Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/862

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fleur, (Botan. histor. mod.) production naturelle qui précede le fruit, & produit la graine ; ou bien, si on l’aime mieux, c’est la partie de la plante qui renferme les parties propres pour la multiplication de l’espece.

Suivant Rai, la fleur est la partie la plus tendre de la plante ; partie remarquable par sa couleur, sa forme, ou par l’une & l’autre, & qui adhere communément aux rudimens du fruit. M. de Jussieu dit, qu’on doit nommer proprement fleur, cette partie de la plante qui est composée de filets & d’un pistil, & qui est d’usage dans la génération : mais plusieurs fleurs n’ont point de pistil, & plusieurs autres n’ont point de filets. M. de Tournefort définit la fleur, cette partie de la plante qui se distingue ordinairement des autres parties par des couleurs particulieres, qui est le plus souvent attachée aux embryons des fruits, & qui dans la plûpart des plantes semble être faite pour préparer les sucs qui doivent servir de premiere nourriture à ces embryons, & commencer le développement de leurs parties.

Enfin M. Vaillant regarde les fleurs comme les organes qui constituent les différens sexes dans les plantes ; il prétend que les feuilles des fleurs ne sont que des enveloppes qui servent à couvrir les organes de la génération, & à les défendre ; il appelle ces enveloppes ou tuniques du nom de fleurs, quelque structure & quelque couleur qu’elles ayent, soit qu’elles entourent les organes des deux sexes réunis, soit qu’elles ne contiennent que ceux de l’un ou de l’autre, ou seulement quelques parties dépendantes de l’un des deux, pourvû toutefois que la figure de ces tuniques ne soit pas la même que celle des feuilles de la plante, supposé qu’elle en ait. Sur ce principe il nomme fausses fleurs ou fleurs nues, les organes de la génération qui sont dénués de tuniques ; & de vraies fleurs, ceux qui en sont revêtus : ainsi il exclut du nombre des vraies fleurs, les fleurs à étamines.

On distingue dans les fleurs, les feuilles ou pétales, les filets, les sommets, le pistil, & le calice : sur quoi voyez l’article Fleurs des Plantes. J’ajoûte que les fleurs, conformément au nombre de leurs pétales, sont nommées monopétales, dipétales, tripétales, terapétales, c’est-à-dire à une, à deux, à trois, à quatre feuilles, &c.

Rai prétend que toute fleur parfaite a des pétales, des étamines, des sommets, & un pistil, qui est lui-même ou le plein fruit, ou l’extrémité du fruit ; & il regarde comme fleurs imparfaites, toutes celles qui manquent de quelqu’une de ces parties.

Les fleurs sont distinguées en mâles, femelles, & hermaphrodites. Les fleurs mâles sont celles dans lesquelles il y a des étamines, mais qui ne portent point de fruit. Les fleurs femelles sont celles qui contiennent un pistil, auquel le fruit succede. Les fleurs hermaphrodites sont celles dans lesquelles se trouvent les deux sexes, & c’est ce qui est le plus ordinaire ; telles sont le narcisse, le lis, la tulipe, le géranium, la sauge, le thym, le romarin, &c.

La structure des parties est la même dans les fleurs où les sexes sont partagés ; la seule différence consiste en ce que les étamines & les sommets, c’est-à-dire les parties mâles sont séparées dans celles-ci des pistils, & se trouvent quelquefois sur la même plante, & quelquefois sur des plantes différentes ; entre les plantes qui ont les parties mâles & femelles, mais à quelque distance les unes des autres, l’on compte le concombre, le melon, la courge, le blé de Turquie, le tournesol, le noyer, le chêne, le hêtre, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fleurs des Plantes, (Bot. syst.) M. de Tournefort a préféré, dans sa distribution méthodique des plantes, les caracteres tirés des fleurs, pour établir

les classes de sa méthode, qui est celle que nous suivons dans cet ouvrage pour la dénomination & la définition des différens genres de plantes. Cet auteur distingue cinq parties dans les fleurs ; savoir les feuilles, les filets, les sommets, le pistil, & le calice ; mais toutes ces parties ne se trouvent pas dans toutes les fleurs.

