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ciales : mais nous avons tant de bons livres sur ce point, que je crois devoir y renvoyer.

Nous avons dans l’école militaire un modele d’éducation, auquel toutes les personnes qui sont chargées d’élever des jeunes gens, devroient tâcher de se rapprocher ; soit à l’égard de ce qui concerne la santé, les alimens, la propreté, la décence, &c. soit par rapport à ce qui regarde la culture de l’esprit. On n’y perd jamais de vûe l’objet principal de l’établissement, & l’on travaille en des tems marqués à acquérir les connoissances qui ont rapport à cet objet : telles sont les Langues, la Géométrie, les Fortifications, la science des Nombres, &c. ce sont des maîtres habiles en chacune de ces parties, qui ont été choisis pour les enseigner.

A l’égard des mœurs, elles y sont en sûreté, tant par les bons exemples, que par l’impossibilité où les jeunes gens se trouvent de contracter des liaisons qui pourroient les écarter de leur devoir. Ils sont éclairés en tout tems & en tout lieu. Une vigilance perpétuelle ne les perd jamais de vûe : cette vigilance est exercée pendant le jour & pendant la nuit, par des personnes sages qui se succedent en des tems marqués. Heureux les jeunes gens qui ont le bonheur d’être reçûs à cette école ! ils en sortiront avec un tempérament fortifié, avec l’esprit de leur état, & un esprit cultivé, avec des mœurs qu’une habitude de plusieurs années aura mises à l’abri de la séduction : enfin avec les sentimens de reconnoissance, dont on voit qu’ils sont déjà pénétrés ; premierement à l’égard du Roi puissant, qui leur procure en pere tendre de si grands avantages ; en second lieu envers le ministre éclairé, qui favorise l’exécution d’un si beau projet ; 3°. enfin à l’égard des personnes zélées qui président immédiatement à cette exécution, qui la conduisent avec lumiere, avec sagesse, avec fermeté, & avec un desintéressement qu’on ne peut assez loüer. Voyez Ecole militaire, Etude, Classe, Collége, &c. (F)

EDULCORATION, s. s. (Chimie.) on entend en Chimie par le mot d’édulcoration, la lotion de certaines matieres pulvérulentes & insolubles, ou du moins très-peu solubles, par l’eau, pour leur enlever différens sels avec lesquels elles sont confonoues.

Les sujets de cette opération sont les précipités, soit vrais, soit spontanés ; les chaux métalliques, préparées par le moyen du nitre ; celles qui sont fournies par la calcination, ou la distillation des sels métalliques ou terreux ; les crystaux des sels peu solubles, formés dans la dissolution d’un sel beaucoup plus soluble, &c.

Les regles du manuel de cette opération se réduisent à deux. 1°. Il faut laver avec le plus grand soin toutes les chaux & tous les précipités véritablement insolubles, & dans ce cas on peut employer l’eau bouillante. 2°. Dans l’édulcoration des matieres solubles au contraire, comme dans celle du tartre vitriolé séparé d’une dissolution de potasse, celle du précipité blanc, &c. il ne faut laver qu’une ou deux fois, & employer de l’eau froide ; sans cette précaution, & si l’on répete trop souvent les lotions, on perd inutilement une partie de la matiere qu’on se proposoit de purifier : comme il arrive assez souvent aux apothicaires ignorans & dirigés par des mauvaises lois, qui y perdent seuls à la vérité, ce qui fait par conséquent un fort petit malheur, & tel même qu’il seroit à souhaiter pour le bien de la société, qu’il fût une suite inévitable de l’ignorance & de l’inexactitude : car ces artistes apprendroient apparemment leur métier, s’ils étoient obligés de le savoir sous peine de se ruiner.

Voici la description détaillée de cette opération : on met la matiere à édulcorer dans une terrine, ou tel autre vaisseau commode de terre ou de verre : on

verse de l’eau dessus, qu’on agite & qu’on trouble par le moyen d’une spatule : on laisse reposer, & l’eau étant devenue claire, on la rejette par inclination : on répete cette manœuvre autant de fois qu’il est nécessaire, & il ne reste plus qu’à faire sécher la matiere édulcorée.

Au reste il ne faut pas confondre l’édulcoration avec la dulcification. Voyez Dulcifié ou Dulcification. (b)

Edulcoration philosophique, (Chimie.) Quelques chimistes ont appellé de ce nom la décomposition des sels neutres métalliques, ou la séparation des acides d’avec les métaux qu’ils avoient dissous ; séparation opérée par la violence du feu. (b)

EDULCORER, v. act. (Pharm.) signifie ajoûter du sucre ou un sirop à certains remedes liquides destinés pour l’usage intérieur, dans la vûe de les rendre plus agréables au goût.

On édulcore des tisanes, des infusions, des décoctions, des émulsions, des potions, &c. L’édulcoration du petit-lait se fait très-souvent avec le sirop de violette ; celle des émulsions avec le sirop des cinq racines apéritives, de nymphea, &c. Les potions anti-hystériques s’édulcorent presque toûjours avec le sirop d’armoise ; les béchiques avec celui de capillaire ou de guimauve, de pas-d’âne, &c. (b)

* EDUSIE, EDULIE, EDUQUE, EDUSE, s. f. (Myth.) déesse dont la fonction étoit d’apprendre à manger aux enfans lorsqu’on les sevroit. On se concilioit sa protection, en lui offrant des premiers mets qu’on destinoit à l’enfant, après qu’on l’avoit privé du lait. Il y a des mythologistes qui font deux déesses différentes, d’Eduque & d’Edulie. Ils prétendent que la premiere présidoit à l’éducation, & la seconde au sevrage.

EE

EEN-TOL-BRIEF, (Commerce.) On nomme ainsi à Amsterdam & dans les autres villes des Provinces-Unies, des lettres de franchise que les bourgeois de quelques-unes de ces villes obtiennent de leurs bourguemestres, par lesquelles ces magistrats certifient que tels ou tels sont en cette qualité exempts de quelques droits de péage. Ces lettres ne durent qu’un an & six semaines, & après ce terme on est obligé de les renouveller. Voyez Entrée & Sortie. Diction. de Comm. & Chambers. (G)

EF

EFAUFILER, v. act. (Rubann.) c’est tirer d’un bout de ruban entamé quelques brins de la trame, pour en connoître la qualité. Il se dit aussi des étoffes en soie, des draps en laine, &c. C’est un terme commun à tout ouvrage ourdi.

EFFACER, RATURER, RAYER, BIFFER, syn. (Gram.) Ces mots signifient l’action de faire disparoître de dessus un papier ce qui est adhérent à sa surface. Les trois derniers ne s’appliquent qu’à ce qui est écrit ou imprimé : le premier peut se dire d’autre chose, comme des taches d’encre, &c. Rayer est moins fort qu’effacer ; & effacer, que raturer. On raye un mot en passant simplement une ligne dessus ; on l’efface lorsque la ligne passée dessus est assez forte pour empêcher qu’on ne lise ce mot aisément ; on le rature, lorsqu’on l’efface si absolument qu’on ne peut plus lire, ou même lorsqu’on se sert d’un autre moyen que la plume, comme d’un canif, grattoir, &c. On se sert plus souvent du mot rayer, que du mot effacer, lorsqu’il est question de plusieurs lignes ; on dit aussi qu’un écrit est fort raturé, pour dire qu’il est plein de ratures, c’est-à-dire de mots effacés. Le mot rayer s’employe en parlant des mots supprimés