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mais leur produit ordinaire doit être donné en recouvrement aux receveurs des bois ou du domaine, lesquels en doivent compter ainsi que des deniers provenans des ventes des forêts du Roi. Voyez Terrier sur l’ancienne coûtume de Normandie, liv. XIV. c xj. n. 8. & c. xxxvij. le traité du tiers & danger, par Beraut ; celui de M. Greard, donné au public par M. Froland ; la biblioth. de Bouchel, au mot tiers & danger ; Bacquet, des droits de justice, chap. x. n. 5. & l’édit du mois d’Avril 1673.

Danger (fief de) voyez Fief. (A)

Danger, s. m. (Medecine.) se dit de l’état d’un malade menacé d’un évenement pernicieux, soit qu’il y ait à craindre que la maladie se termine par la mort, ou par quelqu’autre maladie pire que celle qui existe actuellement ; soit qu’ayant une partie affectée, il y ait à craindre que la suppuration, par exemple, ou la gangrene ne la détruise.

Ainsi l’on dit d’un homme qui essuie une attaque d’apoplexie, qu’il est en danger de mort, ou de devenir paralytique dans quelques parties de son corps. On dit d’une personne qui a les os d’un membre fracassés avec grande contusion des chairs, qu’elle est en danger de le perdre par la mortification ou par l’amputation. On dit d’une maladie qu’elle est dangereuse en général, lorsqu’il y a plus à craindre qu’à espérer pour l’issue qu’elle aura. La vie consiste dans une certaine disposition du corps humain ; la maladie consiste aussi dans une certaine disposition, différente de celle qui constitue la santé, & qui est plus ou moins contraire à la vie : la fin de la maladie est la mort.

Le medecin juge par les changemens plus ou moins grands que la maladie fait dans le corps, s’il y a à craindre pour les suites, ou non ; il compare les forces de la vie avec les forces de la maladie, & il infere de cette comparaison, si la vie sera supérieure au mal, ou non. Plus il y a de lésion dans les fonctions, & plus ces fonctions lésées sont essentielles à la vie, ensorte que la cause de la maladie surpasse considérablement la cause de la vie, plus il y a de danger ; & il dure d’autant plus long-tems, que la maladie qui en est accompagnée, parvient plus lentement à son dernier accroissement, que les forces de la vie sont plus diminuées, & que la cause de la maladie est plus difficile à détruire. Le danger est d’autant moindre pour l’intensité & pour la durée, que le contraire de ces propositions a plus lieu.

La science de prédire les évenemens heureux ou malheureux dans les maladies en général, est toute fondée sur ces principes Voyez Prognostic. (d)

Dangers, (Marine.) se dit des rochers ou des bancs de sable cachés sous l’eau ou même à fleur d’eau, sur lesquels un vaisseau peut se briser ou faire naufrage en donnant dessus.

Lorsqu’il se trouve des dangers à l’entrée de quelque port ou de quelque riviere, on met dessus des balises ou des boués, qui servent de marques pour les éviter. (Z)

Dangers civils, ou autrement de la seigneurie, ou risques de terre, se dit soit des défenses, soit des doüanes ou contributions que certains seigneurs peuvent exiger des marchands ou de ceux qui font naufrage. (Z)

DANGEREUX, adj. (Jurisp.) Sergens dangereux sont des sergens particuliers établis pour avoir inspection sur les bois où le Roi a droit de danger. Voyez ci-devant Danger & Sergens. (A)

DANIEL, (prophétie de) Hist. eccles. & théol. nom d’un des livres canoniques de l’ancien Testament, ainsi nommé de Daniel prophete du Seigneur, sorti de la race royale de David, & qui prophétisa à Babylone où il avoit été mené fort jeune en captivité avec un grand nombre d’autres Juifs ses com-

patriotes, sous le regne de Joakim roi de Juda.

