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Flute allemande, (Jeu d’orgue.) ce jeu qui est de plomb, n’a ordinairement que les deux octaves des tailles & du dessus, & sonne l’unisson du huit piés, dont il ne differe que parce qu’il est de plus grosse taille. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue.

Flute, (Jeu d’orgue.) ce jeu qui a quatre octaves, sonne l’unisson du prestant ou du quatre-piés. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue. La flûte est de plomb ; les basses sont bouchées à raz & à oreilles ; les tailles sont à cheminées & à oreilles, & les dessus ouverts. Voyez la fig. 35, Pl. d’orgue. A est un tuyau des basses, B un tuyau des tailles, C un tuyau des dessus. Ce jeu doit être de plus grosse taille que le prestant, quoiqu’il lui soit à l’unisson.

Flute douce ou à Bec. Il y a deux especes de flûtes ; savoir, les flûtes douces ou à bec, & les flûtes traversieres. Les flûtes douces représentées dans nos Planches de Lutherie, sont composées de trois parties : la premiere marquée A dans la Planche, & qu’on appelle la tête, est percée d’un trou, ainsi que les autres parties, dans toute sa longueur ; ce trou qui est rond, va en diminuant vers la partie B qu’on appelle le pié ; en sorte qu’il n’a vers l’extrémité B, que la moitié de diametre de l’ouverture A ; on perce ces trous avec des perces, voyez Perces, qui sont des especes de tarieres pointues. Après que chaque morceau est perforé dans toute sa longueur, & que le trou est agrandi autant qu’il convient, on enfile dedans un mandrin cylindrique, par le moyen duquel on monte les pieces de la flûte sur le tour à deux pointes, pour les arrondir extérieurement & les orner de moulures. Quelques facteurs se servent pour la même opération, du tour à lunette. Voyez Tour à lunette. On observe en tournant la piece C, qu’on appelle le corps de ménage, deux parties, a, b, d’un moindre diametre, pour qu’elles entrent dans les trous DE, d’un plus grand diametre que le trou intérieur, qui sont pratiquées dans les grosseurs ou renflemens DE qu’on appelle noix, voyez Noix. A la partie supérieure de la piece A, est un trou quarré qu’on appelle bouche : ce trou quarré est évuidé, ensorte qu’il reste une languette, levre, ou biseau, dont la tête se présente vis-à-vis de l’ouverture appellée lumiere : cette lumiere est l’ouverture ou le vuide que laisse le bouchon, avec lequel on ferme l’ouverture supérieure de la flûte ; ce bouchon n’est point entierement cylindrique, comme il faudroit qu’il fût, pour serrer exactement le tuyau ; mais après avoir été fait cylindrique, on en a ôté une tranche sur toute sa longueur ; en sorte que la base du bouchon est un grand segment de cercle : la partie supérieure du bouchon & de la flûte est luthée en biseau du côté opposé à la lumiere. Ce biseau que l’on fait pour que l’on puisse mettre la flûte entre les levres, doit être tourné vers le menton de celui qui joue.

Pour joüer de cet instrument, il faut tenir la flûte

droite devant soi ; placer le bout d’en-haut A entre les levres, le moins avant que l’on pourra, & la tenir ensorte que le bout d’en-bas, ou la patte B, soit éloignée du corps d’environ un pié : il ne faut point lever les coudes, mais les laisser tomber négligemment près du corps. On posera la main gauche en haut, & la droite on bas de l’instrument, ensorte que le pouce de la main gauche bouche le trou de dessous la flûte marquée I, & les doigts indicateur, moyen, & annulaire de la même main, les trous marqués 2, 3, 4 ; le doigt indicateur de la main droite doit boucher le trou 5 ; le doigt moyen, le trou 6 ; le doigt annulaire, le trou 7 ; & le petit doigt de la même main, le trou 8. Le pouce de la main droite, comme celui de la main gauche, doit être par-dessous la flûte ; il sert seulement à la tenir en état.

Pour apprendre à faire tous les sons & les cadences de cet instrument qui a deux octaves & un ton d’étendue, il faut boucher ou ouvrir les trous, comme il est marqué dans la tablature qui suit, dont les notes de musique marquent les tons, & les zéro blancs & noirs, la disposition des doigts. On conçoit aisément que les zéro blancs marquent les trous ouverts, & que les noirs marquent les trous bouchés : ainsi pour faire le ton fa, premiere note de la tablature, & sous lequel on voit huit zéro noirs, il faut boucher tous les trous ; pour faire le sol, note troisieme, il faut boucher tous les trous, excepté le huitieme ; ainsi des autres.

On doit observer que plus on monte sur cet instrument, plus on doit augmenter le vent ; & que les zéro à demi-fermés qui répondent au premier trou, marquent un pincé ; le pincé se fait en faisant entrer l’ongle du pouce de la main gauche dans le trou 1, afin de le fermer à moitié ; ce qui se pratique pour tous les trous hauts, comme on peut le voir dans la tablature.

Il ne suffit pas, pour bien joüer de cet instrument, de faire tous les tons de la tablature, il faut encore pouvoir faire les cadences sur tous ces tons ; c’est ce qui est enseigné par la suite de la tablature intitulée cadences de la flûte à bec, où les zéro conjoints par une accolade, comme on le voit dans les figures, marquent, le premier, le trou d’où est prise la cadence ; & le second, celui sur lequel il faut frapper avec le doigt : lorsque le trou est ouvert, il faut finir la cadence en levant : telle est celle du fa ♯, du , &c.

Au contraire, lorsque le zéro est noir, on doit finir la cadence en fermant le trou qui lui répond avec le doigt.

Pour ce qui est des coups-de-langue, des coulés, ports-de-voix, accens, &c. voyez l’article Flute traversiere, & les principes pour joüer de cet instrument, du sieur Hottere le Romain, flûte de la chambre du Roi, imprimés à Paris chez J. B. Christophe Ballard.