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position du peintre : enfin il faut qu’il s’efforce de faire naître par la vûe de son ouvrage, cette sensation douce, cette admiration tranquille, cette volupté délicate qui satisfait nos regards lorsqu’ils se fixent sur la nature.

Mais insensiblement je paroîtrois peut-être pousser trop loin ce que peut exiger un genre qui n’est pas un des principaux de l’art dont je parle. Je finis donc en recommandant aux Peintres de fleurs un choix dans la nature des couleurs, & un soin dans leur apprêt, qui semble leur devoir être plus essentiel qu’aux autres artistes ; mais qui n’est en général que trop souvent négligé dans les atteliers. Les fleurs sont un genre de peinture, comme l’histoire, le portrait, &c. On dit, ce peintre fait les fleurs, c’est un peintre-fleuriste. Article de M. Watelet.

Fleur de Pêcher, (Manége, Maréchall.) auber, mille-fleurs, expressions synonymes. L’immense variété des couleurs & des nuances de la robe ou du poil des chevaux, a fait imaginer une multitude de noms, à l’effet d’en spécifier les différences ; un mêlange assez confus de blanc, de bay & d’alzan a parû sans doute un composé approchant de la couleur des fleurs de pêcher ; de-là la dénomination dont il s’agit. (e)

Fleur de Farine, en terme de Boulanger, c’est la plus pure, la plus fine farine que les Boulangers mettent en usage.

Fleur, terme de Fabrique de cuirs. Les Tanneurs, Corroyeuts, Chamoiseurs, Mégissiers, Peaussiers, & autres ouvriers qui préparent les peaux, appellent fleur la superficie ou le côté de la peau d’où l’on a enlevé le poil ou la laine : l’autre côté se nomme chair, parce qu’il y étoit attaché.

Les principaux apprêts qu’on donne aux cuirs pour les disposer à être employés aux différens usages qu’on en fait, se donnent du côté de la fleur.

Les Corroyeurs appliquent toûjours les couleurs sur le côté de fleur ; il n’y a que les veaux passés en noir, auxquels ils appliquent une couleur orangée du côté de chair, par le moyen du sumac.

Les Peaussiers-Teinturiers en cuir, & les Chamoiseurs, appliquent les couleurs des deux côtés. Quand on donne aux peaux le suif des deux côtés, cette opération s’appelle donner le suif de chair & de fleur.

On appelle peaux effleurées, celles dont on a enlevé cette pellicule nommée épiderme ; mais on donne le nom de peaux à fleur à celles auxquelles on a conservé cette pellicule. Voyez Tanner, Corroyer, Chamois, Mégie .

Fleurs, terme de Marchand de modes ; ce sont de petites fleurs d’Italie de toute sorte de couleurs, que les marchands de modes achetent des marchands de fausses-fleurs, & les revendent aux femmes, qui les placent dans leurs cheveux & sur leur coëffure.

Fleurs, (Rubanier.) est une imitation de toutes les différentes fleurs imaginables, exécutées soit en soie, en vélin, ou en coques de vers à soie dépouillées de leur soie. A l’égard de celles qui sont de vélin ou de coques, la fabrique n’en appartient pas à ce métier, mais seulement l’emploi ; elles servent à orner les habillemens des dames, à faire des coëffures, aigrettes, palatines, & quantité d’autres ouvrages à leur usage. Il est surprenant de voir la beauté & la variété de ces ouvrages exécutés en fleurs, qui, quoiqu’artificielles, représentent le naturel jusqu’à tromper les yeux des plus habiles connoisseurs. Effectivement les fleurs que ce métier fait éclore, imitent si parfaitement le nuancé & le fondu des couleurs, que le pinceau peut à peine faire mieux. Les fleurs de vélin, coques de vers, ou autres, que j’ai dit ne pas appartenir à ce métier, se font par différens artistes ; mais les plus belles & les plus parfaites nous viennent d’Italie.

