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rir toutes sortes de plaies sans cicatrice. Les chirurgiens prudens & expérimentés n’osent jamais après une grande perte de substance ou une longue suppuration, assûrer que la cicatrice ne sera pas difforme, & ils doivent toûjours en avertir le blessé, dans la crainte que l’on n’attribue à la négligence du chirurgien la difformité de la cicatrice.

N’oublions pas de remarquer qu’il est à propos de fomenter souvent la cicatrice avec l’esprit de romarin, de matricaire, ou autres semblables ; car tous ces esprits ont la propriété d’affermir les parties animales. Cet endroit reste long-tems plus débile, couvert seulement d’une pellicule mince, & plus aisé par conséquent à être offensé que les parties voisines. De-là vient qu’il est quelquefois nécessaire d’appliquer long-tems encore sur cet endroit, quoique déjà consolidé, une emplâtre douce préparée avec le plomb ou une peau mollette, de peur que le frottement des habits, l’air, ou quelque accident ne renouvelle la plaie.

On trouve à ce sujet une observation curieuse dans les Mémoires d’Edimbourg, tome II. sur une portion du cerveau poussée par les efforts d’une toux violente, hors du crane, à-travers la cicatrice d’une plaie à la tête d’une fille âgée d’environ treize ans. Le chirurgien après avoir guéri la plaie, avoit eu soin de recommander à la malade de porter toûjours sur la cicatrice une compresse de linge, & sur la compresse une plaque de plomb percée aux quatre extrémités d’autant de trous, où seroient passés des rubans de fil, deux desquels se lieroient sous la machoire inférieure, & les deux autres derriere la tête. La malade suivit l’ordonnance pendant deux mois ; mais ensuite elle cessa de se servir de cette plaque, & continua à se bien porter pendant sept autres mois ; après lequel tems elle fut attaquée d’une toux convulsive avec tant de violence dans le cours d’une nuit, que la cicatrice de sa plaie se déchira, & que le cerveau fut fortjetté hors des tégumens, ce qui lui causa la mort au bout de cinq jours.

La cicatrice reste toûjours. Concluons qu’il est nécessaire de consolider la cicatrice, mais quand une fois la cicatrice est bien certainement consolidée, ne pourroit-on pas alors, par les secours de l’art, la corriger, l’effacer, la détruire, & rendre cette marque blanche qui reste dans l’endroit de la plaie guérie, entierement pareille à la peau voisine ? Ce sont les dames qui font cette question : je leur réponds que cette marque blanche est ineffaçable, & qu’elle ressemble aux effets de la calomnie, dont après que les plaies qu’elle a faites sont refermées, les cicatrices demeurent toûjours. Cet article est de M. le Chevalier de Jaucourt.

CICERO, s. m. (Fond. en caract.) huitieme des corps sur lesquels on fond les caracteres d’Imprimerie : sa proportion est de deux lignes mesure de l’échelle. Son corps double est la palestine, & il est le double de la nompareille ; c’est-à-dire qu’il est une fois plus grand que ce caractere, & une fois plus petit que la palestine.

Le cicero est le caractere le plus en usage à l’Imprimerie. Voyez l’exemple du cicero à l’art. Caracteres d’Imprimerie où nous sommes entrés dans le détail sur la grandeur des différens caracteres. Ce Dictionnaire est imprimé en Cicero.

CICERONE, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on appelle en Italie ceux qui connoissent les choses dignes de la curiosité des étrangers qui peuvent être dans une ville, & qui les conduisent dans les lieux où elles sont.

CICLUT, (Géog. mod.) fort de la Dalmatie. Long. 35. 53. lat. 43. 25.

CICUTAIRE, s. f. (Hist. nat. bot.) cicutaria,

genre de plante à fleurs en rose, disposées en ombelles. Les pétales sont soûtenues par le calice, qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences renflées, longues, voûtées, faites à-peu-près en forme de croissant, & cannelées profondément. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont semblables en quelque maniere à celles de la ciguë. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

CIDAMBARAM, (Géog.) ville d’Asie dans les Indes, au royaume de Gingi, sur la côte de Coromandel.

* CIDARIS ou CITTARIS, s. m. (Hist. anc.) bonnet pointu qu’on portoit autrefois en Perse, & en d’autres contrées de l’Orient. Les rois de Perse le couvroient d’un ruban bleu & blanc, marque de la dignité royale ; la pointe en étoit ou droite ou recourbée en-devant. Chez les Hébreux les prêtres portoient aussi de ces bonnets ; mais celui du grand-prêtre étoit plus haut que les autres, & il avoit une lame d’or appellée lamina corona sanctitatis, qui alloit d’une oreille à l’autre en passant sur le front : cette lame étoit attachée au bonnet avec des fils de couleur hiacinthe, & on y lisoit, kedesch Jehova, sanctitas Jehova. Voyez hed. lex.

CIDAYE, (Géog.) ville d’Asie dans l’île de Java, au royaume de Surubaya.

* CIDRE, s. m. (Œconom. rust.) boisson que l’on tire de la pomme. Elle est très-ancienne ; les Hébreux l’appelloient sichar, que S. Jérôme traduit par sicera, d’où nous avons fait cidre. Les nations postérieures l’ont connu ; les Grecs & les Romains ont fait du vin de pomme. Parmi nous il est très-commun, sur-tout dans les provinces où l’on manque de celui du raisin.

La Normandie est pour le cidre, ce que sont la Bourgogne & la Champagne pour le vin ; & de même que le vin n’est pas également bon dans tous les cantons de ces provinces, tous les cantons de la Normandie ne donnent pas du cidre de la même qualité. Il s’en fait en abondance, & d’excellent, surtout dans le pays d’Auge & le Bessin, ou les environs d’Isigny. Le fruit à couteau n’y vaut rien. Le cidre se tire de pommes rustiques de plusieurs especes, dont il faut bien connoître les sucs, afin de les combiner convenablement, & de corriger les uns par les autres. On éleve des pepinieres de pommiers de cette espece de pommes, on les greffe en fente, on les plante en quinconce, ou on en dresse des allées. Il y a peut-être plus de trente sortes de pommes à cidre, qu’on cueille en différens tems à mesure qu’elles paroissent mûres ; & elles mûrissent plus ou moins promptement, selon que les années sont plus ou moins avancées. On les distribue en trois classes différentes, dont on fait la récolte successivement. On donne le nom de pommes tendres aux deux premieres classes, & celui de pommes dures à la troisieme. En effet les pommes de la troisieme classe sont dures, & mûrissent tard & difficilement. Une regle générale pour la récolte, c’est de choisir un tems sec, pendant lequel les pommes soient essuyées de toute humidité.

Ce jour-là est ordinairement vers la fin de Septembre ou le commencement d’Octobre ; on se transporte vers les arbres ; & comme il y auroit trop d’ouvrage à cueillir les fruits à la main, on les abat, soit à coups de gaules, soit en secouant les arbres : on les ramasse, on les porte sur le grenier ; on les y met en tas suivant leur classe : là ils s’échauffent, ils suent, & ils achevent de se mûrir.

S’il y a un point de maturité à choisir pour la récolte des pommes, il y en a un autre qui n’est pas moins important à connoître pour les piler : on laisse passer aux pommes qu’on appelle tendres, de beau-