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n’ayant guere qu’une ligne de largeur : ceci fait, serrez-les fortement l’une contre l’autre avec du cordonnet de soie ; plus elles seront serrées, mieux l’expérience réussira : posez-les ensuite au milieu du carreau de verre, & faites communiquer l’un des bouts de la feuille d’or (qui pour cet effet doit déborder par ses deux extrémités) avec la dorure du carreau, & l’autre avec quelque plaque ou morceau de métal, que vous mettrez sur un morceau de verre posé dessus l’ayant bien chargé, comme on vient de le dire : prenez ensuite le C de fer dont nous avons parlé ; & après l’avoir appliqué sur le morceau de métal, tirez une étincelle du conducteur : si vous desserrez le cordon, & que vous regardiez vos lames, vous y verrez dans différens endroits des taches rougeâtres, produites par l’or qui y a été comme comprimé dans l’explosion, ou dans l’instant que le carreau s’est déchargé. Ces taches sont parfaitement égales sur chacune de ces lames, ensorte que l’une est toûjours la contre-épreuve de l’autre, & si adhérentes que l’eau régale ni aucun mordant ne peut les enlever ; quelquefois le choc est si grand, lorsque l’électricité est très-forte, qu’elles se brisent en mille parties.

Après avoir parlé de l’expérience du coup foudroyant en général, en avoir fait voir les causes & montré les différens moyens de le varier, il ne me reste plus qu’à parler de son application à la Medecine.

Je souhaiterois bien pouvoir donner ici une longue liste des bons effets qu’elle a produits ; mais malheureusement je suis contraint d’avoüer qu’ils sont en très-petit nombre, au moins ceux qu’on peut légitimement attribuer à cette expérience. Je sai qu’on a fait beaucoup de tentatives ; je sai qu’on a vanté le succès de plusieurs, mais ces succès ne sont pas confirmés. Je n’ai pas été moi-même plus heureux ; tout ce que j’ai remarqué de plus constant, c’est que la commotion donnée avec une certaine violence occasionne des sueurs très-fortes aux personnes qui la reçoivent, soit par la crainte qu’elle leur cause, soit aussi par l’impression qu’elle fait sur tout leur corps. Cependant on ne doit pas se décourager ; souvent le peu de succès de nos tentatives ne vient que de la maniere dont nous les faisons : peut-être à la vérité que le tems & les expériences nous apprendront, que l’application de celle-ci au corps humain est inutile ; peut-être aussi qu’ils nous en feront découvrir d’heureuses applications auxquelles nous touchons, & dont cependant nous ne nous doutons pas. Voyez Electricité. (T)

Coup de crochet, en Bâtiment, est une petite cavité que les Maçons font avec le crochet, pour dégager les moulures du plâtre, & que l’on appelle grain d’orge dans les profils des corniches de pierre, ou moulures de menuiserie. Voyez Grain d’orge. (P)

Coup-d’œil (le), dans l’Art militaire, est selon M. le chevalier de Folard, l’art de connoître la nature & les différentes situations du pays, où l’on fait & où l’on veut porter la guerre ; les avantages & les desavantages des camps & des postes que l’on veut occuper, comme ceux qui peuvent être favorables ou desavantageux à l’ennemi.

Par la position de nos camps & par les conséquences que nous en tirons, nous jugeons sûrement des desseins présens, & de ceux que nous pouvons avoir par la suite. C’est uniquement par cette connoissance de tout le pays où l’on porte la guerre, qu’un grand capitaine peut prévoir les évenemens de toute une campagne, & s’en rendre pour ainsi dire le maître. Sans le coup-d’œil militaire, il est impossible qu’un général puisse éviter de tomber dans une infinité de fautes d’une certaine conséquence.

Philopœmen, un des plus illustres capitaines de la Grece, avoit un coup-d’œil admirable. Plutarque nous apprend la méthode dont il se servit pour voir de tout autres yeux que de ceux des autres, la conduite des armées.

« Il écoutoit volontiers, dit cet auteur dans la vie de ce grand capitaine, les discours & lisoit les traités des Philosophes, non tous, mais seulement ceux qui pouvoient l’aider à faire des progrès dans la vertu. Il aimoit sur-tout à lire les traités d’Evangelus, qu’on appelle les tactiques, c’est-à-dire l’art de ranger les troupes en bataille ; & les histoires de la vie d’Alexandre : car il pensoit qu’il falloit toûjours rapporter les paroles aux actions, & ne lire que pour apprendre à agir, à moins qu’on ne veuille lire seulement pour passer le tems, & pour se former à un babil infructueux & inutile. Quand il avoit lû les préceptes & les regles de Tactique, il ne faisoit nul cas d’en voir les démonstrations par des plans sur des planches ; mais il en faisoit l’application sur les lieux mêmes, & en pleine campagne : car dans les marches il observoit exactement la position des lieux hauts & des lieux bas, toutes les coupures & les irrégularités du terrein, & toutes les différentes formes de figure que les bataillons & escadrons sont obligés de subir à cause des ruisseaux, des ravins, & des défilés, qui les forcent de se resserrer ou de s’étendre ; & après avoir médité sur cela en lui-même, il en communiquoit avec ceux qui l’accompagnoient, &c. »

C’est un abregé des préceptes qui peuvent former un général au coup-d’œil. On peut voir dans le commentaire sur Polybe de M. le chevalier Folard, tom. I. pag. 262. le coup-d’œil réduit en principes & en méthode. C’est un chapitre des plus instructifs de ce commentaire, & un de ceux dont il paroît qu’un officier destiné à commander les armées peut tirer le plus d’utilité. (Q)

Coup perdu, (Art milit.) est un coup de canon tiré de maniere que la bouche du canon est élevée au-dessus de la ligne horisontale, & qu’il n’est pas pointé directement à un but. (Q)

Coup de partance, (Marine.) c’est un coup de canon que le commandant fait tirer sans être chargé à balle, pour avertir les passagers ou autres gens de l’équipage qui sont encore à terre, de se rendre à bord & que le navire va partir. (Z)

Coup de canon à l’eau, (Marine.) se dit des coups de canon qu’un vaisseau reçoit dans la partie qui en est enfoncée dans l’eau, c’est-à-dire au-dessous de sa ligne de flotaison.

Dans un combat, les calfats sont tous prêts avec des plaques de plomb, qu’on applique sur le trou pour boucher le plus promptement qu’il est possible les coups de canon à l’eau.

Coup de canon en bois, (Marine.) ce sont ceux que reçoit le vaisseau dans sa partie qui est hors de l’eau. (Z)

Coup de vent, (Marine.) se dit lorsque le vent se renforce assez pour obliger de serrer les voiles, & qu’il forme un gros tems ou un orage qui tourmente le vaisseau. (Z)

Coup de Mer, (Marine.) c’est lorsque la mer est grosse, & que la vague vient frapper avec violence contre le corps du vaisseau. On a vû des coups de mer assez forts pour enlever le gouvernail, briser les galeries, & mettre le navire en danger. (Z)

Coup de Gouvernail, (Marine.) donner un coup de gouvernail ; c’est pousser le gouvernail avec beaucoup de vîtesse à bas-bord ou à stribord. (Z)

* Coup, petits coups, (bas au métier.) parties de cette machine, à l’aide desquelles s’exécute une des principales manœuvres dans le travail. Cette