Nous ne traitons ici de ce livre, qu’en tant qu’on a contesté la canonicité de quelques-unes de ses parties ; & nous emprunterons du P. Calmet ce qu’il en a dit dans son dictionnaire de la Bible, tome I. page 499 & suiv.

Parmi les écrits de Daniel, dit ce savant Bénédictin, il y a des pieces qui ont toûjours constamment passé pour canoniques ; d’autres qui ont été contestées fort long-tems. Tout ce qui est écrit en hébreu ou en chaldéen, car il y a quelques morceaux de chaldéen mêlés avec l’hébreu, tout cela est généralement reconnu pour canonique, tant chez les Juifs que chez les Chrétiens ; mais ce qui ne se trouve qu’en grec a souffert de grandes contradictions, & n’a proprement été reçû pour canonique parmi tous les orthodoxes sans exception, que depuis la décision du concile de Trente. Du tems de saint Jerôme les Juifs étoient partagés à cet égard, comme nous l’apprend ce pere dans sa préface sur Daniel, & sur le chap. xiij. du même prophete. Les uns admettoient toute l’histoire de Susanne, d’autres la rejettoient toute entiere ; quelques-uns en recevoient une partie & en rejettoient une autre. Joseph l’historien, par exemple, n’a rien dit de l’histoire de Susanne, ni de celle de Bel & du dragon ; mais Joseph Ben-Gorion auteur juif, qui a écrit en hébreu, rapporte tout au long ce qui regarde Bel & le dragon, & ne dit rien de l’histoire de Susanne.

Les douze premiers chapitres de Daniel sont partie en hébreu, partie en chaldéen : les deux derniers sont en grec. Il parle hébreu lorsqu’il récite simplement ; mais il rapporte en chaldéen les entretiens qu’il a eus en cette langue avec les Mages & les rois Nabuchodonosor, Baltbasar & Darius le Mede. Il rapporte dans la même langue l’édit que Nabuchodonosor donna après que Daniel eut expliqué le songe que ce prince avoit eu d’une grande statue d’or ; ce qui montre l’extreme exactitude de ce prophete, qui rend jusqu’aux propres paroles des personnages qu’il introduit. Le chap. iij. v. 24 & suiv. jusqu’au 9e. sont en grec, aussi-bien que les deux derniers chapitres ; & c’est une grande question parmi les critiques, de savoir s’ils ont jamais été écrits en hébreu. La version greque que nous avons de tout Daniel, est de Théodotion ; celle des Septante est perdue il y a très-long tems.

Les prophéties de Daniel sont si claires, que Porphyre n’a crû pouvoir se délivrer de leur témoignage & de leur autorité, qu’en supposant que Daniel avoit vécu du tems d’Antiochus Epiphanes, & qu’il avoit alors décrit les évenemens qui se passoient sous ses yeux ; & que d’ailleurs il avoit contrefait l’homme inspiré, en assûrant qu’il avoit été contemporain de Nabuchodonosor & de Balthasar ; mais l’absurdité de la supposition de Porphyre est palpable, & l’existence de Daniel au tems des monarques assyriens, est attestée autant qu’aucun fait historique le puisse être. La plûpart des Rabbins le retranchent du nombre des prophetes, & se contentent de mettre ses écrits au rang des hagiographes. Voyez Hagiographes. (G)

DANNIWARTACH, (Hist. nat.) arbrisseau des Indes dont les feuilles sont semblables à celles du camphrier. Il produit un fruit semblable à une grape de raisin, & la graine en est blanche & ressemble à du poivre blanc. Les Indiens se servent de cette plante pour battre leurs bestiaux malades, dans l’idée que ce remede les guérit.

DANK, s. m. (Comm.) petite monnoie d’argent fabriquée en Perse & qui a cours en Arabie, du poids de trois grains, à un titre assez bas. Le dank vaut argent de France environ 10 den. .

DANNEBERG, (Géog. mod.) ville d’Allemagne