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ce dont il sera assûré par les borborygmes qui se feront entendre, & par la liquidité & la blancheur des excrémens, il purgera l’animal ; il s’attachera ensuite à fortifier les fibres de l’estomac & des intestins, dont la foiblesse & le relâchement favorisent l’abord & l’accumulation dont il s’agit. Pour cet effet il aura recours aux remedes corroborans, tels que la thériaque, le diascordium, la cannelle enfermée dans un noüet suspendu au mastigadour, &c. La rhubarbe seroit très-salutaire, mais elle jetteroit dans une trop grande dépense.

Lorsqu’il y aura inflammation, irritation, douleur, chaleur, tension des muscles du bas-ventre, & que les déjections seront jaunâtres, verdâtres & écumeuses, il employera les médicamens dont l’effet est de délayer, de détendre, de calmer & d’adoucir ; & quelque tems après que les symptomes seront dissipés, il terminera la cure par des purgatifs legers.

Les lavemens émolliens multipliés, les décoctions des plantes émollientes données en boisson, les têtes de pavot blanc dans les lavemens & dans ces mêmes décoctions, supposé que les douleurs soient vives, la saignée même, si l’on craint les progrés de l’inflammation, la décoction blanche de Sydenham, c’est-à-dire la corne de cerf rapée à la dose de quatre onces, que l’on fera bouillir dans environ trois pintes d’eau commune, pour jetter cette même eau dans les décoctions émollientes dont j’ai parlé, produiront de grands changemens. Les purgatifs convenables après l’administration de ces remedes, & ensuite de leur efficacité, pour évacuer entierement les humeurs vitiées qui entretiennent la cause du mal, seront une décoction de sené à la dose d’une once & demie, dans laquelle on délayera trois onces de casse ou trois onces d’électuaire de psillio, &c.

Il importe au surplus que le maréchal soit très-circonspect & ne se hâte point d’arrêter trop tôt le flux de ventre, qui souvent n’est qu’une suite des efforts de la nature, qui se décharge elle-même des matieres qui lui sont nuisibles, & qui dès lors est très-salutaire à l’animal. (e)

Flux d’urine, (Manége, Maréchal.) évacuation excessive & fréquente de cette sérosite saline, qui séparée de la masse du sang dans les reins & conduite à la vessie par la voie des ureteres, s’échappe au-dehors par celle du canal de l’urethre. Cette évacuation n’a lieu que conséquemment à la volonté de l’animal, & le flux n’est en aucune façon involontaire, comme dans l’incontinence d’urine.

Dans le nombre infini de chevaux que j’ai traités, je n’en ai vû qu’un seul attaqué de cette maladie. Elle me paroît d’autant plus rare dans l’animal qui fait mon objet, que très-peu de nos écrivains en font mention. Je ne m’arrêterai point à ce qu’ils nous en ont dit ; car je ne m’occupe que du soin de me préserver des erreurs répandues dans leurs ouvrages, & je me contenterai d’insérer simplement ici l’observation que le cas dont j’ai été témoin, m’a suggérée.

Un cheval ayant été tourmenté par des tranchées violentes, accompagnées de rétention d’urine, fut mis à un très-long usage de diurétiques les plus puissans. Les remedes les plus salutaires & les plus efficaces ne sont dans les mains ignorantes qui ont la témérité & l’audace de les administrer, que des sources de nouveaux desordres & de nouveaux maux. L’animal fut atteint d’un flux tel que celui qui, relativement au corps humain, constitue la seconde espece de diabetes. Ses urines auparavant troubles, épaisses & semblables à celles que rendent les chevaux sains, étoient crues, limpides, aqueuses, & si abondantes qu’elles surpassoient en quantité l’eau dont on l’abreuvoit ; & il ne se saisissoit du fourrage que dans le moment où il avoit bû. Cette derniere circonstance fut la seule qui étonna le maréchal au-

