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d’oie, couvert tout entier d’une peau de couleur jaunâtre semblable à celle du coing ; d’un goût doux & agréable, ayant un pédicule partagé en six parties, trois grandes & trois petites, & renfermant un noyau gros comme une noix, de forme quadrangulaire, large dessous, un peu pointu au bout, d’un jaune de noisette, revêtu d’une coque très-dure, de couleur rousse.

Ce fruit croît à l’arbre nommé cuciofera palmæ facie ; J. B. Palma cujus fructus cuci ; C. B. Cet arbre paroît être le même que le cuciophoron de Théophraste, qui a été mis, ce me semble, mal-à-propos par presque tous les Botanistes dans la classe des palmiers, dont il paroît néanmoins fort différent ; car le palmier n’a qu’un seul tronc, au lieu que l’arbre qui porte le cuci, s’est à peine élevé de terre, qu’il se partage en deux ou plusieurs corps, & chaque corps a plusieurs branches ; de plus le fruit cuci n’est point en grape. Il me semble aussi que la nux indica minor de Cordus, doit être notre cuci, ou du moins le coco.

Quoi qu’il en soit, la tunique du bézoard de Pomet, qu’il soûtenoit être une des plus grandes curiosités qu’on eût vû, cette enveloppe si singuliere dont il prétendoit avoir fait la découverte, qu’il a décrite & représentée dans son traité des drogues (p. 10.), comme faisant une partie de l’animal d’Orient qui porte le bézoard, n’étoit autre chose que notre fruit exotique cuci, dans lequel ou Pomet lui-même, ou quelqu’autre charlatan par qui il s’est laissé tromper, avoit enchâssé une pierre de bézoard fort adroitement. Cette fraude ourdie avant 1694, puisque l’ouvrage de Pomet parut cette année, n’a été découverte qu’en 1712. Un mémoire de M. Geoffroy le jeune sur les bézoards, inséré dans le recueil de l’académie des Sciences, année 1712, en est la preuve. Ecoutons cet académicien parler lui-même.

« Comme j’étois, dit-il, à examiner avec M. Vaillant & M. de Jussieu démonstrateur des plantes au jardin royal, cette piece singuliere du droguier de feu M. Pomet, nous nous apperçumes que cette prétendue enveloppe ne pouvoit point être une partie d’aucun animal, & qu’il falloit que ce fût quelque fruit peu connu. C’est ce qui fut ensuite vérifié par M. Vaillant, qui se trouva avoir de ces sortes de fruits, & qui n’eut pas de peine à en faire des bézoards avec leurs enveloppes, tout semblables au bézoard tant prisé par Pomet ; j’en ai fait, ajoute-t-il, de pareils. Ce fruit est celui du palma cuciofera, &c. »

Il est nécessaire, pour le bien de l’histoire naturelle, que ces sortes de fraudes soient divulguées, ou que des traits d’une si pitoyable crédulité dans un droguiste consommé, & un auteur accrédité tel que Pomet, soient mis au jour en plus d’un lieu. En effet, « nous ne sommes pas seulement lâches à nous défendre de la piperie (comme dit Montagne), mais nous cherchons & convions à nous y enferrer & à y enferrer les autres ». Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CUCO, (Géog. mod.) ville forte & royaume d’Afrique en Barbarie, sur le Bugia ; le roi est tributaire du royaume d’Alger.

CUCUBALUS, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en œillet, composée de plusieurs pétales disposées en rond, qui sortent d’un calice membraneux. Le pistil sort du même calice & devient un fruit mou presqu’ovoïde, ou une baie qui renferme des semences faites ordinairement en forme de rein. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CUCUJO, s. m. (Hist. nat.) espece d’escarbot ou de scarabée d’Amérique. Voyez Scarabée.

