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Si la quantité de fils préparés de cette façon, exige qu’il y ait un grand nombre de moulins de cette espece dans le royaume, celle de la laine pure, celle de la soie mêlée avec de la laine, celle du poil de chevre, & celle de la soie, en doivent augmenter considérablement le nombre.

La longueur du fil & son poids étant donnés, il est clair que sa finesse est d’autant plus grande qu’il y a plus de longueur & moins de poids, ou que sa finesse est, comme disent les Géometres, en raison composée de la directe de sa longueur & de l’inverse de son poids. On exprime ce rapport par des numero qui vont depuis 3 jusqu’à 400.

Les fils les plus connus sont ceux d’Epinay en Flandres, de Flandres ; le fil à gant ; le fil à marquer ; les fils de Malines, d’Anvers & de Hollande ; celui de Malines est si fin qu’on l’apperçoit à peine, & qu’il faut le garantir de l’impression de l’air ; il s’employe sur-tout en dentelles ; on parle encore du fil de Rennes, de celui de Cologne, qui se file à Morlaix, & des fils de Normandie.

Fil de la Vierge, (Phys.) Le peuple appelle ainsi certains filamens blancs, & quelquefois assez épais, qu’on voit voltiger en l’air dans les jours d’été pendant les grandes chaleurs. On a crû autrefois que c’étoit une espece de rosée d’une nature terrestre & visqueuse, que la chaleur du soleil condensoit pendant le jour. On croit aujourd’hui assez communément que ce sont des toiles d’araignées, emportées & dispersées par le vent : nous ne sommes ici qu’historiens, & nous ne prétendons garantir ni l’une ni l’autre de ces explications. Je croirois volontiers que les petits filamens très-fins, dont on voit les plantes couvertes en certains jours d’été, peuvent être en partie produits par les araignées des champs, appellées faucheux ; mais je ne voudrois pas assûrer que tous ces filamens, dont le nombre est si considérable, fussent leur ouvrage ; encore moins, que tous les filamens épais que l’on voit voltiger dans l’air un beau jour d’été, ne soient produits que par ces insectes : quelle en est donc la cause ? je crois qu’on l’ignore, ou du moins qu’on n’en est pas bien assûré. (O)

Fil de pieux (Hydr.) C’est un rang de pieux équarris & couronnés d’un chapeau arrêté à tenons & mortoises, ou attaché avec des chevilles de fer, pour retenir les berges d’une riviere, d’un étang, ou pour conserver les turetes & chaussées des grands chemins. (K)

Fil-de-fer (Chimie métallurg.) instrument, au moyen duquel on résume les matieres contenues dans les tarts, coupelles, creusets : on en a de différentes grosseurs ; celui, par exemple, qui sert à faire descendre les charbons par l’œil du fourneau d’essai, peut avoir trois ou quatre lignes de diametre, & est garni d’un manche : la longueur & l’usage des autres détermine leur grosseur : il est cependant bon d’observer qu’il vaut mieux les prendre trop gros que trop petits ; parce que pour lors ils font ressort & font sauter les matieres des essais, qui deviennent faux par-là. Il y en a de droits, de courbés, & de crochus.

Quand il s’agit d’une grande exactitude ou d’une grande propreté dans les opérations, on a autant de fil-de-fer que de vaisseaux exposés au feu. On leur donne ce même ordre, & l’on évite par cette précaution de rendre un essai faux ou de changer la couleur d’une vitrification, en transportant & mêlant les matieres d’un vaisseau avec celles d’un autre. Voyez Crochet-de-fer, Essai, & nos Planches de Chimie. Article de M. de Villiers.

Fil, terme de bâtiment ; c’est dans la pierre & le marbre une veine qui les coupe, voyez l’article Pierre. (P)

Fil, terme de Cordier, est l’assemblage d’un grand nombre de filamens de chanvre tortillés ensemble par l’action de la roue.

Pour que le fil soit bien conditionné, il faut 1°. qu’il soit uni, bien serré & bien égal : 2°. qu’il n’ait point de meche, & que le chanvre soit roulé en ligne spirale.

A l’égard de la grosseur du fil, elle dépend de la qualité du chanvre : le chanvre bien affiné doit être filé plus fin que celui qui l’est moins : en général le fil le plus fin porte trois lignes & demie de tour, & le plus gros ne doit pas passer six lignes.

Pour ce qui regarde la maniere de fabriquer le fil, voyez l’article Corderie.

Fil : ce mot dans la Marine est appliqué à différens usages ; par exemple,

Fil à gargousses, c’est du fil de chanvre à l’ordinaire, avec lequel on coud les gargousses.

Fil de voile, de frée, du treusier ; on lui donne ce nom, parce qu’il sert à coudre les voiles ; c’est un fil gros comme le ligneul des Cordonniers.

Fil blanc ; c’est celui qui n’est pas passé dans le gaudron.

Fil gaudronné ; c’est celui qui a passé dans le gaudron chaud.

Fil de caret ; on donne ce nom à de gros fil qui sert à faire les cordages. Dans les corderies du roi on n’est pas encore bien d’accord sur la grosseur que les fileurs doivent donner à ce fil, pour le rendre meilleur & plus propre à faire de bons cordages : il en est de même du degré de tortillement ; mais en général on prétend que lorsqu’il est filé fin & moins tors, les cordages en ont plus de force & sont meilleurs : mais communément les fileurs donnent au fil les uns trois lignes ou trois lignes & demie de circonférence ; d’autres 4 à 5 lignes, & quelques-unes même vont jusqu’à six & sept lignes, & chacun prétend avoir attrapé le point de perfection. Mais si l’on veut approfondir cette partie, il faut voir ce qu’en a écrit M. Duhamel dans son excellent Traité de la fabrique des manœuvres pour les vaisseaux, &c. à Paris de l’Imprimerie royale, 1747.

Le fil de caret est aussi le fil qu’on tire d’un des cordons de quelque vieux cable coupé par piece ; ce fil est d’un grand usage sur la mer pour raccommoder des manœuvres rompues : dans un vaisseau de guerre il faut avoir au moins 300 livres de ce fil. (Z)

Fil ciré, chez les Bourreliers, est du fil de Cologne plié en plusieurs doubles retordus à la main, & frotés de cire blanche : ces artisans s’en servent principalement pour exécuter sur différentes pieces d’harnois des compartimens, des desseins ou broderies, qu’on y pratique par maniere d’ornemens ; on se sert aussi de ce fil pour oüaler, & même pour coudre les ouvrages les moins grossiers de la profession.

Fil de Cologne, est un fil blanc qui sert aux Cordonniers, pour coudre aussi les souliers, lorsque l’on veut que les points paroissent blancs.

Fil gros, est du fil de chanvre que les Cordonniers mettent en plusieurs brins qu’ils frotent avec de la poix, & leur sert à coudre les souliers : chaque extrémité du fil est armée d’une soie de sanglier qui lui sert d’aiguille, pour le pouvoir passer dans les trous que l’alêne a faits.

Fil de pignon, nom que les Horlogers donnent à du fil d’acier, cannelé en forme de pignon. Voyez dans les Planches de l’Horlogerie ; on y a représenté un bout de fil de pignon de sept. Avant que l’on eût trouvé le moyen de faire de ce fil, ils étoient obligés de fendre eux-mêmes leurs pignons. Cette opération, quoique simple en elle-même, est fort difficile par la précision que l’on doit apporter à rendre toutes les ailes parfaitement égales, de même que les fentes qui les séparent. Aussi leur prenoit-elle beau-