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tivement dans le cou toutes les parties dont il est composé ; savoir,

1°. Les tégumens communs.

2°. Les vertebres qui servent aux mouvemens de la tête & du cou, & qui sont ordinairement au nombre de sept, renfermant la moelle de l’épine qui fournit les nerfs cervicaux.

3°. Les arteres & les veines. Les arteres sont les carotides externes & internes, les vertébrales, & les cervicales. Les veines sont les jugulaires externes & internes, les vertébrales, & les cervicales.

4°. Les nerfs considérables de la paire vague & de l’intercostal, les diaphragmatiques, les vertébraux, les cervicaux, &c.

5°. Une portion de la trachée-artere, & sur-tout le larynx, lequel s’avançant par-devant, forme cette éminence ou grosseur que nous appellons la pomme d’Adam, d’ordinaire plus apparente aux hommes qu’aux femmes, parce que les femmes ont en cet endroit de grosses glandes qui leur rendent le cou plus arrondi, & la gorge plus pleine. Quand on mange ou qu’on boit, il arrive que cette grosseur monte & puis descend ; la cause de ce mouvement est que lorsque nous avalons quelque chose, la descente de l’aliment oblige alors le larynx, par une méchanique nécessaire, à s’élever ; ce qui facilite la chûte de l’aliment dans l’estomac.

6°. Le pharinx, une portion de l’œsophage, les muscles peauciers, les sterno-mastoïdiens, les sterno-hyoïdiens, les tiro-hyoïdiens, les omo-hyoïdiens, &c.

7°. Plusieurs glandes, parmi lesquelles la plus considérable est la glande thyroïde ; les autres petites glandes qu’on découvre par la dissection, & qui deviennent quelquefois fort considérables dans les écroüelles.

8°. Des muscles qui servent aux divers mouvemens du cou ; car cette partie du corps, outre la flexion & l’extension, peut s’incliner sur les côtés, & se tourner à droite & à gauche en maniere de pivot. Tous ces mouvemens qui paroissent toûjours accompagnés de ceux de la tête, dépendent de l’action de plusieurs muscles, dont les uns sont situés à la partie antérieure du cou, les autres à sa partie postérieure, & les autres sur ses parties latérales. Il n’y en a que deux dans la partie antérieure ; on les nomme les longs fléchisseurs du cou : on en compte huit dans la partie postérieure, quatre de chaque côté, auxquels on ajoûte tous les petits muscles qui se rencontrent le long du cou, & qu’on a nommés, eu égard à leur situation, inter-épineux & inter-transversaires. Les muscles situés sur les côtés du cou sont les deux scalenes.

Tous ces muscles sont très-composés, multipliés, entrelacés, & ont toûjours paru très-difficiles à bien disséquer & à décrire avec netteté. D’ailleurs, ils varient beaucoup dans leurs attaches & leurs communications réciproques. Parmi ces muscles particuliers au cou, M. Winslow en ajoûte deux autres qui sont rapportés à ceux de la tête, & nommés l’un le grand oblique, & l’autre le petit droit ; mais nous n’entrons point dans ce genre de discussions. Voyez les mém. de l’acad. des Scienc. 1730.

9°. Enfin plusieurs ligamens, les uns inter-musculaires, les autres latéraux, & d’autres encore qui s’étendent comme une membrane depuis l’occiput jusqu’aux deux dernieres vertebres.

La nécessité du cou. Quelques voyageurs racontent qu’il y a des peuples qui n’ont point de cou ; la tête, disent ces auteurs, est posée chez ces peuples immédiatement sur la poitrine : mais ou ces voyageurs ont cru nous en imposer par une fable pitoyable ; ou étant de mauvais physiciens, ils ont vû des hommes dont les épaules étoient élevées de maniere que

la tête paroissoit dans l’entre-deux, & ils ont pris ces hommes-là pour des hommes sans cou. Il ne peut pas plus y avoir dans le monde de gens sans cou, que de gens sans tête.

En effet, le cou est une partie dont la nécessité saute aux yeux. Sans nous attacher à le prouver, il suffira de dire que comme nous avons besoin de mouvoir la tête en divers sens, ces mouvemens seroient presque tous impossibles sans le cou : c’est pour faciliter ces mouvemens que le cou est d’une grosseur médiocre ; si son diametre avoit été égal à celui du crane, la tête n’auroit pû s’incliner commodément en-devant, & la mâchoire inférieure auroit trouvé un obstacle, quand elle auroit été tirée par les muscles digastriques.

Mais plus le cou est nécessaire, plus sa structure est admirable ; plus elle est composée, & plus il y a d’accidens différens auxquels il est sujet : car ses tégumens externes, ses glandes, ses vertebres, ses ligamens, ses muscles, ses nerfs, ses vaisseaux, peuvent souffrir une quantité de maladies dangereuses ou mortelles, dont la connoissance est très-intéressante. Nous n’en donnerons ici qu’une énumération générale ; les détails appartiennent à chaque article en particulier.

Des maladies du cou en général. 1°. Les abcès, les tumeurs inflammatoires, érésipélateuses, pierreuses, œdémateuses, hydropiques, écroüelleuses, skirrheuses, affectent le cou, & sont plus ou moins dangereuses à proportion qu’elles sont plus ou moins externes, & qu’elles compriment plus ou moins les parties internes. Les anevrysmes & les varices dans ces parties, ne doivent être ni ouvertes ni comprimées ; il faut seulement les soûtenir dans leur état.

2°. Il faut mettre au rang des grandes maladies du cou ses blessures, qui sont ici plus dangereuses que dans d’autres parties musculeuses, à cause du grand assemblage d’organes & de divers vaisseaux, comme aussi par la structure de la partie, qui ne permet ni la compression ni la ligature de ces vaisseaux. Le prognostic des différentes plaies du cou dépend encore des parties affectées ; les plaies des arteres de cette partie, celles de la moelle épiniere, des gros nerfs, des jugulaires internes, des carotides, de la trachée-artere, de l’œsophage coupé, sont presque toûjours incurables ; celles des jugulaires externes sont très-guérissables, si l’on y remédie à tems : celles qui n’affectent que la peau & les chairs, demandent les traitemens des plaies ordinaires.

3°. La luxation incomplette des vertebres du cou est d’un péril très-éminent, à cause de la moelle épiniere qu’elles renferment, du larynx, du pharynx, & des gros vaisseaux de cette partie. Dans la luxation complette, le malade meurt sur le champ ; dans l’incomplette, il meurt ordinairement : si l’on ne réduit promtement la luxation, il meurt presque toûjours ; il meurt même très-souvent, quoiqu’on n’ait pas différé la réduction : enfin l’on desire sur l’art de cette réduction une meilleure méthode que celle qu’on a mis en usage jusqu’à présent.

4°. Le cou peut être courbé de telle sorte, qu’il fait pancher la tête du côté droit ou du côté gauche. Ce défaut vient de naissance, par un accouchement laborieux ; ou par accident, comme par une brûlure, par la contraction spasmodique d’un des muscles mastoïdiens, par un trop grand relâchement de quelqu’un de ces muscles, par une abondance d’humeurs catarrheuses, par un ligament contre nature. Le premier cas n’admet point de remede ; les autres en demandent de prompts, d’éclairés, & qui soient opposés aux causes.

5°. Quelquefois on distend les vertebres du cou, en prenant la tête d’un enfant par-dessous avec les deux mains, & le soûlevant en l’air ; badinage dan-