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schelins. Voyez Douzeniers. Ces hommes étoient de la plus basse classe : car qu’est-ce que 200 schelins ? & lorsqu’on en avoit tué un, l’amende étoit de trente schelins, c’est-à-dire six piastres. Nous lisons dans les lois d’Henri I. qui vivoit au commencement du douzieme siecle, de Twhindi hominis interfecti wera debet reddi secundum legem ; ce sont ses paroles. Observez que ce n’étoit pas là une loi nouvelle, mais la confirmation d’une loi plus ancienne faite sous le regne du roi Alfred, qui vivoit à la fin du neuvieme siecle. Chambers. (G)

* DEXICRÉONTIQUE, (Myth.) surnom de Vénus : elle fut ainsi appellée, selon les uns, d’un Dexicréonte charlatan, qui guérit par des enchantemens & des sacrifices les femmes de Samos du trop de dévotion qu’elles avoient pour Vénus, & de la fureur avec laquelle elles s’abandonnoient aux actions par lesquelles cette déesse libertine veut être honorée. En mémoire de ce prodige, & pour dédommager Vénus, on lui éleva une statue qu’on appella la Vénus de Dexicréonte. D’autres disent que le Dexicréonte dont la Vénus porta le nom, fut un commerçant, qui ne sachant dequoi charger son vaisseau qui avoit été porté dans l’île de Chypre, consulta la déesse, qui lui conseilla de ne prendre que de l’eau. Le pieux Dexicréonte obéit ; il partit du port avec les autres marchands, qui ne manquerent pas de le plaisanter sur sa cargaison. Mais le ciel les en punit bien séverement : à peine les vaisseaux furent-ils en pleine mer, qu’il survint un calme qui les y retint tout le tems qu’il falloit à Dexicréonte pour échanger son eau contre les précieuses marchandises de ses railleurs. Dexicréonte retourna plus riche & plus dévot que jamais à Samos, où il remercia la déesse de sa bonne inspiration en lui élevant une statue. Il n’est pas nécessaire que nous avertissions notre lecteur de ne pas trop croire cette histoire-là ; car nous aurions mis beaucoup plus de sérieux encore dans notre récit, qu’il n’en seroit pas plus vrai.

DEXTRAIRES, s. m. pl. (Jurispr.) On appelle ainsi à Montpellier les arpenteurs, à cause d’une mesure nommée dextre dont ils se servent pour mesurer les terres. Voyez Despeisses, tome III. tit. iij. du compoix terrier, sect. j. n. 8. (A)

DEXTRE, adj. terme de Blason : on dit le côté dextre & le côté senextre de l’écu, & non pas le droit & le gauche.

DEXTRIBORD, (Marine.) voyez Stribord. (Z)

DEXTROCHERE, s. m. terme de Blason qui se dit du bras droit qui est peint dans un écu, tantôt tout nud, tantôt habillé, ou garni d’un brasselet ou d’un fanon, quelquefois armé ou tenant quelque meuble ou piece dont on se sert dans les armoiries.

Ce mot vient du latin dextrocherium, qui signifie un brasselet que l’on portoit au poignet droit, dont il est parlé dans les actes du martyre de sainte Agnès, & dans la vie de l’empereur Maxime. On met quelquefois le dextrochere en cimier. Menet. & Dictionn. de Trév. (V)

DEY, sub. m. (Hist. mod.) prince souverain du royaume d’Alger, sous la protection du grand seigneur.