CUCULLE, subst. f. (Hist. anc. & mod.) étoit autrefois la cappe des voyageurs : on l’appelloit aussi

coules & gula : ce nom a passé chez les moines, & signifie leur froc & leur cappe, qui étoient autrefois d’une seule piece. Voyez Coulle. (G)

CUCUPHE & DEMI-CUCUPHE, (Pharmacie.) bonnet piqué, garni de poudres céphaliques, qu’on applique sur la tête des malades pour fortifier le cerveau. On l’employoit dans la migraine ; mais il est de peu d’usage présentement. Voilà la poudre que l’on employoit dans les cucuphes. Prenez clous de girofle, canelle, calamus aromatique, jonc odorant, iris, marjolaine, romarin, bétoine, sauge, stéchas, de chacun un gros ; baies de laurier, styrax, benjoin, gomme tacamahaca, de chacun un demi-gros : mettez en poudre tous ces ingrédiens, & répandez-la sur du coton, qu’on enfermera dans la doublure de cette espece de bonnet piqué. James & Chambers.

CUCURBITE, s. f. (Chimie.) La cucurbite ou la courge est un vaisseau chimique faisant partie de l’alembic (voyez Alembic), & servant à contenir les matieres que l’on veut soûmettre à la distillation. On appelle aussi ce vaisseau, à cause de sa figure, vessie & poire. Voyez les Planches de Chimie.

Les cucurbites se font de cuivre étamé, d’étain, de verre, & de terre.

Celles qui sont destinées à la distillation des eaux simples, des huiles essentielles, de l’eau-de-vie, & généralement de toutes les matieres, qui, traitées avec l’eau, doivent prendre le degré bouillant, sont toûjours de cuivre, l’étain ne pouvant lui être substitué à cause de la facilité avec laquelle il entre en fusion ; mais il faut, pour prévenir autant qu’il est possible les mauvais effets de la qualité venéneuse du cuivre, avoir soin de les faire étamer de tems en tems ; c’est à quoi les Apoticaires ne sauroient faire trop d’attention, eux qui pendant le cours d’une année se servent de l’alembic de cuivre pour distiller un très-grand nombre de différentes plantes, dont il y en a plusieurs qui attaquent facilement le cuivre, je veux dire les plantes alkalines. Voyez Distillation, Cuivre.

Les cucurbites que l’on doit employer à faire des distillations au bain-marie, doivent toûjours être d’étain ; il n’y a rien ici à craindre de la grande fusibilité de ce métal, le degré de feu qu’on leur applique ne pouvant jamais surpasser celui de l’eau bouillante. On en exclurra donc le cuivre, même le mieux étamé.

Le verre seroit de toutes les matieres celle qu’il conviendroit d’employer à faire toutes les cucurbites, s’il étoit possible ; mais sa grande fragilité, la difficulté de former ces sortes de vases sans être obligé de faire à la partie inférieure externe un bouton que les ouvriers appellent pontée, qui est l’endroit par où cassent tous les vaisseaux de verre lorsqu’on les échauffe trop promptement & trop fort, ou bien lorsqu’on les fait passer trop vîte du chaud au froid. L’impossibilité où l’on est de pouvoir rafraîchir exactement & continuellement le chapiteau, avantage que les seuls vaisseaux métalliques nous procurent, ajoutent un nouvel inconvénient à l’emploi des cucurbites de verre : toutes ces raisons, dis-je, sont cause qu’on ne se sert pas des cucurbites de verre aussi souvent qu’on le feroit ; elles sont cependant d’un usage fort étendu ; celles dont nous nous servons à Paris, quoique d’un assez mauvais verre, supportent très-bien au bain de sable le degré de feu qui fait bouillir l’eau, sur-tout si elles sont d’un verre fort mince. C’est pourquoi on peut sans crainte les employer à la distillation de l’eau de pluie, de neige, &c. ayant la précaution de ne chauffer le sable qu’autant qu’il est nécessaire pour faire bouillir l’eau légerement ; c’est de ces sortes de cucurbites que les Chimistes se servent pour retirer l’esprit-de-vin de différentes teintures que l’on veut