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tres qui sont du ministere des procureurs. Il est défendu par plusieurs réglemens, aux procureurs de faire les écritures qui sont du ministere des avocats, notamment par l’arrêt du 17 Juillet 1693.

Ce même arrêt ordonne que les écritures du ministere des avocats n’entreront point en taxe, si elles ne sont faites & signées par un avocat du nombre de ceux qui sont sur le tableau, & qu’ils ne pourront faire d’écritures qu’ils n’ayent au moins deux années de fonctions.

Par un dernier arrêt de réglement du 5 Mai 1751, aucun avocat ne peut être mis sur le tableau qu’il n’ait fait auparavant la profession pendant quatre ans, au moyen dequoi on ne peut pas non plus faire des écritures avant ce tems. (A)

Ecritures, (Commerce.) c’est, parmi les marchands, négocians, & banquiers, tout ce qu’ils écrivent concernant leur commerce. On le dit plus particulierement de la maniere de tenir les livres, par rapport aux différentes monnoies qui ont cours dans les pays où on les tient. Ainsi on dit : en France les écritures se tiennent par livres, sous, & deniers tournois ; & en Angleterre, par livres, sous, & deniers sterlings. Voyez Livres.

Ecritures, (Comm.) ce sont aussi tous les papiers, registres, journaux, passeports, connoissemens, lettres, & enfin tout ce qui se trouve dans un vaisseau d’écrits qui peuvent donner des éclaircissemens sur la qualité de ceux qui le montent, sur les marchandises, vivres, munitions, &c. dont est composée sa cargaison.

Ecritures de Banque, (Comm.) on nomme ainsi dans les banques où se font des viremens de partie, les billets que les marchands, banquiers, & autres, se donnent réciproquement, pour se céder en acquit des lettres de change ou autres dettes, une partie ou le tout en compte de banque. Voyez Banque. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chambers.

* Ecriture, (Art méch.) c’est l’art de former les caracteres de l’alphabet d’une langue, de les assembler, & d’en composer des mots, tracés d’une maniere claire, nette, exacte, distincte, élégante, & facile ; ce qui s’exécute communément sur le papier, avec une plume & de l’encre. Voyez les articles Papier, Plume, & Encre.

Nous observerons d’abord qu’on néglige trop dans l’éducation l’art d’écrire. Il est aussi ridicule d’écrire mal ou d’affecter ce défaut, qu’il le seroit ou d’avoir ou d’affecter une mauvaise prononciation ; car l’on ne parle & l’on n’écrit que pour se faire entendre. Il n’est pas nécessaire qu’un enfant qui a de la fortune sache écrire comme un maître d’école ; mais celui qui a des parens pauvres & qui trouve l’occasion de se perfectionner dans l’écriture, ne connoît pas toute l’importance de cette ressource, s’il la néglige. Pour une circonstance où l’on seroit bien-aise d’avoir un homme qui sût dessiner, il y en a cent où l’on a besoin d’un homme qui sache écrire. Il n’y a presque aucune place fixe destinée au dessinateur ; il y en a une infinité pour l’écrivain. Il n’y a que quelques enfans à qui l’on fasse apprendre le dessein : on apprend à écrire à tous.

Pour écrire, il faut 1°. commencer par avoir une plume taillée.

On taille la plume grosse ou menue, selon la force du caractere qu’on se propose de former, & selon la nature de ce caractere.

Pour les écritures ronde, posée, grosse, moyenne, & petite, qu’elle soit fendue d’un peu moins de deux lignes, évidée à la hauteur de la fente, & cavée au-dessous des deux carnes qui séparent le grand tail du bec de la plume, de maniere que le bec de la plume soit de la longueur de la fente ; que la carne du bec qui correspond au pouce soit plus longue & plus lar-

ge que l’autre pour toute écriture posée ; que le bec de la plume soit coupé obliquement, & que le grand tail ait deux fois la longueur du bec.

Pour la bâtarde, que la fente ait environ deux lignes, ou l’ait un peu plus longue que pour la ronde ; que les côtés du bec soient moins cavés ; que le grand tail ait une fois & demie la longueur du bec, & que l’extrémité du bec soit aussi coupée obliquement, comme pour la ronde.

Pour l’expédiée grosse, moyenne, & petite, & pour les traits de la ronde & de la bâtarde, que la fente ait jusqu’à trois lignes de longueur ; que ses côtés soient presque droits ; que les angles des carnes soient égaux, & que le grand tail soit de la même longueur que le bec ou la fente.

Le petit instrument d’acier dont on se sert pour tailler la plume, s’appelle un canif. Voyez l’article Canif.

2°. Se placer le corps. Les maîtres veulent que le côté gauche soit plus près de la table que le côté droit ; que les coudes tombent mollement sur la table ; que le poids du corps soit soûtenu par le bras gauche ; que la jambe gauche soit plus avancée sous la table que la jambe droite ; que le bras gauche porte entierement sur la table ; que le coude corresponde au bord, & soit éloigné du corps d’environ cinq doigts ; qu’il y ait quatre à cinq doigts de distance entre le corps & le bras droit ; que la main gauche fixe & dirige le papier ; que la main droite porte legerement sur la table, de sorte qu’il y ait un jour d’environ le diametre d’une plume ordinaire entre l’origine du petit doigt & le plan de la table, pour l’écriture ronde, & que cet intervalle soit un peu moindre pour la bâtarde ; que la main penche un peu en-dehors pour celle-ci ; qu’elle soit un peu plus droite pour la premiere ; que la position du bras ne varie qu’autant que la direction de la ligne l’exigera ; que des cinq doigts de la main, les trois premiers soient employés à embrasser la plume ; que les deux autres soient couchés sous la main, & séparés des trois premiers d’environ un demi-travers de doigt ; que le grand doigt soit légerement fléchi ; que son extrémité porte un peu au-dessous du grand tail de la plume ; qu’il y ait entre son ongle & la plume la distance d’environ une ligne ; que l’index mollement allongé s’étende jusqu’au milieu de l’ongle du grand doigt ; que l’extrémité du pouce corresponde au milieu de l’ongle de l’index, & laisse entre son ongle & la plume l’intervalle d’environ une ligne ; que la plume ne soit tenue ni trop inclinée, ni trop droite ; que le poignet soit très-legerement posé sur la table, & qu’il soit dans la direction du bras, sans faire angle ni en-dedans ni en-dehors.

3°. Faire les mouvemens convenables. On n’en distingue à proprement parler que deux, quoiqu’il y en ait davantage : le mouvement des doigts, & celui du bras ; le premier, pour les lettres mineures & quelques majuscules ; le second, pour les capitales, les traits, les passes, les entrelas, & la plus grande partie des majuscules.

J’ai dit qu’il y en avoit davantage, parce qu’il y a des occasions qui exigent un mouvement mixte des doigts & du poignet, des doigts & du bras. Le premier a lieu dans plusieurs majuscules ; & le second, dans la formation des queues des grandes lettres, telles que l’F & le G.

4°. Connoître les effets de la plume. Ils se réduisent à deux ; les pleins, & les déliés. On appelle en général plein, tout ce qui n’est pas produit par le seul tranchant de la plume ; & délié, le trait produit par ce tranchant ; la direction n’y fait rien. Le délié est le trait le plus menu que la plume produise ; tout ce qui n’est pas ce trait est plein : d’où l’on voit