Vers le commencement du xvij. siecle, la milice turque entretenue à Alger pour garder ce royaume au nom du grand-seigneur, mécontente du gouvernement des bachas qu’on lui envoyoit de Constantinople, obtint de la porte la permission d’élire parmi les troupes un homme de bon sens, de bonnes mœurs, de courage, & d’expérience, afin de les gouverner sous le nom de dey, sous la dépendance du sultan, qui envoyeroit toûjours un bacha à Alger pour veiller sur le gouvernement, mais non-pour y présider. Les mesintelligences fréquentes entre les

deys & les bachas ayant causé plusieurs troubles, Ali Baba qui fut élu dey en 1710, obtint de la porte qu’il n’y auroit plus de bacha à Alger, mais que le dey seroit revêtu de ce titre par le grand-seigneur. Depuis ce tems-là le dey d’Alger s’est regardé comme prince souverain, & comme simple allié du grand-seigneur, dont il ne reçoit aucun ordre, mais seulement des capigis bachis ou envoyés extraordinaires, lorsqu’il s’agit de traiter de quelqu’affaire. Le dey tient sa cour à Alger ; sa domination s’étend sur trois provinces ou gouvernemens sous l’autorité de trois beys ou gouverneurs généraux qui commandent les armées. On les distingue par les noms de leurs gouvernemens, le bey du Levant, le bey du Ponant, & le bey du Midi. Quoique le pouvoir soit entre les mains du dey, il s’en faut bien qu’il soit absolu ; la milice y forme un sénat redoutable, qui peut destituer le chef qu’elle a élu, & même le tenir dans la plus étroite & la plus fâcheuse prison, dès qu’elle croit avoir des mécontentemens de sa part. Emmanuel d’Aranda en donne des exemples de faits qu’il a vûs au tems de sa captivité. Ainsi le dey redoute plus cette milice, qu’il ne fait le grand-seigneur.

Le nom de dey signifie en langue turque un oncle du côté maternel. La raison qui a engagé la milice turque d’Alger à donner ce titre au chef de cet état, c’est qu’ils regardent le grand-seigneur comme le pere, la république comme la mere des soldats, parce qu’elle les nourrit & les entretient, & le dey comme le frere de la république, & par conséquent comme l’oncle maternel de tous ceux qui sont sous sa domination.

Outre l’âge, l’expérience, & la valeur nécessaires pour être élu dey, il faut encore être Turc naturel, & avoir fait le voyage de la Mecque. Il n’a ni gardes ni train considérable ; il préside au divan, & l’obéissance qu’on lui rend est ce qui le distingue le plus. Les Turcs l’appellent ordinairement denletli, c’est-à-dire l’heureux, le fortuné. Son siége est dans un angle de la salle du divan, sur un banc de pierre élevé d’environ deux piés qui regne le long de trois côtés de cette salle. Il y a aussi à Tunis un officier nommé dey, qui commande la milice sous l’autorité du bacha. La Martiniere. Mém. du chevalier d’Arvieux. (G)

DEZ, s. m. voyez .

DEZIZE, (Géog. mod.) ville d’Egypte sur le Nil, proche le Caire. Long. 49. 10. lat. 28. 54.

DI

DI, DIS, (Gramm.) particule ou préposition inséparable, c’est-à-dire qui ne fait point un mot toute seule, mais qui est en usage dans la composition de certains mots. Je crois que cette particule vient de la préposition διά, qui se prend en plusieurs significations différentes, qu’on ne peut faire bien entendre que par des exemples. Notre di ou dis signifie plus souvent division, séparation, distinction, distraction ; par exemple, paroître, disparoître, grace, disgrace, parité, disparité. Quelquefois elle augmente la signification du primitif ; dilater, diminuer, divulguer, dissimuler, dissoudre. (F)

* DIA, s. f. (Myth.) déesse connue des Romains, honorée des Phliasiens, des Sicyoniens, & particulierement des Vocontiens, anciens peuples des Gaules. On n’en sait rien de plus : la conjecture la plus vraissemblable, c’est que c’est la même que Ops ou Cybele. Voyez Cybele.

Dia, (Pharmac.) proposition greque que les anciens medecins employoient très-souvent dans la dénomination d’un grand nombre de préparations pharmaceutiques. Elle répond à l’ex & au de des Latins, & au de des François : c’est ainsi que pour dire la pou-