Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/516

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

férentes ; la croix moussue & abaissée, la croix croissantée, la croix fourchée à trois pointes, la croix pometée de trois pieces, la croix recrenelée, la croix pointée, la croix ancrée & sur-ancrée, la croix ancrée avec des têtes de serpent, la croix ailée, la croix exhaussée, la croix rayonnante, ou qui répand à l’entour des rayons de gloire ; la croix de Malte, la croix du S. Esprit, la croix fourchée à la maniere des anciennes fourchettes, la croix à huit pointes, la croix bourdonnée, la croix cramponnée & tournée, la croix cablée, la croix inclinée, la croix de patenôtre, c’est-à-dire faite de grains de chapelet ; la croix de treffle, la croix fleuronnée, la croix vuidée, cléchée & pommetée ; la croix crenelée & baltillée, la croix à quatre branches pour chaque bras, la croix arrondie, la croix & demie, la croix étoilée ou en étoile, la croix cordée, la croix doublée de six pieces ensemble, la double croix fendue en pal, la longue croix coupée en pieces & démembrée, la croix coupée ou divisée en fasce, de deux couleurs contraires à celle du champ ; le chevron surmonté d’une demi-croix, quatre queues d’hermine en croix, les bouts de l’hermine opposés l’un à l’autre au milieu ; quatre pieces de vair disposées en croix, & contrepointées au centre ; la croix ou l’épée de S. Jacques ; une croix potencée cramponnée au bras dextre supérieur avec une potence vers le milieu de la fleche. Menetr. Trév. & Chambers.

Voilà toutes les différentes sortes de croix qu’on trouve dans les deux auteurs que nous avons cités. Elles peuvent n’être pas toutes usitées en France ; mais le Blason est pour tous les pays, & il est bon d’en connoître au moins les termes.

Et ce n’est pas seulement par rapport aux croix qu’il y a une si grande variété ; il y en a tout autant par rapport à plusieurs autres pieces usitées, & singulierement par rapport aux lions & à leurs parties, dont la Colombiere compte quatre vingt-seize positions différentes. Leigls ne parle que de quarante-six croix différentes ; Sylvanus Morgan, de vingt-six ; Upton, de trente ; Joannes de Bado-aureo, de douze ; & plusieurs autres qu’il est inutile de nommer ici, différens nombres plus ou moins grands.

Upton à la vérité convient qu’il n’ose entreprendre de détailler toutes les différentes croix usitées dans les armoiries, parce qu’elles sont, dit-il, innombrables ; c’est pourquoi il ne parle que de celles qu’il a vûes en usage de son tems. Voici les principales :

La croix ordinaire se nomme croix pleine, crux plena, comme celle de Savoie, &c.

Aspremont en Lorraine, de gueules à la croix d’argent. Elle est dite engrelée, quand elle a une espece de dentelle sur tous les bords.

D’Aillon du Lude, d’azur à la croix engrelée d’argent. Elle est dite patée, quand ses quatre extrémités s’élargissent, comme Argentré en Bretagne, d’argent à la croix patée d’azur. Elle est dite alezée, ou coupée, ou rétrécie, quand de nul de ses bouts elle ne touche aux bords de l’écu.

Aintrailles, d’argent à la croix alezée de gueules.

Celle des Squarciafichi, de Genes, est d’autant plus extraordinaire, qu’étant potencée, c’est-à-dire, terminée par quatre plates-bandes ; elle est repotencée ou cramponnée en quatre endroits au bout droit d’en-haut, au droit du côté dextre, & aux deux d’en-bas.

Celle de Damas est ancrée, c’est-à-dire, crochue en ses extrémités, comme les ancres des vaisseaux.

Celle des Allegrains est non-seulement ancrée, mais partie de l’un à l’autre d’argent & de gueules, l’écu étant contreparti de même ; ainsi on dit :

Allegrain, parti de gueules & d’argent, à la croix ancrée, contrepartie de l’une à l’autre.

Celle des Venasques, semblable à celle des comtes de Tolose, dont ils se disent descendus, est vuidée, c’est à-dire percée à jour ; cléchée, c’est-à-dire qu’elle a ses quatre extrémités, comme les anciens anneaux de clés ; & pommetée, c’est-à-dire qu’à chaque angle des anneaux il y a une pomme ainsi on blasonne ces armoiries d’or à la croix vuidée, cléchée & pommetée de gueules.

La croix des Sauteraux, de Dauphiné, est accompagnée de quatre oiseaux de proie d’argent, bequés, membrés & grilletés d’or : on dit bequé pour le bec, membré pour les jambes, grilleté pour les sonnettes.

La croix des Kaer en Bretagne, est dite en termes d’armoiries, gringolée, c’est-à-dire que ses extrémités se terminent en têtes de serpens, que le vulgaire nomme gargouilles, & par corruption, gringoles : ainsi il faut blasonner, Kaer en Bretagne, de gueules a la croix d’hermine gringolée d’or.

Celles de Des-Escures, en Bourbonnois, est ancrée, & chargée d’une étoile en cœur, c’est-à-dire au milieu ou au centre de la croix.

Des-Escures, de sinople à la croix ancrée d’argent, chargée en cœur d’une étoile de sable.

Il s’en peut faire de cordes & de cables, comme celle qu’Upton donne en Angleterre à un nouvel annobli, de deux tortils de cables. Ces croix se disent cablées.

Hurleston ; en Angleterre, d’argent à une croix de quatre queues d’hermine aboutée.

Laurencs, d’argent à une croix écotée de gueules.

Bierley, d’argent à une croix recroisetée de gueules.

Villequier, de gueule à une croix fleurdelisée d’or, accompagnée de douze billettes de même.

Troussel, une croix patée & fleurdelisée.

Delisle, une croix pommetée.

Rubat, une croix potencèe.

La Chastre, une croix ancrée de vair.

La croix des Tohestke, en Silésie, est une croix que nous nommons croix de Lorraine, parce qu’une semblable croix est l’ancienne devise de la maison de Lorraine. C’est une croix greque alezée à double traverse ; la traverse la plus haute, plus courte que la basse : ici la plus basse est cramponnée à senestre. Il faut donc dire, porte d’azur à la croix de Lorraine d’argent, cramponnée au flanc senestre de la traverse d’en-bas.

Celle de Saliceta, à Genes, est bretessée ou recroisetée à double.

Celle des Weyers, au pays du Rhin, est recercelée en ses extrémités, & chargée en cœur d’un écusson de sable à trois besans d’or.

Herschfelt, abbaye d’Allemagne, a pour armoiries une croix de Lorraine, dont le pié est enhendé : ce terme vient de l’espagnol enhendido, qui signifie refendu. Ces croix à refente sont communes dans les armoiries d’Allemagne.

Celle de Tigny est alezée, patée & écartelée.

Celle du Bosc, en Normandie, est échiquetée.

Celle des Truchses, fourchettée.

Celle de S. Gobert, trefflée.

Celle de la Riviere, frettée.

Des Ardinghelli, losangée.

De Viri, ouverte en fer de moulin.

Echaute, porte celle de Lorraine.

La croix longue sur un mont, avec une couronne d’épines & les clous, se nomme croix du calvaire. Les peres Théatins la portent ainsi, parce que leur congrégation commença le jour de l’exaltation de la sainte Croix.

Celle qui la suit, se dit perronnée.

Celle des Manfredi de Lucques est retranchée & pommetée.