermentation, ou par l’eau chaude, comme nous le verrons en parlant des vaisseaux, & le bain de marc de raisin. Voy. Verdet.

Le bain de sciure ou de rapure de bois dont parle Cartheuser, seconde édition de sa Chimie.

Le bain sec qui est de deux especes : celui où il n’y a d’autre intermede qu’une capsule, & il est opposé à l’humide ou au bain-marie, & celui où le vaisseau contenant la liqueur à distiller, par exemple, est exposé au feu immédiat, ce qu’on appelle encore feu nud.

Les fourneaux qu’on appelle de décoctions, sont encore des fourneaux de l’espece de ceux que nous avons vû. Dans ce rang nous placerons les fig. 12. 69. 72. & 162.

La fig. 12. est précisément la même que les 13. & 14. ainsi nous n’en donnerons point de description. On en voit un à-peu-près semblable dans la Pl. III. de Lémery, lettre s ; il paroît que s’il lui manque un cendrier, c’est par la négligence du dessinateur.

Les 69. & 72. n’en different que parce qu’elles représentent des fourneaux de fonte à piés, dont le premier est couvert ; celui-ci est de Glauber, Part. I. de ses fourneaux, & celui-là de Lémery, Pl. VI.

La 162. n’a rien qui demande une description particuliere quant au fourneau ; il est dans Libavius, p. 331.

On employe encore d’autres fourneaux en Chimie, qui sont à peu de chose près les mêmes que la plûpart de ceux qui précedent. Je veux parler des fourneaux à aludels ou de sublimation, qui est à proprement parler une distillation ascensoire seche. Tels sont ceux qu’on a marqués fig. 5. 66. 98. & 167.

Le premier est de l’adepte Géber. Il se trouve page 65. de la somme. Outre les fourneaux usités actuellement en Chimie, nous avons crû que nous devions exposer quelques figures des premiers qui ont été représentés, afin qu’on pût voir le point d’où l’on est parti, & sentir les additions & corrections qui ont été faites depuis. Géber, qu’on appelle le roi, à cause de son habileté en Chimie, est l’auteur le plus ancien qui les ait figurés, & qui y ait joint une description assez claire, & meilleure que ses figures qui n’y répondent pas trop exactement. Géber vivoit au vij. siecle, selon Boerhaave ; au viij. selon Moreri, & au jx. selon son continuateur, qui parle d’après l’abbé Lenglet, fondé sur la même autorité que Boerhaave. Quoi qu’il en soit, il est très-certain que Géber est fort ancien, & se trouve cité dans Albert le grand & Arnand de Villeneuve, qu’il n’a point cités. Avant cet artiste, l’ignorance & la mauvaise foi s’étoient toûjours enveloppées du voile de l’emblème & de l’énigme, même pour les plus petites choses, comme cela est encore arrivé depuis, & même de notre tems. Tout auteur qui écrivoit des choses inintelligibles, étoit un homme respectable, précisément parce qu’on ne l’entendoit point. Aujourd’hui la raison a repris le dessus ; & tout homme qui voudroit ramener ces tems précieux où l’on ne parloit ni n’écrivoit pour se faire entendre, & où la crédulité étoit la dupe du jargon mystérieux, feroit croire qu’il auroit de bonnes raisons pour en user de la sorte. Si Géber est tombé dans cet inconvénient quant aux opérations, au moins a-t-il pû être de quelqu’utilité par la description de ses ustensiles. Il avertit que le fourneau qu’il décrit & destine aux aludels, doit être plus ou moins épais & plus ou moins grand, selon la grandeur des vaisseaux qu’on y veut mettre, & l’intensité du feu auquel on veut les exposer. On éleve des parois circulaires à la hauteur de 9 pouces, en pratiquant une porte pour le bois, dont la partie inférieure soit de niveau avec le sol ou pié-d’estal du fourneau. On assujettit pour lors une barre de fer

