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Toutes ces mines ne sont creusées qu’à une petite profondeur ; mais celles de Wasergerrée & de Mannemurg ont jusqu’à quarante ou cinquante brasses, dans des rochers : la premiere couche est d’une pierre dure & blanche, dans laquelle on creuse un puits de quatre, cinq ou six piés de profondeur, pour arriver à une sorte de minerai de fer : on remplit le trou avec du bois, on y met le feu, & on l’entretient dans toute sa force pendant deux ou trois jours ; ensuite on l’éteint avec de l’eau ; par ce moyen on rend la pierre moins dure, & on creuse de nouveau lorsqu’elle est refroidie : en répétant cette manœuvre, on enleve la couche de minerai, qui a trois ou quatre piés d’épaisseur au plus : on rencontre une veine de terre qui s’étend sous le rocher au moins à deux ou trois brasses : on enleve cette terre, & si on y trouve des diamans, on creuse jusqu’à l’eau ; c’est-là le dernier terme, parce qu’on ne sait pas épuiser les eaux par le secours des machines. On trouve aussi des diamans en cassant le minerai. Ces mines sont moins fréquentées que les autres, parce qu’elles exigent plus de dépense. La terre en est rouge ; il y a de grosses pierres, dont la plûpart sont de belle eau ; mais elles sont raboteuses, & de mauvaise forme.

La mine de Langumboot ne differe des deux précédentes, qu’en ce que le rocher n’est pas si dur.

Les diamans de la mine de Whootoor sont dans une terre : au reste ils ressemblent beaucoup à ceux de la mine de Currure qui est dans les environs.

La mine de Muddemurg surpasse les autres pour la beauté des diamans : quoiqu’il s’en trouve quelques uns qui ayent des veines, on les reconnoît à peine, tant leur figure & leur eau sont belles. La plûpart ne pesent pas plus de vingt quatre ou de vingt huit grains ; cependant il y en a aussi de gros. La terre est rougeâtre. Cette mine est aisée à exploiter ; ses veines sont peu profondes & fort abondantes ; mais le pays est très-mal sain, sur-tout pour les étrangers, parce qu’il est couvert de bois, & que les eaux y sont mauvaises ; c’est pourquoi elle est peu fréquentée.

La mine de Melwillée fut découverte en 1670 : la terre en est rouge, & s’attache à la croûte du diamant : ils sont en grand nombre & d’une belle figure, & pesent jusqu’à soixante grains ; il y en a même de plus gros : la plûpart ont l’écorce épaisse & matte ; leur eau est jaunâtre, & a peu de vivacité ; ils paroissent blancs au sortir de la mine, mais ils deviennent jaunes sur la meule ; d’ailleurs on les croit moins durs que ceux des autres mines ; aussi sont-ils moins recherchés & à moindre prix.

On ne doute pas que les mines du royaume de Visapour ne renferment des diamans aussi gros & aussi beaux que ceux du royaume de Golconde ; mais la politique du roi de Visapour est de ne permettre l’exploitation que des mines où il ne se trouve que de petits diamans : il y a moins de frais à faire, & moins de risques à courir dans ces mines, que dans celles de Golconde ; mais aussi il y a moins à gagner. Il y avoit du tems de l’auteur de la description dont nous donnons l’extrait, quinze mines ouvertes dans le royaume de Visapour.

La terre de la mine de Ramulconeta est rouge ; on la creuse, dit l’auteur, jusqu’à quinze ou vingt-six piés de profondeur : les diamans sont très-petits, mais d’une belle eau ; leur écorce est claire & luisante, & leur couleur verdâtre ; ils sont bien formés, & il y en a peu qui soient pointus.

Les mines de Banugunnapellée, de Pendekull, de Moodanwarum, de Cummerwillée, de Paulkull, & de Workull, ressemblent à celles de Ramulconeta ; cependant il n’y a que de très-petits diamans dans

les trois dernieres. Toutes ces mines sont à de petites distances les unes des autres.

Dans les mines de Longepoleur la terre est jaunâtre, & les diamans bien formés, de figure ronde, d’une eau crystalline, & d’une écorce luisante : elle est épaisse dans plusieurs, & de couleur de verd de pré obscur : quelques-uns ont l’écorce marquée de noir ; cependant ils sont blancs, purs, & clairs en-dedans. Ces diamans pesent au plus huit ou douze grains ; il s’en trouve peu de petits.

La terre de la mine Pootloor est rougeâtre ; les diamans ne different de ceux de Longepoleur, qu’en ce qu’ils sont beaucoup plus petits.

Dans les mines de Punchelingull, de Shingarrampent, & de Tondarpaar, la terre est rougeâtre ; il y a peu de gros diamans ; ils ressemblent à ceux de Colure.

La mine de Gundepellée a des diamans d’une eau plus pure & plus crystalline que ceux des mines précédentes ; mais la couleur de la terre & la grosseur des diamans sont les mêmes.

La terre des mines de Donée & de Gazerpellée est rougeâtre ; les diamans sont bien formés & de belle eau : leur grosseur est moyenne pour l’ordinaire ; cependant il y en a de plus gros à Gazerpellée qu’en aucune autre mine du royaume de Visapour.

Dans toute, les mines dont il vient d’être fait mention, tant du royaume de Golconde que de celui de Visapour, les diamans sont cachés dans la terre, de façon qu’on en apperçoit rarement en la creusant ; il faut la tenir à la main. Dans la mine de Melwillée ils sont encroûtés de sable, & on ne peut les distinguer des graviers qu’après les avoir frottés contre une pierre. Pour l’ordinaire on lave la terre de la mine selon le procédé que nous avons rapporté au sujet de la mine de Coulour ; ce lavage finit à dix heures, afin de pouvoir faire la recherche des diamans qui restent dans le gravier au fond du puits, dans le milieu du jour, à la plus grande lumiere du soleil : on étend ce gravier sur un terrein bien uni ; & lorsqu’il est sec, les ouvriers les plus expérimentés sont employés pour en retirer les diamans. Transact. philos. ann. 1678.

Il y a dans le royaume de Bengale une riviere appellée Goüel, où on trouve des diamans : elle sort des montagnes qui sont du côté du midi, & va perdre son nom dans le Gange. Quoique la mine de diamant soit dans cette riviere, on ne lui a cependant pas donné le nom de Gouel ; on l’appelle mine de Soumelpour, qui est le nom d’un gros bourg situé assez près de l’endroit de la riviere où l’on trouve les diamans. Cette mine a été découverte avant toutes les autres.

On n’y peut travailler que sur la fin de Janvier & au commencement de Février, lorsque les grandes pluies qui tombent ordinairement au mois de Décembre & auparavant sont écoulées, & lorsque les eaux de la riviere sont éclaircies. Alors les ouvriers qui habitent tous dans le bourg de Soumelpour & quelques villages voisins, remontent la riviere jusqu’aux montagnes d’où elle sort, au nombre d’environ huit mille, de tout sexe & de tout âge. Les eaux sont assez basses pour qu’on puisse distinguer le sable au fond du lit de la riviere, & en reconnoître la qualité. Les ouvriers les plus expérimentés prétendent que les endroits les plus abondans en diamans sont ceux où l’on voit de ces pierres que nous appellons pierres de tonnerre ou de foudre ; c’est une marcassite, & quelquefois une échinite. Lorsque les ouvriers ont choisi les endroits où ils veulent travailler, ils en détournent l’eau en faisant une digue avec de la terre, des fascines & des pierres : ensuite ils tirent le sable jusqu’à deux piés de profondeur, & ils le portent sur le bord de la rivie-