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puce comme la cuculle, & ces deux vêtemens se portoient séparement : le scapulaire pendant le travail, & la cuculle à l’église ou hors de la maison. Depuis, les moines ont regardé le scapulaire comme la partie la plus essentielle de leur habit ; ainsi ils ne le quittent point, & mettent le froc ou la coule par-dessus. » Mœurs des Chrét. tit. 54. (G)

Coule, (Géog. mod.) petite ville de Hongrie, en Walachie, sur le Danube.

COULÉ, en Musique, adj. pris subst. Le coulé se fait lorsqu’au lieu de marquer chaque note d’un coup d’archet sur les instrumens à corde, ou d’un coup de langue sur les instrumens à vent, on passe deux ou plusieurs notes sous la même articulation en prolongeant l’expiration ou en continuant de tirer ou pousser l’archet aussi long-tems qu’il est nécessaire. Il y a des instrumens, tels que le clavecin, sur lesquels le coulé paroît presqu’impossible à pratiquer ; & cependant on vient à bout de l’y faire sentir par un toucher doux & lié, très-difficile à décrire, & que l’écolier apprend plus aisément que le maître ne l’enseigne. Le coulé se marque par une liaison dont on couvre toutes les notes qui doivent être coulées ensemble. (S)

Coulé, en terme de Brodeur, c’est un assemblage de deux points faits séparément sur une même ligne, en observant de piquer l’aiguille au second point, à l’endroit où elle est sortie dans le premier.

Coulé, (Orfévrerie & autres Artistes.) il se dit de la fusion des soudures, auxquelles il faut donner un degré de chaleur convenable pour que la fusion en soit nette. Il se dit aussi de tout ouvrage jetté en moule.

Coulé, s. m. (Saline.) issues par lesquelles la riviere qui tombe dans les poëles s’enfuit ; comme ces issues sont souvent cachées, & que l’équille ne suffit pas pour les boucher, alors un ouvrier rompt l’équille, & bouche le coulé avec de la chaux-vive. Voyez Salines & Equille.

COULÉE, s. f. (Marine.) c’est l’évidure qu’il y a depuis le gros du vaisseau jusqu’à l’étambord, ou bien l’adoucissement qui se fait au-bas du vaisseau entre le genou & la quille, afin que le plat de la varangue ne paroisse pas tant, & qu’il aille en étrécissant insensiblement. (Z)

Coulée, adj. pris subst. (Ecriture.) se dit d’un caractere panché, lié de pié en tête, tracé avec plus ou moins de rapidité. Voyez-en les différentes especes aux Planches de l’Ecriture.

* Coulée, s. f. (grosses Forges.) c’est un espace d’environ sept à huit pouces, par lequel s’écoule toute la fonte contenue dans le creuset ; on bouche cette ouverture avec de la terre détrempée ; & détremper la terre pour fermer la coulée s’appelle faire le bouchage. Voyez l’article Grosses Forges, & nos Planches de grosses Forges.

COULEMENT D’EPÉE, (Escrime.) est une attaque qui se fait en glissant d’un bout à l’autre la lame de son épée contre celle de son ennemi : on coule de pié ferme & en gagnant la mesure, voyez Mesure ; on coule en dégageant & sans dégager. La meilleure de toutes les attaques est celle-ci, parce qu’elle détermine absolument l’ennemi à agir.

Coulement de pié ferme & sans dégager, est celui qui se fait en mesure sans quitter l’épée de l’ennemi.

Il s’exécute ainsi : 1°. faites du bras droit tout ce qui est enseigné pour parer quarte ou tierce, &c. suivant le côté où les épées sont engagées : 2°. glissez par un frottement vif & sensible le tranchant de votre lame contre celle de l’ennemi, en avançant la pointe de l’épée droite à son corps pour le déterminer à parer : 3°. s’il pare, dégagez en allongeant l’estocade : 4°. s’il ne pare pas, achevez l’estocade droite.

Nota qu’on doit s’attendre en faisant un coulement d’épée, que l’ennemi prendra ce tems pour détacher l’estocade droite, ou en dégageant : mais remarquez qu’au premier cas il ne peut porter l’estocade droite sans forcer votre épée ; c’est pourquoi s’il la force, vous ferez le premier dégagement forcé ; voyez premier Dégagement forcé & s’il dégage, détachez incontinent l’estocade de quarte droite si vous coulez tierce, ou l’estocade de tierce droite si vous coulez quarte.

Coulement de pié ferme en dégageant ; il s’exécute comme le coulement de pié ferme sans dégager, excepté qu’on commence par dégager.

Coulement d’épée en entrant en mesure sans dégager, se fait comme le coulement de pié ferme sans dégager, excepté que l’on serre la mesure en coulant l’épée.

Coulement d’épée en serrant la mesure & en dégageant, se fait comme le coulement de pié ferme & en dégageant, excepté qu’on coule l’épée en entrant en mesure.

* COULER, v. n. terme qui marque le mouvement de tous les fluides, & même de tous les corps solides réduits en poudre impalpable. Rouler, c’est se mouvoir en tournant sur soi-même. Glisser, c’est se mouvoir en conservant la même surface appliquée au corps sur lequel on se meut. Voyez Fluide.

Couler bas, Couler à fond, (Marine.) c’est faire périr un vaisseau en l’enfonçant dans l’eau.

Dans un combat, on coule bas son ennemi, lorsqu’on lui tire assez de coups de canon pour que l’eau y entre en si grande quantité qu’elle le fasse enfoncer dans l’eau.

Un vaisseau coule bas, lorsqu’il se fait quelque voie d’eau très-considérable, à laquelle on ne puisse remédier. (Z)

Couler, (Chimie.) c’est extraire des sels en versant de l’eau sur les substances, telles que des terres, ou des cendres, qui en contiennent, & dont elles sont dépouillées par l’eau qui les dissout & les entraîne. C’est ainsi qu’on obtient le salpetre. On coule aussi la lessive.

Couler, v. act. dans le Commerce, se dit des mauvaises marchandises qu’on fait passer à la faveur des bonnes. Ce marchand, dit-on, m’a trompé, il a coulé quelques pieces de drap médiocres parmi celles qu’il m’a livrées. Dictionn. de Comm. (G)

Couler, (Danse.) c’est porter la jambe doucement & legerement, & raser la terre de la pointe du pié d’un mouvement presqu’uniforme & sans marquer de cadence.

Couler en plomb, (Archit.) c’est remplir de plomb les joints des dales de pierre & les marches des perrons exposées à l’air, ou sceller avec du plomb les crampons de fer ou de bronze : précaution qu’on doit prendre dans les bâtimens d’importance, ainsi qu’on l’a observé aux Invalides, au Val-de-Grace, &c. (P)

Couler, en termes de Boutonnier, c’est l’action d’entortiller un brin de soie ou d’or, sur plusieurs autres enfilés dans la même aiguille, en faisant tourner le bouton comme une piroüette, au moyen d’un fil un peu gros attaché au pié du bouton ; ce qui se fait en rostant un bouton façonné. Voyez Roster.

Couler, v. n. terme de Chandelier ; il se dit d’une chandelle dont le suif fondant trop vîte, se répand sur sa surface.

Couler, en terme d’Epinglier, se dit proprement du second tirage qu’ils donnent au laiton, en le faisant passer par des trous de filiere, comme on fait l’or & l’argent que la premiere main n’a fait que dégrossir.

Couler, terme de Fondeur : on dit couler une piece de canon, quand le métal en est fondu, & qu’on lui permet d’entrer dans le moule. Voyez Fonderie.