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ment de cette cour du 3 Juillet 1471, qu’elle avoit établi un fonds destiné à faire dire tous les jours une messe en la basse sainte-Chapelle, avant que d’entrer en la chambre.

Mais sur la représentation qui fut faite au roi Louis XI. par le procureur général de la cour des aides, que l’éloignement de cet auditoire causoit beaucoup d’incommodité aux avocats & procureurs pratiquans ès cours de parlement, des requêtes de l’hôtel & du palais, qui pour venir de la grande salle du palais où ils ont leurs bureaux, gagner la chambre des généraux des aides, étoient obligés de traverser la galerie des merciers, descendre l’escalier de la sainte-Chapelle, & remonter celui de la cour des aides, ce qui étoit préjudiciable à l’expédition des causes & procès ; ce roi, par lettres patentes du dernier Août 1477, accorda à cette cour les lieux appellés les chambres de la reine, situés au-dessus de la galerie aux merciers, qui s’étendoient depuis le mur de la grande salle jusqu’à la sainte-Chapelle. Ces lettres portent qu’il donne aussi à cette cour les escaliers qui descendent de-là dans la grande salle, & lui permet d’en faire construire quelqu’autre en lieu plus commode. C’est en conséquence de cette permission, & pour faciliter l’entrée, que fut faite ensuite, comme le dit Miraulmont, une ouverture du gros mur de la grand’salle du palais, avec un escalier qui prenoit en la galerie des merciers, & qui a subsisté jusqu’en 1717, qu’il fut démoli pour construire celui que l’on voit aujourd’hui en la grand’salle, moins beau & moins hardi que l’ancien, mais qui laisse un passage plus commode pour le Roi lorsqu’il va au parlement.

Dans cet espace de bâtiment appellé les chambres de la reine, ont été faites les seconde & troisieme chambres, salle & chapelle de cette cour que l’on y voit actuellement. Il est fait mention de cette chapelle dans une ordonnance de Louis XI. du 20 Juin 1482, qui accorde deux cents livres parisis à prendre sur les exploits & amendes, pour y faire célébrer la messe, & pour les autres menues nécessités de ladite cour.

Quoiqu’il ne soit pas porté dans les lettres patentes du dernier Août 1477, que le roi air laissé aux généraux des aides leur ancien auditoire ; comme les bâtimens où il étoit situé font encore aujourd’hui partie des lieux occupés par la cour des aides, & contiennent la premiere chambre de cette cour, il est à présumer qu’ils leur resterent, & que l’on perça pour lors une porte de communication des chambres de la reine avec ces anciens bâtimens où étoit la premiere chambre, afin que les avocats & procureurs pussent aisément venir de la grand’salle dans toutes les chambres de cette cour.

Cette premiere chambre fut démolie de fond en-comble au mois de Septembre 1620, pour refaire une chambre plus grande pour les audiences : elle fut finie au mois de Mars 1623, & ce fut le 17 du même mois que s’y tint la premiere audience. Corbin, dans la préface de son recueil des édits concernant la cour des aides, rapporte qu’il y plaida ce jour-là, & c’est ce qu’il appelle la dédicace de ce nouveau temple. On voit dans le mercure françois, que les bâtimens de la cour des aides furent préservés de l’incendie qui arriva le 7 Mars 1618 en la grand’salle du palais.

Officiers de la cour des aides. La cour des aides est aujourd’hui composée d’un premier président & de neuf autres présidens, de plusieurs conseillers d’honneur dont le nombre n’est pas fixe, de cinquante-deux conseillers, trois avocats généraux, un procureur général qui a quatre substituts, de deux greffiers en chef, cinq secrétaires du roi servans près la cour des aides ; un principal commis de l’audience pu-

blique, que l’on appelle ordinairement greffier des appellations, & qui outre une charge de commis-greffier écrivant à la peau, réunit encore en sa personne

l’office de greffier des decrets & de premier commis au greffe des decrets ; un principal commis en la premiere chambre pour l’audience à huis clos, & pour les arrêts rendus en la chambre du conseil tant au civil qu’au criminel, que l’on appelle ordinairement greffier civil & criminel, lequel outre deux pareils offices créés pour la seconde & troisieme chambres, réunit encore trois offices de commis-greffiers écrivant à la peau ; un greffier garde-sacs & des dépôts ; un greffier des présentations & affirmations ; un thrésorier payeur des gages, qui a trois contrôleurs ; un receveur des épices & vacations, un contrôleur des arrêts, un commis à la délivrance des arrêts, un premier huissier, & sept autres huissiers.

Premier président. Les généraux-conseillers sur le fait des aides ayant été tirés, comme on l’a dit ci-dessus, du corps des trois états du royaume, la fonction de présider en la chambre de la justice des aides demeura affectée aux ecclésiastiques, comme étant du premier corps des états ; ce qui continua même depuis que les généraux cesserent d’être choisis par les états, & qu’ils furent nommés par le roi. Il n’y avoit dans l’origine qu’un président. Cette place fut occupée par les personnes les plus qualifiées, & constituées dans les plus éminentes dignités ecclésiastiques.

Avant l’an 1370, on ignore les noms de ceux qui ont présidé en cette chambre ; on sait seulement que c’étoit un des généraux du corps du clergé à qui cet honneur étoit déféré.

Le premier dont on a connoissance est Jean de la Grange abbé de Fécamp, puis évêque d’Amiens, & cardinal. Quoique la qualité de président ne lui ait point été donnée, il ne laissoit pas d’en faire les fonctions, & d’en avoir les prérogatives de la même maniere qu’en ont joüi ses successeurs, jusqu’à Gerard d’Athies, archevêque de Besançon, qui le premier fut décoré du titre de président en la chambre de la justice des aides, par lettres du roi Charles VI. du 24 Mars 1398.

Il paroît qu’il étoit aussi d’usage de donner un ecclésiastique pour adjoint aux prélats qui présidoient en la chambre de la justice des aides, que l’on peut regarder comme vice-président, puisqu’il y présidoit en leur place en cas d’absence : mais l’usage de nommer ces vices-présidens s’abolit sur la fin du regne de Charles VII.

Cette succession de présidens ecclésiastiques ne fut interrompue qu’en 1401 & 1402, que Charles d’Albret cousin-germain du roi Charles VI. & Louis duc d’Orléans frere du roi, & ensuite Philippe duc de Bourgogne, & Jean duc de Berri, tous deux oncles du roi, furent établis pour présider les généraux des aides.

Ce ne fut qu’en 1489 qu’il y eut pour la premiere fois un laïc nommé pour président ; & Charles Duhautbois évêque de Tournai, reçû en 1510, est le dernier des ecclésiastiques qui ait possédé cette dignité.

Le roi François I. ayant par édit du 5 Février 1522 créé un office de second président, Louis Picot qui avoit été reçu président dès le 9 Août 1513, prit le titre de premier président, qui depuis a été donné à ses successeurs.

Par lettres du 8 Avril 1556 avant Pâques, Henri II. a accordé au premier président de la cour des aides le titre de chevalier, ainsi qu’en avoient joüi ses prédécesseurs ; & par l’article 7 du reglement du 3 Janvier 1673, le titre de conseiller du roi en ses conseils d’état & privé lui a été confirmé, ainsi qu’aux pre-