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place cette peau entre le sommier & le parchemin. Voy. Parchemin.

CONTR’ESPALIER, s. m. (Jardin.) c’est une file d’arbres fruitiers destinés à demeurer nains, espacés à égale distance, amenés à une figure réguliere, & assujettis par un treillage isolé à former une ligne droite dans les jardins potagers & fruitiers. Les contr’espaliers se mettent ordinairement dans le milieu de larges plattebandes qui bordent les allées, & qui servent de quadre aux quarrés de ces jardins. Cet arrangement d’arbres a été appellé contr’espalier, parce qu’il se trouve souvent placé à l’opposite de l’espalier qui regne contre les murs. On donne aux arbres en contr’espalier la même forme qu’à ceux de l’espalier ; on les conduit également, & on les cultive de même, si ce n’est que l’on ne permet pas aux arbres en contr’espalier de s’élever autant que ceux en espalier, qui d’ailleurs ne présentent qu’une face, au lieu que ceux en contr’espalier en ont deux.

Un contr’espalier bien ordonné, doit être retenu à peu-près à hauteur d’appui, & au plus à quatre piés d’élévation, pour laisser la vûe libre sur les quarrés, & pour n’empêcher que le moins qu’il est possible l’action du soleil & du grand air sur les légumes. La figure d’arbres fruitiers en buisson, qui prit de mode dans le dernier siecle, a prévalu pendant quelque tems sur le contr’espalier ; mais on s’est enfin apperçû que ces buissons sur le bord des quarrés, offusquoient & contrarioient l’allignement des allées ; & on en est revenu au contr’espalier, qui convient infiniment mieux pour border des lignes droites, que les arbres en buisson, & ceux-ci conviennent mieux pour former des quinconces de fruitiers dans le milieu des quarrés. Voy. Espalier. (c)

CONTRE-TAILLE, s. f. on appelle ainsi indistinctement une des deux tailles sur lesquelles on marque quelque chose régulierement. V. Taille.

CONTRE-TAILLES & TRIPLES-TAILLES, c’est dans la Gravure en bois, des tailles croisées par-dessus d’autres tailles, ou la même chose que les graveurs en cuivre appellent contre-hachures, ou secondes & troisiemes tailles. Elles sont d’autant plus difficiles à faire en bois, que chaque quarré des contre-tailles doit être coupé des quatre côtés, & le bois du milieu enlevé, sans que les croisées des tailles où la pointe aura passé en faisant nécessairement deux coupes, ne soient pas ébréchées ; d’où l’on doit sentir que pour faire des triples-tailles en cette espece de gravure, il faut encore plus d’attention & d’adresse ; car les trois coupes qui préparent à les faire, passant dans les croisées des unes & des autres, les rend sujettes, si l’on n’y prend garde, à enlever quelques traits, & à rendre les triples-tailles, ce qu’on appelle poüilleuses, c’est-à-dire coupées, cassées par-ci par-là, & interrompues : accident qui peut survenir aussi aux contre-tailles ; & c’est particulierement à ces deux opérations que les commençans échoüent, de même que les graveurs médiocres, qui ne savent point diriger & user comme il faut de la pointe à graver. Voyez au mot Gravure en bois, &c. aux principes de cet art, la maniere de faire les contre-tailles, les triples-tailles, &c. Cet article est de M. Papillon graveur en bois.

CONTRE-TEMS, s. m. en terme de Danse, ce sont trois manieres différentes de sauter ; la premiere est sautée avant le pas, la seconde après le pas, & la troisieme en faisant le pas. Soit le menuet pour exemple.

La premiere maniere s’exécute après avoir fini le pas de menuet ; on porte entierement le corps sur le pié gauche, auprès duquel on approche le droit à la premiere position : ensuite on plie dessus le gau-

che, & l’on se releve en sautant. C’est ce qu’on appelle

sauter à cloche-pié, & sauter avant le pas.

La seconde se fait ayant le corps sur le pié gauche ; on replie une seconde fois dessus, puis étant plié, on glisse le pié droit devant soi à la quatrieme position, & l’on se releve dessus en sautant. C’est sauter après le pas.

La troisiéme, c’est plier dessus le droit sur lequel le corps est posé, en approchant le gauche tout auprès ; puis en s’élevant on le passe devant doucement, & on se laisse tomber dessus en sautant. C’est sauter en faisant le pas.

Contre-tems de gavotte, ou Contre-tems en avant, terme de Danseur, pour exprimer des pas sautés qui animent la danse par les différentes manieres de les faire.

Si on les fait du pié droit, il faut avoir le corps posé sur le gauche à la quatrieme position, le pié droit derriere le talon levé ; plier ensuite sur le gauche, & se relever en sautant dessus. Alors la jambe droite qui étoit prête à partir, passe du même tems pardevant, & se porte à la quatrieme position sur la pointe du pié, & les deux jambes sont fort étendues ; on fait ensuite un autre pas du pié gauche en avant & à la quatrieme position, ce qui fait le contre-tems complet.

Il se fait de la même maniere en arriere ; par exemple, le pié gauche étant derriere à la quatrieme position, le corps posé dessus, il faut plier sur le même pié, & du même tems lever la jambe droite, la tenir fort étendue, & se porter derriere à la quatrieme position. On fait ensuite un autre pas en arriere du pié gauche & sur la pointe des piés ; mais à ce dernier pas il faut poser le talon, ce qui met le corps en son repos. Ce pas se fait dans l’étendue d’une mesure à deux tems légers, ou d’une à trois tems : il occupe le même tems d’un pas de bourrée ordinaire.

Contre-tems de côté, il se fait différemment du contre-tems en avant, sur-tout lorsqu’il est croisé. La différence qu’il y a, c’est qu’il faut plier sur un pié pour le contre-tems en avant, & sur les deux piés dans celui-ci. Si l’on doit faire un contre-tems en venant du côté gauche, ce doit être du pié droit, ayant les deux piés à la seconde position, & le corps droit dans son à-plomb ; se plier, puis se relever en sautant. Comme le mouvement que l’on prend pour sauter, est plus forcé que celui que l’on prend pour s’élever au demi-coupé, cela est cause que la jambe droite, lorsqu’on s’éleve, rejette le corps sur le pié gauche, & reste en l’air fort étendue à côté, & tout de suite on fait un pas de cette même jambe, en la croisant jusqu’à la cinquieme position, en posant le corps dessus ; puis on fait de suite un autre pas du pied gauche, en le portant à côté à la deuxieme position.

Contre-tems de chaconne, ou Contre-tems ouverts, ces pas se font comme le contre-tems en avant. En approchant le pié gauche devant, & le corps posé dessus, la jambe droite s’approche derriere ; on plie, & l’on se releve en sautant sur le pié gauche, & la jambe droite qui est en l’air, se porte à côté à la seconde position, & le pié gauche derriere ou devant à la cinquieme position, ce qui en fait l’étendue. On se sert ordinairement de ces pas pour aller de côté, ainsi il est composé d’un mouvement sauté & de deux pas marchés sur la pointe ; mais au dernier il faut poser le talon, afin que le corps soit ferme pour faire tel autre pas que l’on veut. Cette maniere est celle dont on se sert pour aller du côté droit, & l’on revient du côté gauche, en commençant par sauter sur le pié droit.

Il faut observer de retomber à la même place, lorsque l’on plie & que l’on saute.