Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lées et préparées, mais qui ne sont ni assemblées, ni montées, ni barrées, ni réliées de cerceaux.

* FAGOTINES, s. f. (Commerce de soie.) ce sont des petites parties de soie faites par des particuliers. Ces soies ne sont point destinées pour des filages suivis ; elles sont très-inégales, parce qu’elles ont été travaillées par différentes personnes ; quoique ces personnes se soient assujetties scrupuleusement aux statuts des réglemens, il est impossible d’en former un ballot qui ne soit pas très-défectueux. Voyez l’article Soie. Nous n’avons en France presque que des fagotines. Il y a trop peu d’organsin de tirage pour suffire à la quantité d’ouvrage qu’on fabrique.

* FAGUTAL, s. m. (Myth.) ce fut un temple de Jupiter, qui fut ainsi nommé de l’arbre que les anciens appelloient fagus, hêtre ; cet arbre étoit consacré à Jupiter, & le hasard voulut qu’il s’en produisît un dans son temple, qui en prit le surnom de fagutal. D’autres prétendent que le fagutal fut un temple de Jupiter, élevé dans le voisinage d’une forêt de hêtres. Ils en apportoient pour preuve que la partie du mont Esquilin qu’on appelloit auparavant mons Appius, s’appella dans la suite fagutalis. Par la même raison, il y en a qui conjecturent que Jupiter fagutal est le même que Jupiter de Dodone, dont la forêt, disent-ils, étoit plantée de hêtres, fagi.

FAHLUN ou COPERBERG, (Géog.) ville de Suede en Dalécarlie, renommée par ses mines de cuivre. Voy. Cuivre. Elle est à 12 lieues O. de Gévali. Long. 33. 25. lat. 60. 30.

FAIDE, s. m. (Jurisp.) en latin faida, faidia ou feyda, seu aperta simultas, signifioit une inimitié capitale & une guerre déclarée entre deux ou plusieurs personnes. On entendoit aussi par faide en latin faidosus ou diffidatus, celui qui s’étoit déclaré ennemi capital, qui avoit déclaré la guerre à un autre ; quelquefois aussi faide signifioit le droit que les lois barbares donnoient à quelqu’un de tirer vengeance de la mort d’un de ses parens, par-tout où on pourroit trouver le meurtrier : enfin ce même terme signifioit aussi la vengeance même que l’on tiroit, suivant le droit de faide

L’usage de faide venoit des Germains, & autres peuples du Nord, & singulierement des Saxons, chez lesquels on écrivoit kœhd ou kehd ; les Germains disoient wehd, fhede & ferde ; les peuples de la partie septentrionale d’Angleterre disent feuud ; les Francs apporterent cet usage dans les Gaules.

Comme le droit de vengeance privée avoit trop souvent des suites pernicieuses pour l’état, on accorda au coupable & à sa famille la faculté de se redimer, moyennant une certaine quantité de bestiaux qu’on donnoit aux parens de l’offensé, & qui faisoit cesser pour jamais l’inimitié. On appella cela dans la suite componere de vitâ, racheter sa vie ; ce qui faisoit dire sous Childebert II. à un certain homme, qu’un autre lui avoit obligation d’avoir tué tous ses parens, puisque par-là il l’avoit rendu riche par toutes les compositions qu’il lui avoit payées.

Pour se dispenser de venger les querelles de ses parens, on avoit imaginé chez les Francs d’abjurer la parenté du coupable, & par-là on n’étoit plus compromis dans les délits, mais aussi l’on n’avoit plus de droit à sa succession : la loi salique, & autres lois de ce tems, parlent beaucoup du cérémonial de cette abjuration.

Le faide étoit proprement la même chose que ce que nous appellons deffi, du latin diffidare ; en effet, Thierry de Niem, dans son traité des droits de l’empire, qu’il publia en 1412, dit, en parlant d’un tel deffi : imperatori græco qui tunc erat bellum indixit, eumque more saxonico diffidavit.

