Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/982

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La quarte sur les armes, l’octave, la flanconade, qui se tirent au-dehors de l’épée, le poignet étant dans la position moyenne. Toutes ces bottes doivent être soûtenues par l’opposition la plus exacte.

Tous ces coups que l’ennemi peut porter dans leurs sens divers, obligent aux parades. On pare les coups de l’ennemi en frappant vivement & séchement son fer avec le sien, employant l’opposition la plus exacte & les différentes positions du poignet, suivant les cas ; observant de ne point parer de la pointe de l’épée, mais de la tenir toûjours dirigée vers l’ennemi.

La parade de quarte s’exécute en-dedans de l’épée par le poignet qui tombe en supination, & qui forme opposition.

La parade du demi-cercle s’exécute de même, mais est précédée d’un mouvement demi-circulaire du poignet, qui ramasse les coups portés bas de dehors en-dedans.

La parade de tierce haute, de tierce basse, s’exécute par l’opposition du poignet qui tombe en pronation dehors l’épée.

La parade de quarte sur les armes, d’octave, se forme dehors l’épée par l’opposition du poignet qui est dans une position moyenne.

La parade de prime exige la pronation du poignet, mais a lieu en-dedans de l’épée.

Quelques personnes parent d’une main, & tirent de l’autre ; ce qui paroît fort naturel & fort avantageux.

On peut placer ici les voltes qui ne sont que de certaines évolutions du corps, par lesquelles on s’éloigne soit à gauche, soit à droite, soit à demi, soit en entier de la ligne sur laquelle on attendoit l’ennemi. Ces évolutions tiennent lieu de parade contre un adversaire furieux qui s’élance sans regle & sans mesure. On peut mêler ses parades à l’infini, & déconcerter les desseins d’un adversaire : quand on s’est exercé à exécuter chaque botte, on apprend à les faire succéder à propos les unes aux autres, c’est-à-dire à former de feintes attaques.

Les principales sont les bottes de quarte en tierce, de tierce en quarte, les coulés sur le fer, &c.

On ne finiroit pas si on vouloit détailler toutes les feintes qui varient à l’infini, suivant les circonstances.

Lorsque l’athlete sait exécuter toutes les bottes, & les faire succéder avec vîtesse ; lorsqu’il sait former ses parades, les mêler, le maître d’escrime lui enseigne l’art de se servir à propos de ces coups & de ces parades, en lui présentant les occasions favorables de les mettre en usage avec précision, & par-là lui présente les accidens d’un combat dans lequel les coups se succedent en tout sens, suivent les parades, les précedent, &c. & cette image du combat s’appelle l’assaut.

Voici quelques préceptes généraux d’assaut, qu’on peut regarder comme des corollaires de ce qui précede.

I. Corollaire. Il faut se méfier de l’ennemi, & ne pas le craindre.

II. L’ennemi hors de mesure ne peut atteindre son estocade.

III. L’ennemi ne peut entrer en mesure sans avancer le pié gauche.

IV. L’ennemi en mesure ne peut porter l’estocade sans remuer le pié droit.

V. Quand on rompt la mesure il est inutile de parer.

VI. Si l’on n’est pas sûr de parer l’estocade, on rompt la mesure.

VII. Il ne faut jamais entrer en mesure sans être prêt à parer, car vous devez vous attendre que l’ennemi prendra ce tems pour vous porter une botte.

VIII. N’attaquez jamais l’ennemi par une feinte lorsque vous êtes en mesure ; car il pourroit vous prendre sur le tems, soit d’aventure ou de dessein prémédité. Voyez Tems, Estocade.

IX. Ne confondez pas la retraite avec rompre la mesure.

X. Quand l’ennemi rompt la mesure sur votre attaque, poursuivez-le avec feu & avec prudence.

XI. Quand il rompt la mesure de lui-même, ne le poursuivez pas ; car il veut vous attirer.

XII. Les battemens d’épée se font toûjours en mesure ; car hors de mesure ils seroient sans effet, puisqu’on ne pourroit saisir l’instant où l’on auroit ébranlé l’ennemi.

XIII. En mesure, on n’entreprend jamais une attaque en dégageant sans être prêt à parer l’estocade que l’ennemi vous pourroit porter sur ce tems.

XIV. Les plus grands mouvemens exposent le plus aux coups de l’ennemi.

XV. Lorsqu’on s’occupe d’un mouvement, quelque précipité qu’il soit, on se met en danger.

XVI. L’épée de l’ennemi ne peut être dehors & dedans les armes en même tems.

XVII. Pour éviter les coups fourrés, on ne détache jamais l’estocade d’une premiere attaque sans sentir l’épée de l’ennemi, & sans opposer.

XVIII. Quand on ne sent pas l’épée de l’ennemi, on ne détache l’estocade que lorsqu’il est ébranlé par une attaque.

XIX. La meilleure de toutes les attaques, est le coulement d’épée ; parce que le mouvement en est court & sensible, & qu’il détermine absolument l’ennemi à agir.

XX. A la suite d’un coulement d’épée, on peut faire une feinte pour mieux ébranler l’ennemi.

XXI. Ne détachez pas l’estocade où l’ennemi se seroit découvert, parce qu’il veut vous faire donner dedans ; mais si votre attaque le force à se découvrir, vous pouvez hardiment détacher la botte.

XXII. Toutes les fois que vous parez ou poussez, effacez. Voyez Effacer.

XXIII. Quand vous parez ou poussez, ayez toûjours la pointe plus basse que le poignet.

XXIV. Quand l’ennemi pare le dedans des armes, il découvre le dehors, & quand il pare le dehors, il découvre le dedans, &c.

XXV. On ne peut frapper l’ennemi que dehors les armes, ou dans les armes.

XXVI. Tenez toûjours la pointe de votre épée vis-à-vis l’estomac de l’ennemi.

XXVII. Si l’ennemi détourne votre pointe d’un côté, faites-la passer de l’autre en dégageant.

XXVIII. Que votre épée n’aille jamais courir après celle de l’ennemi, car il profiteroit des découvertes que vous lui feriez ; mais remarquez son pié droit, & n’allez à la parade que lorsqu’il le détache. Voyez Aller à l’épée.

XXIX. Après une attaque vive, faites retraite.

XXX. L’ennemi percera toûjours le côté qui est à découvert ; c’est pourquoi il ne faut pas allonger l’estocade sur cet endroit, mais feindre de la porter pour le prendre au défaut. Voyez Défaut.

Pour étudier plus en détail cette science, il faut lire Liancourt, la Batte, de Brie, Girard, Saint-Martin, &c. & sur-tout fréquenter l’arene. Voyez aux différens articles de cet Ouvrage chaque chose plus en détail, suivant la place qu’elle doit occuper dans l’ordre alphabétique. Voyez aussi nos Planches d’escrime avec leurs explications.

* ESCULANUS, s. m. (Myth.) dieu de l’airain.

* ESCULAPE, s. m. (Myth.) dieu de la Medecine. Il est fils d’Apollon & de Coronis ; il perdit sa mere ; il fut alaité par une chevre ; le centaure Chyron l’éleva ; il apprit de ce maître la Médecine & les