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Le déférent des monnoies est constant en France, mais celui du directeur & du graveur sont arbitraires.

Déférens des hôtels des monnoies de France.
A, Paris. H, La Rochelle. O, Riom.
B, Roüen. I, Limoges. P, Dijon.
C, Caen. K, Bordeaux. Q, Perpignan.
D, Lyon. L, Bayonne. R, Orléans.
E, Tours. M, Toulouse. S, Reims.
G, Poitiers. N, Montpellier. T, Nantes.


DEFERLER ou DEFRELER LES VOILES (Marine) ; c’est déployer les voiles pour en faire usage & les mettre dehors. (Z)

DEFERMER un bateau (terme de riviere) ; c’est détacher la corde qui le tient attaché aux anneaux de fer ou ailleurs. Fermer est le contraire. Voyez les anciennes ordonnances.

DEFERRER (se) (Maréchall.) se dit d’un cheval dont le fer quitte le pié sans que personne y touche. Les chevaux qui ont mauvais pié ou qui forgent, se déferrent souvent. Voyez Forger. (V)

DEFETS, s. m. pl. (terme de Librairie & Imprimerie) ; ce sont les feuilles imprimées d’un Livre qui restent après que les assemblages sont faits. Voyez Assemblages. Comme il est moralement impossible que toutes les feuilles d’un livre soient au même nombre immédiatement après l’impression, soit parce que les rames de papier qui doivent être de cinq cens feuilles, ne sont pas toutes également bien comptées, soit parce que dans le cours de l’impression le nombre des différentes feuilles qui se gâtent ou qui se déchirent, est inégal ; il arrive qu’une ou plusieurs feuilles du livre manquent à la fin des assemblages lorsqu’il en reste encore des autres. Ces feuilles qui restent, se nomment défets, du mot latin defectus, parce que réunies elles ne peuvent pas former des exemplaires complets. On a l’attention de les recueillir & de les conserver, pour servir à completter dans la suite les exemplaires du même livre qui peuvent se trouver imparfaits ou défectueux.

DEFI-D’ARMES, s. m. (Hist. mod.) se dit proprement du cartel ou provocation au combat, fort en usage dans les siecles précédens, de particuliers à particuliers, pour soûtenir la réputation de bravoure de leur nation.

M. de Sainte-Palaye, dans son ouvrage sur la Chevalerie ancienne & moderne, remarque que la France & l’Angleterre, si long-tems ennemies, ont vû souvent, même dans les tems de treve ou de paix, leurs champions se faire des défis mutuels pour soûtenir la prééminence de valeur, sans cesse disputée entre les deux nations. On lit dans l’histoire de Charles VI. par le moine de S. Denis (liv. XXII. ch. viij.) la substance des lettres de défi du duc d’Orléans, adressées en 1402 au duc de Lancastre, pour le combattre à la tête de cent gentilshommes, sous la condition que les vaincus seroient à la discrétion des vainqueurs. Le cartel fut mal reçu ; le héraut qui le porta, renvoyé sans présent contre la noble coûtume, & le combat rejetté comme inégal, depuis que Lancastre étoit monté sur le throne d’Angleterre.

Nos historiens ont décrit quantité de défi-d’armes des Anglois contre les François, outre les défis des Espagnols & des Portugais. Voyez, par exemple, dans Froissard, liv. IV. le détail d’un défi d’armes près de Calais, pendant trente jours consécutifs (à l’exception des vendredis) qui fut proposé par trois chevaliers chambellans du roi, & vous trouverez plusieurs faits curieux sur cette matiere.

On sait que l’amour & les dames figuroient souvent avec honneur dans les cartels envoyés pour ces défi-d’armes. Monstrelet nous a conservé soigneusement les exploits qui se donnerent de part & d’autre pour un pareil défi, en l’année 1400, entre un che-

valier Anglois, demandeur, & Michel Dorris Arragonois, défendeur.

Ces sortes de défi avoient leurs lois, mais celle qui exigeoit la permission du roi fut communément négligée. Un seigneur d’Angleterre, nommé Cornouaille, en 1409, étant passé en France sous un sauf-conduit pour le défi-d’armes à outrance, pour l’amour de sa dame, trouva un chevalier tout prêt à lui accomplir le fait d’amour, & ils étoient sur le point de commencer le combat quand ils furent séparés par ordre du roi.

On pourroit ajoûter à ces défis tous ceux qui furent proposés dans diverses factions, qui trop souvent partagerent notre nation & nos princes, comme celle des Armagnacs, des Orléanois, des Bourguignons, des Royalistes. Jean le Fevre de Saint-Remy fait le récit du défi-d’armes qui fut proposé en 1414, pendant le siege d’Arras à Lens en Artois, entre quatre François & quatre Bourguignons.

Enfin, on pourroit inscrire dans la liste de tant de défi-d’armes, celui que Henri IV. en 1590, après la levée du siege de Paris, offrit par un héraut au duc de Mayenne pour vuider leur querelle, afin qu’un combat décisif terminât une fois les calamités de la France. Le chevalier Novenaire fait aussi mention, sous l’an 1591, du défi du comte d’Essex au comte de Villars qui commandoit dans Roüen pour la ligue. Le comte d’Essex offroit de soûtenir à pied ou à cheval, armé ou en pourpoint, que la querelle du roi étoit plus juste que celle de la ligue ; que lui comte d’Essex étoit meilleur que Villars, & qu’il avoit une plus belle maîtresse que Villars. Celui-ci répond qu’il ne croit point ce que le Comte d’Essex avançoit de l’excellence de sa maîtresse.

Ces divers exemples que rapporte M. de Saint-Palaye dans l’ouvrage curieux que j’ai déja cité au commencement de cet article, peuvent suffire, j’y renvoie le lecteur, de même qu’au Théatre d’honneur de la Colomblere, & je finis par une remarque importante. Les défi d’armes de particuliers à particuliers ont pris leur origine dans la pratique de défier son ennemi avant que de l’attaquer à force ouverte ; pratique qui, des Grecs & des Romains, a passé dans toutes les nations qui ont connu les lois de la guerre. Nous lisons dans Froissard, tome I. ch. xxxjv. qu’Edoüard roi d’Angleterre ayant été fait vicaire de l’empire, avec un pouvoir très-ample : « Fut-là, dit l’historien, renouvellé un jugement & statut, & affermé qui avoit été fait au tems passé à la cour de l’empereur, qui étoit tel, que qui vouloit autrui grever ou porter dommage, il le devoit défier trois jours devant son fait : qui autrement le faisoit, il devoit être atteint de mauvais & vilain fait ». Confrontez les articles Heraut, Cartel, Combat judiciaire, Combat singulier, Duel, &c. Cet article est de M. le Chevalier de Jaucourt.

DÉFICIENT, adj. (Arithmétique.) Les nombres déficiens sont ceux dont les parties aliquotes ajoûtées ensemble font une somme moindre que le tout dont elles sont parties. Voyez Nombre.

Tel est le nombre 8, dont les parties aliquotes 1, 2, 4, prises ensemble, ne font que 7. Voyez Abondant.

Soit ab un nombre qui est le produit de deux nombres premiers a, b, b étant > a. Pour que ab soit un nombre déficient, il faut que 1 + a + b < ab, c’est-à-dire que . Ainsi, par exemple, 2 × 5 ou 10 est un nombre déficient.

Puisque b est supposé > a, & que b & a sont des nombres premiers, donc b est au moins 3. Or, quel que soit a, on a , c’est-à-dire,