Fleurs se dit encore de tout ce qui compose les différentes parties des desseins à l’usage de ce métier, quoique ce soient le plus souvent des parties qui regardent plûtôt l’ornement que les fleurs.

Fleurs-de-Lis, (Rubanier.) est un ornement qui garnit les lisieres de différens ouvrages ; ce sont des fers, ainsi que pour la dent de rat (voyez Dent de rat), qui servent à les former, à l’exception qu’ici il y a deux fers de chaque côté. Les fers servant à former les deux côtés de la fleur-de-lis, levent seuls ; mais lorsqu’il s’agit de la pointe du milieu, les deux levent ensemble, & servent ainsi à former l’éminence nécessaire à cette figure. On sent parfaitement que lorsque la trame environne les deux fers à-la-fois, leur épaisseur double donne occasion à cette trame d’excéder plus considérablement que lorsqu’il n’en leve qu’un. Ainsi se termine la fleur-de-lis, pour être recommencée à une certaine distance egale.

Fleurs blanches, (Medecine.) par abréviation pour flueurs blanches, λευκοῤῥοια, fluor muliebris, fluor albus. On donne vulgairement ce nom à tout écoulement, à tout flux, qui se font par la voie des menstrues, de matiere différente du sang & du pus.

C’est le rapport qui se trouve entre l’origine, l’issuë du fluide morbifique & celle des regles, dont le mot fleurs est un des synonymes, qui a donné lieu à l’application de ce nom-ci à cette maladie. C’est de ce rapport, joint à la couleur qui distingue le plus souvent les humeurs de cet écoulement vicieux, qu’a été formée, pour la désigner, la dénomination de fleurs blanches. On lui donne aussi le nom de perte blanche, pour exprimer que l’évacuation qui se fait dans ce cas, est absolument une lésion de fonctions, par laquelle il se répand hors du corps des humeurs qui doivent y être retenues ; qu’elle est une vraie lésion à l’égard des vaisseaux d’où se fait cette effusion, qui ne doivent, hors le tems de la menstruation, laisser échapper rien de ce qu’ils contiennent.

On peut par conséquent regarder les fleurs blanches comme une espece de diarrhée de la matrice & du vagin ; d’autant plus que la matiere de cet écoulement a cela de commun avec celle de la diarrhée proprement dite, qu’elle est d’aussi différentes qualités dans celui-là, que la matiere de celle-ci, quant aux humeurs animales rendues dans le flux de ventre. En effet, l’humeur qui se répand dans les fleurs blanches, est tantôt séreuse ou lymphatique simplement ; tantôt elle est pituiteuse, ou muqueuse & glaireuse ; tantôt elle est bilieuse, avec plus ou moins d’intensité, & même quelquefois sanieuse : d’où il s’ensuit que cette humeur peut se présenter sous différentes couleurs. Lorsque les premieres qualités y dominent, elle est limpide & plus ou moins claire, sans couleur : avec les secondes qualités elle est plus ou moins blanchâtre, ressemblant à du lait ou à de la creme d’orge ; elle a plus ou moins de consistance. Avec la derniere des qualités mentionnées, elle paroît jaunâtre, ou d’un verd plus ou moins foncé : dans les premiers de ces différens cas, elle n’a point ou très-peu d’acrimonie & de mauvaise odeur ; dans les derniers, elle est presque toûjours acre, irritante, excoriante même, & plus ou moins fétide.

Les fleurs blanches forment quelquefois un écoulement continuel, rarement bien abondant ; quelquefois il cesse par intervalles irréguliers ou périodiques : il précede souvent chaque évacuation ordinaire des menstrues, & il subsiste quelque tems après qu’elle est finie.

La connoissance des causes du flux menstruel est absolument nécessaire pour juger de celles des fleurs blanches (voyez Menstrues) : il suffira d’en donner ici un précis, pour l’intelligence des différens symptomes, des différentes circonstances de cette maladie.

Le sang qui s’écoule périodiquement des parties