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Filet, (Chasse, Pêche, &c.) ce sont des tissus à mailles plus ou moins larges, faites avec du fil ou de la ficelle, ou de la soie, pour prendre ou les poissons ou les oiseaux, &c.

Ces filets se font de la même maniere que ceux des jeux de paume, & autres.

Nous donnerons la maniere de les travailler à l’article Rets.

Filet se dit proprement, parmi les Blondiers, du brin doublé de plusieurs autres, dont on fait le toilé. Voyez Doubler & Toilé.

* Filet, (Armurier, Coutelier, Serrurier, & autres ouvriers tant en fer qu’en autres métaux.) c’est ainsi qu’on appelle une petite éminence longitudinale & linéaire exécutée sur certains endroits d’une piece, pour y servir d’ornement. Ces filets sont de grosseurs & formes différentes : il y en a qui sont contournés & circulaires, ils se font à la lime ; d’autres sont droits, & se peuvent faire avec un instrument fort simple. Imaginez un morceau d’acier très-fin, & trempé fort dur, au milieu duquel on ait pratiqué une fente du diametre ou de l’épaisseur qu’on veut donner au filet. Les côtés de cette fente sont très vifs & fort tranchans. En appuyant cet instrument sur un ouvrage où l’on veut tirer un filet droit, tel, par exemple, que le dos de la lame d’un couteau, & en observant de l’appliquer le long du dos de la lame du couteau, de maniere que dans le mouvement de cette espece de filiere, la fente corresponde toûjours au milieu de l’épaisseur du dos de la lame ; il est évident que la partie du dos correspondante à la fente de la filiere, entrera dans la fente à mesure que ses parties latérales seront coupées & enlevées par les côtés vifs & tranchans de la fente même ; & qu’il se formera ainsi une petite élevation qui regnera également tout le long & sur le milieu du dos de la lame du couteau. On appelle cette élevation un filet. On repare ensuite ce filet à la lime, c. à d. qu’on l’arrondit. Cette manœuvre est très-ingénieuse, & épargne beaucoup de tems & d’adresse que demanderoit, sans cette filiere, un ouvrage de cette nature. Au reste, autant j’admire les filets sur un certain genre d’ouvrage, autant je desapprouve cette espece de petite moulure sur tous ceux qui servent aux tables à manger, & dans d’autres occasions semblables ; la crasse s’y loge, & il faut un soin extrème pour y entretenir une propreté dont les formes simples & unies sont beaucoup plus susceptibles. Lorsque la partie d’une piece sur laquelle on se propose de former un filet, a une certaine épaisseur, on pratique au milieu de la filiere une échancrure où cette épaisseur puisse entrer, & s’avancer ; à mesure que le filet se forme par la fente pratiquée au milieu même de l’échancrure. On peut varier à l’infini la figure de ce petit instrument, selon les ouvrages & les endroits des ouvrages qu’on veut orner d’un filet ; mais la partie essentielle de cet instrument, celle qui l’exécutera toûjours & qui ne variera pas, c’est la fente & ses côtés tranchans. On pourroit rapporter cette filiere au genre des rabots.

Filet, (Couvreur.) est le plâtre qui se met au haut du comble qui porte contre un mur, comme les appentis.

Filet, (Horlog.) nom que les Horlogers donnent à une petite partie saillante qui regne ordinairement tout-autour d’un corps. Le nom de filet vient vraissemblablement de ce qu’il fait un effet pareil à celui que feroit un fil qu’on auroit roulé autour d’un corps. Voyez l’article Filet, (Coutell.) comme il s’exécute quand il est droit. (T)

Filet, en terme d’Orfévre en grosserie ; c’est un trait qu’on exécute le long des cuilleres & des fourchettes, & qui regne ordinairement le long de la spatule

des cuilleres & fourchettes, jusqu’au cuilleron, & quelquefois même borde aussi le cuilleron.

Filet se dit aussi généralement, en terme d’Orfévre, d’un trait formé à l’onglette, & qui regne au bas des moulures. On borde presque tous les creux dans les ornemens de gravûres.

Filets, terme de Paumiers ; c’est ainsi qu’on nomme de grands réseaux faits de ficelle, qu’on place sous la corde, dans le dedans, au galeries, & autour des jours qui font au haut des jeux de paume, pour arrêter les balles qu’on y jette. Voyez Jeu de Paume. Voyez aussi Filet (Pêche & Chasse) ; ils se font de même.

Filet, (Relieur.) voyez Palette & Roulette.

Filet, (Serrurerie.) est un ornement qui s’exécute au bout d’un bouton, & qui est la même chose que ce qu’on appelle en Architecture, congé.

Il se dit aussi du pas de la vis qui est cavé ou tranchant ; c’est ce qui fait qu’on dit, une vis à double, triple filet ou pas.

Filet. Les Tireurs d’or appellent filet, un trait d’or ou d’argent battu & devidé sur de la soie.

Filet, en Blason, signifie une espece de bord ou bordure qui comprend le tiers ou le quart de la largeur d’une bordure ordinaire. Voyez Bordure.

On suppose que le filet est tiré du haut en-bas, qu’il est d’une autre couleur que l’écusson, & qu’il tourne tout-autour proche du bord, comme un galon sur un manteau.

Filet est un terme dont on se sert aussi pour signifier une des pieces de l’écusson qui est tirée, comme la barre, du point gauche du chef à-travers l’écusson, en maniere d’écharpe ; cependant on la voit aussi quelquefois dans la position d’une bande, d’une fasce, d’une croix, &c. Voyez le P. Ménétrier.

Suivant Guillim, le filet est la quatrieme partie du chef, & il est placé dans le chef-point de l’écusson. Voyez Chef.

FILEUR, s. m. terme de Corderie, est un artisan qui, en fournissant une quantité toûjours égale de chanvre, s’éloigne du roüet en reculant, & donne lieu à l’action de la roue qui tortille le chanvre & en forme des fils.

On distingue deux sortes de fileurs, savoir les fileurs à la ceinture, & les fileurs à la quenouille.

Les fileurs à la ceinture sont ceux qui en travaillant portent le chanvre attaché autour d’eux, comme une ceinture. Voyez les Planches de Corderie.

Les fileurs à la quenouille sont ceux qui attachent les peignons à une perche de sept à huit piés qu’ils portent à leur côté.

L’une & l’autre de ces deux méthodes a ses inconvéniens. Il semble que le fil qu’on a filé à la quenouille doit être plus fort, par la raison que le chanvre s’y trouve dans toute sa longueur ; mais aussi cela occasionne un déchet considérable, en ce que les brins courts tombent par terre. Cet inconvenient ne se rencontre pas quand on file à la ceinture.

Soit que le fileur travaille à la ceinture ou bien à la quenouille, voici comment il s’y prend. Tandis qu’un homme se met à la manivelle du roüet pour tourner la roue, le fileur prend un peignon qu’il ajuste à sa ceinture ou à sa quenouille ; & ayant fait une petite boucle de chanvre, il l’engage dans le crochet d’une molette. Comme la molette tourne, le chanvre qu’il y a attaché se tortille ; & le fileur fournissant du chanvre à mesure qu’il recule, commence à former un bout de fil : pour lors il prend dans sa main droite un bout de lisiere (V. Corderie) qu’on nomme une paumelle ; & en ayant enveloppé le fil qui est déjà fait, il serre fortement la main & tire à lui : en tirant ainsi, il empêche le fil de se tortiller sur lui-même & de se gripper ; & en serrant la main il retient le tortillement qu’imprime la roue,