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coup de tems, & souvent même n’y réussissoient-ils pas avec toute l’exactitude requise. Au moyen de ce fil, lorsqu’il est bien fait, ils sont délivrés de tout cet embarras ; & pour faire un pignon, l’ouvrage se réduit à passer une lime entre ses aîles, pour leur donner une figure & une épaisseur convenable.

L’invention du fil de pignon & celle de la machine à fendre, ont rendu deux grands services à l’Horlogerie pratique, en abregeant & perfectionnant beaucoup l’exécution des deux parties essentielles d’une montre, les roues & les pignons.

Les Anglois sont les premiers qui ont fait de ce fil ; les Génevois ont tenté de les imiter, mais avec peu de succès, leur fil étant encore fort imparfait : aussi les Horlogers le tirent-ils presque tout d’Angleterre. Plusieurs personnes avoient tenté à diverses reprises d’en faire dans ce pays-ci, mais infructueusement. M. Fournier, faiseur de ressorts, l’entreprit aussi, & n’y réussit pas mieux. Enfin M. Blackey, habile faiseur de ressorts, a réussi à en faire d’aussi parfaits que les Anglois ; on peut dire même qu’ils les a surpassés, en ce qu’il en fait de très-gros pour les pignons des pendules, ce qu’ils ne font pas. L’Académie royale des Sciences ayant donné en 1744 un certificat fort avantageux de sa machine, il a obtenu en conséquence un privilége exclusif de 15 ans, pour faire de ce fil. (T)

* Fil à lisse, (Manuf. en soie.) les lisses sont fort sujettes à se casser : le fil dont elles sont faites se coupe à l’endroit de la jonction des deux parties qui les composent, par le passage continuel des soies de chaîne, voy. Lisses ; lorsqu’on s’apperçoit de cet accident, il faut y remedier ; on prend les deux bouts de la partie cassée, que l’on noue ensemble près du lisseron, le superflu est coupé près de ce nœud, puis on passe un brin de fil dans la partie restée entiere pour former la bouclette détruite ; les bouts de ce brin vont s’attacher au nœud fait auprès du lisseron, & le mal est réparé : l’ouvrier a toûjours à son métier une lisse de ces brins de fil coupés de longueur convenable, pour subvenir au besoin.

Fil de metal, (Tireur d’or.) est un morceau de metal qu’on a réduit à un très-petit diametre, en le faisant passer par un petit trou rond fait dans de l’acier.

Les fils de metal sont communément si fins, qu’on peut les travailler avec des fils de soie, de laine & de chanvre. Ils font un article considérable des manufactures.

Les metaux qu’on tire le plus communément, sont l’or, l’argent, le cuivre, le fer.

Fil d’or : ce qu’on appelle fil d’or est un lingot cylindrique d’argent recouvert d’or, lequel on a fait passer successivement par un grand nombre de trous de plus petits en plus petits, jusqu’à ce qu’il soit arrivé à être plus fin que les cheveux. Cette prodigieuse ductilité est un des caracteres distinctifs de l’or ; elle est portée à un point qu’on auroit de la peine à imaginer. M. Halley a fait voir qu’un cylindre d’argent du poids de 48 onces, & recouvert d’une once d’or, donnoit un fil dont deux aulnes ne pesoient qu’un grain, ensorte que 98 aulnes de ce fil ne pesoient que 49 grains, c’est-à-dire qu’un seul grain d’or couvroit 98 aulnes. Par ce moyen la dix-millieme partie d’un grain couvre plus d’un demi-pouce.

Le même auteur en calculant l’épaisseur que doit avoir l’or qui entoure ce fil, trouve qu’elle ne peut être que la partie d’un pouce. Cependant elle couvre si parfaitement l’argent, qu’on ne voit point même avec le microscope aucun endroit où l’argent paroisse.

M. Rohaut a remarqué qu’un semblable cylindre d’argent couvert d’or, de deux piés 8 pouces de long & de 2 pouces 9 lignes de tour, donnoit après avoir

été tiré, un fil de 307200 piés de long, c’est-à-dire qu’il parvenoit à avoir 115200 fois sa premiere longueur.

M. Boyle rapporte que 8 grains d’or employés à couvrir un lingot d’argent, fournissent communément jusqu’à la longueur de treize mille piés. Voyez Or, & la méthode de le tirer, & l’article Ductilité. Chambers.

Fil d’argent : ce fil se fait de la même maniere que le fil d’or ; on prend simplement un lingot d’argent qui ne soit point doré. Voyez Or.

Il y a aussi des fils qui imitent l’or & l’argent : le premier est fait d’un cylindre de cuivre argenté d’abord, & ensuite doré ; le second est simplement fait de cuivre argenté. On les tire de la même maniere que les fils d’or & d’argent.

Le fil de cuivre se tire encore de la même maniere que les précédens ; on en a de toutes les grosseurs, suivant les différens emplois qu’on en veut faire. Le plus fin est employé pour les instrumens de musique, comme clavecins, harpe, psalterion, &c. Voyez Corde. Les Epingliers font aussi une grande consommation de fil de cuivre de différentes grosseurs. Voyez Epingle.

Le fil de fer est nommé communément fil d’archal : la raison de cette dénomination est peu connue. M. Menage, célebre étymologiste, tire ce nom de filum & aurichalcum ; mais d’autres plus versés dans les matieres de commerce, prétendent que Richard Archal fut le premier inventeur de la maniere de tirer le fil de fer, & qu’il lui donna son nom.

Il y a aussi du fil d’archal depuis pouce jusqu’à de pouce de diametre. Les plus petits sont employés dans les instrumens de Musique, principalement pour les clavecins.

La Suede fournit beaucoup de fil d’archal aux autres nations.

Le premier fer qui coule de la mine lorsqu’on la fond, étant le plus doux & le plus fort, est conservé pour en faire du fil d’archal. Chambers.

* Fil de lacs, (Manuf. en soie.) fil à trois bouts & fort, servant à arrêter par un entrelacement successif & déterminé, toutes les cordes que la liseuse a retenues avec l’embarbe, en lisant ou projettant le dessein sur le semple. Je dis en projettant ; car tout l’art des étoffes figurées n’est qu’une projection de dessus le papier reglé, où le dessein a été tracé sur le semple, & de dessus le semple sur la chaîne dont la trame ou l’ourdissage arrête différens points diversement colorés & diversement distribués, qui exécutent le dessein ; artifice qui, s’il avoit été imaginé par un seul homme, montreroit autant de sagacité & d’étendue qu’il étoit possible d’en avoir ; mais c’est l’invention de plusieurs hommes qui l’ont perfectionné successivement.

Fil de remisse, (Manuf. en soie.) fil très-fin à trois bouts, qui sert à faire les mailles des lisses dans lesquelles sont passés les fils de la chaîne.

Fil de chaînette, terme de Tissérand. C’est du gros fil ou de la petite ficelle dont les Tisserands forment la partie de leur métier, qu’ils nomment des chaînettes, parce qu’elles servent à lever ou baisser les fils de la chaîne, à-travers desquels ils lancent la navette. Voyez Chaînette.

Fil de lisse, c’est une espece de fil ou ficelle médiocrement grosse, dont les ouvriers qui travaillent avec la navette, se servent pour monter leurs métiers & en faire ce qu’ils appellent des lisses. Voyez Lisses.

Fil d’ouvreau, (Verrerie.) Voyez Ouvreau & l’article Verrerie.

Fil ou Lambel, en Blason, c’est une piece d’armoirie qui a quelquefois plus & quelquefois moins de points, & qui fait la différence ou distinction du second fil.