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demande le même traitement que l’érésipele maligne, nous renvoyons le lecteur à l’article Erésipele.

Le feu persique se manifeste souvent au-dessus du nombril par une grande tache qui s’étend ensuite, & forme autour du corps une espece de ceinture, large de quelques pouces, accompagnée d’une ardeur violente & de pustules acres & corrosives, qui brûlent comme le feu. Cette érésipele est fort dangereuse dans les vieillards cacochymes ; elle l’est encore davantage, lorsqu’elle se manifeste dans les fievres pestilentielles sous les mammelles, les aisselles, sur le bas-ventre, le nombril, les aines, la région du cœur, & sur les autres parties glanduleuses du corps. Si la tache ou ceinture qui caractérise le feu persique, au lieu d’être rouge, se trouve de couleur livide & plombée, on remarque que cette lividité dégénere assez promptement en une gangrene mortelle. J’en ai vû le triste exemple une seule fois, & le malade déjà sexagénaire, périt en 24 heures, sans presque aucune souffrance. Platérus a décrit cette maladie sous le nom de macula lata, mais il n’en a pas indiqué les causes ; & par malheur les remedes ne sont que trop communément inutiles, si la nature ne fait par sa vigueur le principal de la guérison. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feu, (terre de) Géogr. Voyez Terre de feu, ou Terra del fuego.

Feu, (Littérat.) Après avoir parcouru les différentes acceptions de feu au physique, il faut passer au moral. Le feu, sur-tout en poésie, signifie souvent l’amour, & on l’employe plus élégamment au pluriel qu’au singulier. Corneille dit souvent un beau feu, pour un amour vertueux & noble : un homme a du feu dans la conversation, cela ne veut pas dire qu’il a des idées brillantes & lumineuses, mais des expressions vives, animées par les gestes. Le feu dans les écrits ne suppose pas non plus nécessairement de la lumiere & de la beauté, mais de la vivacité, des figures multipliées, des idées pressées. Le feu n’est un mérite dans le discours & dans les ouvrages que quand il est bien conduit. On a dit que les Poëtes étoient animés d’un feu divin, quand ils étoient sublimes : on n’a point de génie sans feu, mais on peut avoir du feu sans génie. Article de M. de Voltaire.

FEUDAL, (Jurisprud.) est le même que féodal. Voyez ci-devant Féodal. (A)

FEUDATAIRE, (Jurispr.) est celui qui tient un héritage en fief de quelqu’un ; le vassal ou seigneur du fief servant est feudataire du seigneur dominant. Voyez Fief & Vassal. (A)

FEUDE, (Jurispr.) du latin feudum, se disoit anciennement pour fief. Voyez ci-après Fief. (A)

FEUDISTE, (Jurispr.) c’est une personne versée dans la matiere des fiefs : on dit quelquefois un auteur ou docteur feudiste, ou simplement un feudiste. (A)

FEVE, s. f. faba (Hist. nat. bot.) ; genre de plantes à fleurs papilionacées ; le pistil sort du calice, & devient dans la suite une gousse longue, qui renferme des semences applaties, & faites à-peu-près en forme de rein : ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les tiges sont fermes & garnies de feuilles rangées par paires sur une côte terminée par une petite pointe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Feve, (Jardinage.) Boerhaave compte six especes de ce genre de plante, & Tournefort huit ; mais il suffira de décrire la principale, que les Botanistes appellent faba major, & les François feve de jardin ou de marais. Voyez donc Feve de jardin, (Botan.)

Dodonée donne le nom de boona à la graine de

cette plante ; les Allemands disent boon, les Anglois bean, & les habitans de la Lombardie bajana.

Ce fruit légumineux est un de ceux qui peuvent le mieux servir à découvrir la nature & la structure des graines en général. On distingue dans celle-ci, outre ses deux peaux, trois parties qui la composent ; de plus son corps est partagé en deux lobes, dont l’un est appellé la radicule, & l’autre la plume ; la radicule devient la racine de la plante, & la plume forme sa tige, portant feuilles & fleurs : c’est dans la plume qu’existent les feuilles de la feve délicatement roulées, & déjà formées dans le même état où elles doivent se déployer hors de terre.

Les parties organiques & similaires de la feve sont, 1°. la cuticule qui se nourrit, croît avec la feve, & s’étend sur toute sa surface ; 2°. le parenchyme qui est le même dans les lobes, la radicule, la plume, & le corps de la feve ; 3°. le corps intérieur, distribué partout le parenchyme, & que Grew nomme la racine séminale, & distingue de la radicule. Dans la racine qui est composée d’une pellicule, d’une partie corticale, & d’une partie ligneuse, se trouve souvent une espece de moëlle douce & pulpeuse. Voyez ici l’anatomie des plantes du célebre auteur anglois ; car comme il n’est pas possible d’entrer dans les détails, nous ajoûterons seulement, que suivant les observations de Boyle, l’expansion de la feve dans sa croissance, est si considérable, qu’elle peut élever un corps chargé de cent livres de poids. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Féve de jardin, (Botaniq.) faba, Raii hist. 909. faba major hortensis, Off. faba flore candido lituris nigris conspicuo, C. B. P. 338. faba cyamos, J. B. 2. 278. faba major recentiorum, Lob. Icon. 57. &c.

La racine de féve de jardin ou de marais, comme on dit à Paris, est en partie droite & en partie rempante, garnie de tubercules & de fibres : ses tiges sont hautes de deux coudées & plus, quadrangulaires, creuses, couvertes de plusieurs côtes qui naissent par intervalles, terminées en pointe, auxquelles sont attachées des paires de feuilles sans symmétrie, au nombre de trois, de quatre, de cinq, ou davantage, oblongues, arrondies, un peu épaisses, bleuâtres, veinées, & lisses.

Ses feuilles naissent plusieurs en nombre des aisselles des côtes sur un même pédicule, rangées par ordre & du même côté : elles sont légumineuses ; la feuille supérieure ou l’étendard est blanc, pannaché de veines purpurines, & pourpré à sa base ; les feuilles latérales ou les aîles, sont noires au milieu, & blanches à leur bord ; la feuille inférieure ou la carine, carina, est verdâtre.

Leur calice est verd, partagé en cinq quartiers ; il en sort un pistil qui se change dans la suite on une gousse longue, épaisse, charnue, velue, relevée, remplie de graines ou de feves, au nombre de trois, de quatre, de cinq, & rarement d’un plus grand nombre : elles sont oblongues, larges, applaties, en forme de rein, grosses, & pesant quelquefois une demi-dragme ; ordinairement elles sont blanches, quelquefois rouges ; elles ont une marque longue & noire à l’endroit où elles sont attachées à leur gousse. L’écorce de cette feve est épaisse, & comme coriace, sa substance intérieure étant desséchée, est dure, solide, & se partage aisément en deux parties, entre lesquelles se trouve a une des extrémités la plontale, qui est très-apparente.

Après que cette plante a donné sa graine, elle se desseche entierement. Les feves vertes & mûres sont des légumes dont on mange souvent ; on les cultive beaucoup dans toute l’Europe.

Mais il regne une grande dispute parmi les Botanistes, pour savoir si notre feve ou le boona de quelques modernes (boon par les Allemands, & bean par