Les feuilles de la fleur sont aussi appellées pétales, pour les distinguer des feuilles de la plante. Les pétales sont ordinairement les parties les plus apparentes & les plus belles de la fleur, mais toutes les fleurs n’en ont pas, & il est souvent très-difficile de déterminer les parties auxquelles on doit donner le nom de pétales, ou celui de calice.

Les filets sont placés pour l’ordinaire dans le milieu de la fleur ; ceux qui soûtiennent des sommets sont appellés étamines. Il y a des filets simples, il y en a de fourchus.

Les sommets sont les parties qui terminent les étamines, quelquefois l’extrémité de l’étamine forme le filet en s’élargissant ; mais dans le plus grand nombre des plantes, les sommets sont attachés à l’extrémité des étamines. La plûpart des sommets sont partagés en deux bourses qui renferment de petits grains de poussier, & qui s’ouvrent de différentes manieres.

Le pistil est pour l’ordinaire au centre de la fleur ; il y a beaucoup de variété dans la figure de cette partie ; elle est pointue dans un très-grand nombre de plantes, & renflée à la base. Il y a aussi des pistils qui sont arrondis, quarrés, triangulaires, ovales, semblables à un fuseau, à un chapiteau, &c. L’embryon du fruit se trouve le plus souvent dans le pistil ; il est aussi quelquefois au-dessous ou au dessus. Dans presque toutes les plantes, l’extrémité du pistil est couverte de poils fistuleux, parsemée de petites veines, & ouverte par plusieurs fentes.

Le calice est la partie extérieure de la fleur, qui enveloppe les autres parties, ou les soûtient, ou qui les enveloppe & les soûtient. On doit donner aussi le nom de calice à la partie extérieure & postérieure qui se trouve dans quelques fleurs, & qui est différente des feuilles, des fleurs, & de leur pédicule. Il y a des fleurs qui ont des feuilles qui paroissent être un calice ; elles sont de vraies feuilles, lorsqu’elles ne servent ni d’enveloppe ni de capsule aux semences qui viennent après la fleur ; mais si ces prétendues feuilles restent & servent d’enveloppe ou de capsule aux semences, on doit leur donner le nom de calice.

M. de Tournefort ne considere pour la distribution méthodique des plantes, que la structure des fleurs ; il les divise d’abord en fleurs à feuilles, & en fleurs à étamines. Les premieres sont celles qui ont non-seulement des filets chargés de sommets, c’est-à-dire des étamines, mais encore des feuilles que l’on appelle pétales, flores petalodes ; les autres au contraire n’ont que des étamines sans pétales, flores staminei, seu capillacei & apetali : telles sont les fleurs de l’avoine, de l’arroche, de la bistorte, &c. Les chatons, nucamenta seu juli, sont des fleurs à étamines.

Les fleurs à feuilles sont simples ou composées. Les fleurs simples se trouvent chacune dans un calice : il y en a de plusieurs sortes ; les unes n’ont qu’une seule feuille coupée régulierement ou irrégulierement, telles sont les fleurs en cloche, flores campaniformes, c’est-à-dire les fleurs qui ont la figure d’une cloche, d’une campane, ou d’un grelot ; les autres ressemblent à un entonnoir, flores infundibuliformes, par exemple la fleur de l’oreille d’ours. Les fleurs en soûcoupe different des précédentes, en ce que leur partie supérieure a la forme d’un bassin plat, dont les bords sont relevés. Les fleurs des primeveres sont de cette espece. Les fleurs en rosette, flores rosati, ont la figure d’une mollette d’éperon ou d’une roue. Les fleurs en mufle, flores labiati, sont formées en-devant