grosse comme le doigt, pour soûtenir l’aludel. On donne à-peu-près autant de hauteur au fourneau au-dessus qu’au-dessous de la barre de fer ; & au milieu de la partie du fourneau supérieure à cette barre, qu’on peut appeller le second corps, ou l’ouvroir du fourneau, on fait quatre trous ou regîtres, dont la grandeur doit être déterminée par celle du fourneau, & la vivacité nécessaire au feu. On couvre le tout d’un dôme un peu convexe, & ayant un grand trou au milieu pour recevoir l’aludel, quoique Géber & sa figure n’en disent rien. Entre ces vaisseaux & les parois du fourneau, il doit y avoir un espace de deux doigts, plus ou moins, selon le degré de chaleur nécessaire. On lutte l’aludel au fourneau. Ces deux vaisseaux ont la proportion qu’ils doivent avoir entre eux & avec le feu qu’on y tient, quand celui ci circule bien autour de l’aludel, que la matiere qui y est contenue reçoit le degré de feu convenable, & que la flamme & la fumée sortent bien par les regîtres. Si ces conditions ne se trouvent pas remplies, on diminue l’aludel, ou on aggrandit le fourneau : & on augmente ou retrécit les regîtres jusqu’à ce qu’on ait trouvé le juste point qu’on desire.

Pour peu que l’on compare ce fourneau avec ceux qui ont été faits depuis, on y trouvera, je pense, assez de ressemblance pour conjecturer qu’il n’a pas peu servi à contribuer à leur perfection & aux avantages qu’on en retire. Au-moins voit-on que l’auteur a bien entendu la méchanique du feu.

Le fourneau de la fig. 66. est non-seulement un fourneau sublimatoire, mais encore un fourneau où la matiere est exposée à feu nud. Nous en parlerons en particulier dans la section des fourneaux à distiller par le côté, pour ne pas le séparer d’un autre de cette espece.

La fig. 98. représente encore un fourneau tiré de Géber, p. 72. Il est destiné aux aludels dans lesquels on doit faire la sublimation de la marcassite, &c. Il dit que ce fourneau doit donner un degré de feu capable de fondre le cuivre ou l’argent, si cela est nécessaire. Le haut doit être fermé avec un disque percé pour recevoir la cucurbite, qu’on lutte à ce disque, pour empêcher que le feu ne vienne à échauffer l’aludel, & à fondre la matiere sublimée. On fait seulement quatre petits regîtres dans ce disque, avec autant de bouchons. C’est par-là qu’on met le charbon dans le fourneau. On en fait encore quatre autres dans les parois du fourneau, pour mettre également les charbons ; sans compter qu’il en faut encore 7 ou 8 capables d’admettre le petit doigt. Ces derniers doivent être toûjours ouverts, pour que le fourneau puisse se délivrer de ses fumosités. Ils seront pratiqués dans l’endroit où le fourneau se joint avec son couvercle.

Le fourneau qui donne un grand degré de feu, est celui dont les parois sont élevés de 3 piés, ayant dans leur milieu une grille de terre capable de soûtenir le grand feu, percée de quantité de petits trous en entonnoir renversé, afin que la cendre & les charbons puissent tomber aisément, & laisser une libre entrée à l’air. C’est cette liberté qu’a l’air d’entrer en grande quantité par ces trous inférieurs, qui excite un grand feu dans ce fourneau. Ainsi il n’est que de s’exercer sur ce point de vûe, & l’on en viendra à son but.

Il est aisé de voir que Géber vient de décrire un fourneau de fusion, quoiqu’il l’applique à ses aludels ; en suivant sa description, on doit réussir presque comme aujourd’hui à en construire un, excepté qu’on y a ajoûté quelque chose ; ainsi je ne vois pas pour quelle raison Glauber a eu tant de peine à trouver le sien, que nous décrirons à la section des fourneaux de fusion. On remarquera en passant qu’il semble que Géber n’ait pas dessiné lui-même ses figures,