Il est beaucoup parlé de faide dans les anciennes lois des Saxons, dans celles des Lombards, & dans les capitulaires de Charlemagne, de Charles-le-Chauve

& de Carloman : le terme faida y est pris communément pour guerre en général ; car le roi avoit sa faide appellé faida regia, de même que les particuliers avoient leurs faides ou guerres privées.

Porter la faide ou jurer la faide, c’étoit déclarer la guerre ; déposer la faide ou la pacifier, c’étoit faire la paix.

Toute inimitié n’étoit pas qualifiée de faide, il falloit qu’elle fût capitale, & qu’il y eût guerre déclarée ; ce qui arrivoit ordinairement pour le cas de meurtre ; car suivant les lois des Germains, & autres peuples du Nord, toute la famille du meurtrier étoit obligée d’en poursuivre la vengeance.

Ceux qui quittoient leur pays à cause du droit de faide, ne pouvoient pas se remarier, ni leurs femmes non plus.

Ce terme de faide étoit encore en usage du tems de S. Louis, comme on voit par un édit de ce prince du mois d’Octobre 1245, où il dit : mandantes tibi quatenus de omnibus guerris & faidiis tuæ balliviæ, ex parte nostrâ capias & dari facias rectas trenges ; dans la suite on ne se servit plus que du terme de guerre privée, pour designer ces sortes d’inimitiés, & ces guerres privées furent défendues.

Sur le mot faide, on peut voir Spelman & Ducange en leurs glossaires, & la dissertation 29 de Ducange sur Joinville, touchant les guerres privées. Voyez aussi les lettres historiques sur le parlement, tom. I. pag. 103 & 104. (A)

* FAILINE, s. f. (Commerce d’étoffes.) serge dont la chaîne a 880 fils, la portée 40 fils, v compris les lisieres ; la largeur au retour du foulon, une demi-aune, & les rots trois quarts & demi : elle se fabrique dans la Bourgogne. Voyez les réglemens sur le commerce.

* FAILLE, (sœur de la) Hist. ecclés. certaines hospitalieres, ainsi appellées de leurs grands manteaux. Un chaperon qui tenoit par en-haut à ce long manteau, leur couvroit le visage, & les empêchoit d’être vûes : elles servoient les malades : elles étoient vêtues de gris ; & c’étoit une colonie du tiers-ordre de S. François.

* FAILLES, s. f. (Commerce.) taffetas à failles. C’est une étoffe de soie à gros grain, qui se fabriquoit en Flandre, où elle prit son nom de l’ajustement que les femmes en faisoient : c’est une écharpe qu’elles appelloient failles.

FAILLI, (Jurisprud.) c’est la personne qui est en faillite. Voyez ci-après Faillite. (A)

Failli, adj. en Blason, se dit des chevrons rompus en leurs montans.

Maynier d’Opede en Provence, d’azur à deux chevrons d’argent, l’un failli à dextre, l’autre à senestre, c’est-à-dire rompus sur les flancs & séparés.

FAILLITE, s. f. (Jurisprud.) decoctio bonorum, est lorsqu’un marchand ou négociant se trouve hors d’état, par le dérangement de ses affaires, de remplir les engagemens qu’il a pris relativement à son commerce ou négoce, comme lorsqu’il n’a pas payé à l’échéance les lettres de change qu’il a acceptées ; qu’il n’a pas rendu l’argent à ceux auxquels il a fourni des lettres qui sont revenues à protêt, & lui ont été dénoncées, ou lorsqu’il n’a pas payé ses billets au terme connu ; ainsi faire faillite, c’est manquer à ses créanciers. On confond quelquefois le mot de faillite avec celui de banqueroute ; & quand on veut exprimer qu’il y a de la mauvaise foi de la part du débiteur qui manque à remplir ses engagemens, on qualifie la banqueroute de frauduleuse ; mais les ordonnances distinguent la faillite de la banqueroute.

La premiere est lorsque le dérangement du débiteur arrive par malheur, comme par un incendie, par la perte d’un vaisseau, & même par l’impéritie & la négligence du débiteur, pourvû qu’il n’y ait