quel il étoit confié ; il se félicitoit d’ailleurs d’avoir

sollicité la forte évacuation dont il ne prévoyoit pas le danger, & vantoit ingénument ses succès. Le propriétaire du cheval, alarmé de l’éloignement que le cheval témoignoit pour tous les alimens qui lui étoient offerts, eut recours à moi. Après quelques questions faites de ma part au maréchal, je crus pouvoir décider que le défaut apparent d’appétit n’avoit pour cause qu’une grande soif, & que l’écoulement excessif de l’urine n’étoit occasionné que par la dilatation & le relâchement des canaux secrétoires des reins, ensuite de la force impulsive qui avoit déterminé les humeurs en abondance dans ces conduits. La maladie étoit récente, je ne la jugeai point invincible. Je prescrivis d’abord un régime rafraîchissant, car j’imaginai qu’il étoit important de calmer l’agitation que des diurétiques chauds, & du genre des lithontriptiques, devoient avoir suscitée. J’ordonnai qu’on tînt l’animal au son, & qu’on lui en donnât quatre fois par jour, arrosé d’une décoction forte de racines de nenuphar, de guimauve & de grande consoude. Je prohibai une boisson copieuse, & je fis bouillir dans l’eau dont on l’abreuvoit, une suffisante quantité d’orge. Ces remedes incrassans opérerent les effets que je m’en étois promis ; l’animal fut moins altéré, il ne dédaignoit plus le fourrage, & ses urines commençoient à diminuer & à se charger. Alors je le mis à l’usage des astringens. J’humectai le son avec une décoction de racines de bistorte, de tormentille & de quinte-feuille ; enfin les accidens s’évanoüissant toûjours, & le cheval reprenant tans cesse ses forces, on exigea de lui un exercice, qui excitant de legeres sueurs, le rappella entierement à son état naturel. (e)

Flux, (Chimie, Metallurg.) se dit en général de toute matiere destinée à accélérer la fusion des substances qui n’y entrent que difficilement, ou à la procurer à celles qui sont absolument infusibles par elles-mêmes. Dans ce rang on a abusivement placé les corps réductifs qui ne sont que donner du principe inflammable sans fondre par eux-mêmes ; les fondans qui procurent la fusion sans réduire, avec ceux qui, étant composés des deux premiers & opérant leur double action, méritent seuls de porter le nom de flux simplement, ou de flux réductifs. Nous allons entrer dans le détail de ces différentes especes, & assigner leurs emplois particuliers.

Flux blanc. On prend une certaine quantité du flux crud, à parties égales de nitre & de tartre, que nous décrirons ci-après. On le met dans une poesle de fer ou dans un creuset, dont les deux tiers restent vuides. On place ce vaisseau sur un feu médiocre : ou la matiere s’embrase toute seule, ou bien on l’alume avec un charbon ardent, sans la mettre sur le feu. Elle détonne & s’enflamme rapidement. Le bruit cessé ; on trouve au fond du vaisseau une masse saline rouge, qu’on pile & enferme toute chaude dans une bouteille de grès pour le besoin. Cette préparation s’appelle aussi alkali extemporané. On la bouche bien, parce qu’elle attire l’humidité de l’air presqu’aussi rapidement que l’alkali fixe, dont elle ne differe qu’en ce qu’elle contient un peu de phlogistique. Elle est d’un blanc grisâtre.

Flux crud. On met en poudre fine, separément du nitre & du tartre. On prend parties égales pour faire le flux blanc décrit ci-dessus. Si l’on veut faire du flux noir, on met deux ou trois parties de tartre sur une de nitre ; on mêle bien le tout par la trituration, & on le garde dans des vaisseaux bien bouchés, quoiqu’il ne souffre pas beaucoup d’altération quand il est exposé à l’air libre.

Flux noir. Nous avons dit qu’il contenoit plus de tartre que le blanc. La préparation en est la même : mais il ne détonne pas avec autant de rapidité. La