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ment déterminée par un leger degré de chaleur, que par un plus fort. 3°. C’est très-legerement & très inconséquemment qu’on imagine qu’une chaleur dissipe des parties aromatiques, qu’il est utile de conserver ; puisque ces parties étant au moins aussi volatiles que l’eau qu’on cherche à dissiper, le même inconvénient existe dans les deux méthodes, & que le tems de la dissipation en compense la rapidité pour les parties aromatiques, comme pour l’eau. Voyez les manœuvres particulieres à observer dans la dessiccation de chaque substance, qu’on seche pour les usages pharmaceutiques, aux mots Fleurs, Fruits, Plantes, Semences, Racines, Ecorces, Substances animales.

Les électuaires & les extraits doivent être séchés selon l’art, pour être de garde. Voyez Electuaire & Extrait. (b)

DESSINATEUR, s. m. est en général celui qui sait rendre au craiyon les objets tels que la nature nous les présente. On donne encore ce nom à celui qui sait exécuter sur papier, avec les craiyons, des sujets d’imagination, & les représenter comme on les auroit vûs dans la nature, s’ils y avoient existé. Voyez Dessein en Peinture.

Dessinateur, en Architecture, est celui qui dessine & met au net les plans, profils, & élévations des bâtimens, sur des mesures prises ou données.

Pour mériter ce titre, il ne suffit pas de savoir lever un plan & le mettre au net, il est important de bien dessiner non-seulement l’architecture, mais aussi d’avoir une connoissance plus que superficielle de la sculpture, de la peinture, de la perspective, & du clair obscur : ce qui se rencontre rarement. Il est vrai que ces études, qui sont indispensables pour former un bon dessinateur, demandent l’exercice de plusieurs années. Qu’il est rare que les hommes aisés veulent se donner la peine de surmonter les dégoûts que porte après soi l’application d’une étude si longue, & que les hommes d’une fortune médiocre sont souvent retenus par des considérations particulieres à pousser leurs études jusqu’à un certain point ! c’est par ces deux raisons que nous avons en France peu d’habiles dessinateurs ; presque tous se roidissent contre la figure & l’ornement, s’imaginant que ces deux parties doivent regarder en particulier le peintre & le sculpteur : cependant il est très-probable qu’il est impossible de dessiner seulement un plan dans lequel continuellement il entre des courbes qui émanent du goût, qu’on ne peut gironner des marches, contourner un limon d’escalier, varier les formes d’une piece, enfin varier un profil, si l’on n’a puisé dans l’exercice du dessein la variété des formes que nous présente la nature prise dans chaque degré de ses productions.

Or si un homme destiné à piquer des plans doit avoir quelques connoissances de la figure & de l’ornement, quelle profondeur de talent ne doit-on pas exiger de celui qui doit rendre les pensées d’un habile architecte, sous lequel il est dessinateur ? comment lui confier la conduite d’une décoration ? quels seront les rapports & les comptes qu’il pourra rendre de l’exécution de la menuiserie, de la sculpture, serrurerie, dorure, & c ? comment enfin se rendra-t-il digne d’un emploi plus éminent, s’il n’a occupé plusieurs années de sa jeunesse à un travail sans relâche sous la conduite d’habiles maîtres, & qu’il ne joigne continuellement à cela la théorie à la pratique, & qu’il soit aidé de dispositions naturelles, qui lui fassent mettre du feu, du génie, & de l’invention dans ce qu’il produira ? Voyez Dessein (P)

Dessinateur, (Rubanier.) V. Patronneur.

DESSINER, c’est rendre au craiyon les objets qu’on voit ou qu’on imagine, ou en général imiter par des traits les formes de ces objets. V. Dessein.

Dessiner, en termes de Piqueur de tabatiere, c’est marquer au craiyon ou avec toute autre chose, les ornemens qu’on veut piquer sur une tabatiere.

Dessiner, terme de Vernisseur : les Vernisseurs dessinent des ornemens, des paysages, & c. sur leurs ouvrages, avant de les peindre. Ils sont aussi obligés quelquefois de poncer leur dessein, après l’avoir piqué, pour pouvoir le dessiner plus facilement.

DESSOLER les terres, (Jurisprud.) c’est changer leur état, & l’arrangement des soles & saisons pour leur culture. Ce terme vient du latin solum : en effet, dessoler, c’est changer le sol, c’est-à-dire la superficie de la terre ; par exemple, mettre en terre ce qui étoit en vigne ou en bois. On appelle aussi soles & saisons, la distribution qui est faite des terres labourables en trois parties, qui rapportent chacune alternativement pendant une année du blé, l’année suivante de l’avoine ou autres menus grains, & la troisieme année se reposent, afin de ne point épuiser la terre. Il est d’usage dans les baux des biens de campagne, que le fermier s’oblige de labourer les terres par soles & saisons convenables, & de ne les point dessoler ni dessaisonner ; au moyen de quoi il ne peut mettre en blé toutes les terres à la fois, ni mettre en blé ce qui ne doit être qu’en avoine, ou qui doit se reposer ; ni faire aucuns autres changemens de cette nature, tendans à déranger l’ordre des soles, & à épuiser ou fatiguer la terre. Si le fermier contrevient à cet égard à son bail, le propriétaire peut obtenir contre lui des dommages & intérêts, parce que le dessolement des terres peut dans la suite en diminuer le prix. (A)

Dessoler, v. act. (Maréchall.) c’est arracher la sole à un cheval, ou la corne qui lui couvre le dessous du pié ; opération très-douloureuse que l’on pratique pour le traitement de plusieurs maladies qui surviennent aux piés de cet animal, comme pour clous de rue & autres corps étrangers qui lui entrent dans les piés ; ainsi que pour l’étonnement de sabot, la sole foulée, la bleynie, le javar encorné, la forme, les talons encartelés, les fics ou crapaux, & autres maladies dont on fera mention à leurs articles.

On fera voir au mot enclouüre, combien la méthode de dessoler un cheval pour le clou de rue, est abusive & pernicieuse, par le délabrement que cette opération cause à toutes les parties organiques contenues en cette extrémité ; accident qu’on ne peut éviter, par la complication de maux qu’elle occasionne dans ce genre de maladie.

Un Maréchal, pour bien dessoler, doit savoir l’anatomie de la partie ; il opérera plus sûrement.

Préparation. Avant de dessoler, il faut prendre toutes les précautions possibles pour éviter les accidens qui pourroient non-seulement rendre la maladie rebelle, mais encore incurable, & quelquefois mortelle. Ces inconvéniens ne rempliroient point l’intention de l’opérateur, qui est de rétablir la partie dans son état d’intégrité ; il ne peut y parvenir qu’en observant les regles prescrites par l’art & les lois de l’œconomie animale : ces préceptes sont,

1°. De mettre le cheval à la diete, c’est-à-dire à la paille & au son mouillé, trois ou quatre jours auparavant, ce que l’on pratique jusqu’à parfaite guérison ; & pour rendre l’opération moins laborieuse pour le maréchal & pour le cheval, il faut, après lui avoir bien paré le pié, tenir la sole humectée, en y mettant de deux jours l’un une emmiellure quelques jours avant ; donner au cheval deux lavemens la veille du jour de l’opération : l’on peut de même, après l’opération, donner des lavemens (l’état du cheval en doit décider), & lui préparer la sole.

Cette préparation consiste à lui rendre la sole la