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qu’il fut poursuivi par Cromwel après la déroute de Worcester. Voyez Constellation, Etoile. (O)

CHENELLES ou TENELLES, s. f. (Jurisprud.) qu’on appelle aussi droit de gambage, est un droit singulier usité dans quelques coûtumes locales d’Artois, qui est dû au seigneur, d’une certaine quantité de bierre pour chaque brassin. Par exemple, en celle du Mont-saint-Eloi, article ij. il est fixé à deux lots pour chaque brassin. Voyez l’auteur des notes sur Artois, art. iij. (A)

CHENERAILLES, (Géog.) petite ville de France dans le Bourbonnois.

* CHENET, s. m. (Serrurier, Argenteur, Doreur, Fondeur.) ustensile domestique auquel tous ces ouvriers travaillent quelquefois. On le place dans les atres des cheminées par paire. Les deux chenets soûtiennent & élevent le bois qui en brûle plus facilement. Si on imagine, 1° une barre de fer quarrée, horisontale, dont un des bouts que j’appelle a soit coudé d’environ quatre à cinq pouces en un sens, & dont l’autre bout que j’appelle b soit coudé dans un sens opposé ; ensorte que la barre & les parties coudées soient dans un même plan, & que les parties coudées soient paralleles entr’elles & perpendiculaires à la barre : si l’on imagine, 2° qu’une des parties coudées a soit plus forte d’étoffe & plus longue que la partie b ; qu’à l’endroit du coude elle soit refendue en deux parties ; qu’on étire ces deux parties ; qu’on les cintre vers le coude ; qu’on les écarte, l’une d’un côté de la partie a, l’autre de l’autre côté ; que la partie a soit perpendiculaire sur le milieu de ce cintre ; que la partie a & ses portions refendues & cintrées soient dans un même plan ; que ces parties cintrées forment deux piés à-peu-près de la même hauteur & grosseur que la partie b, & que le tout puisse se soûtenir sur ces deux piés & sur la partie b, ensorte que la barre soit à-peu-près horisontale, ou soit seulement un peu inclinée vers la partie b, on aura un chenet de cuisine, un chenet de la construction la plus simple. Ceux des appartemens communément sont à double barre, sont contournés, & tiennent quelquefois par une barre ou deux qui les assemblent vers les parties coudée, b, & les conservent à une distance parallele & proportionnée à la grandeur de l’atre ; alors la partie a a peu de hauteur ; elle sert seulement de support à des ornemens, soit en acier poli, soit en cuivre fondu & ciselé : ce sont ou des bas-reliefs, ou des figures groupées, ou des boules, ou des pots-à feu. Nos ayeux n’avoient que des chenets ; le luxe nous a donné des feux ; car c’est ainsi qu’on appelle l’assemblage des deux chenets ; & ces feux sont des meubles argentés, dorés, quelquefois émaillés, & très-précieux, soit par la matiere, soit par le travail.

CHENEVI, s. m. (Agric.) graine qui produit le chanvre. On seme ordinairement cette graine dans le courant du mois d’Avril : ceux qui sement les premiers & ceux qui sement les derniers, courent des risques différens. Les premiers ont à craindre les gelées du printems, qui font tort aux chanvres nouvellement levés ; les derniers ont à craindre les sécheresses, qui empêchent le chenevi de lever.

On doit avoir attention de ne semer le chenevi ni trop clair ni trop dru : dans le premier cas, le chanvre deviendroit trop gros, l’écorce en seroit trop ligneuse, & la filasse trop dure : dans le second cas, il y auroit beaucoup de petits piés qui seroient étouffés par les autres.

Lorsque le chenevi est semé, on a grand soin de le faire garder jusqu’à ce que le chanvre soit tout-à-fait levé : on met aussi dans la cheneviere des épouventails pour en écarter les oiseaux qui sont très friands de cette graine, la vont chercher jusque dans

la terre, & détruisent par ce moyen l’espérance de la récolte.

CHENEVIERE, s. f. (Agricult.) piece de terre dans laquelle on a semé du chenevi. On choisit toujours pour cet effet une terre douce, aisée à labourer, un peu légere, mais bien fertile, bien fumée & amendée. Dans les terreins secs, le chanvre est trop bas, & la filasse qui en provient est trop ligneuse.

Pour bien faire, il faut fumer tous les ans les chenevieres : cette opération se fait avec tous les engrais qui peuvent contribuer à rendre la terre légere, comme le fumier de cheval, de pigeon, les curures des poulaillers, &c.

On fume ordinairement avant le labour d’hyver. Il n’y a que le fumier de pigeon qu’on ne répand que dans les terres des derniers labours.

Le premier & le plus considérable des labours se donne dans les mois de Decembre & de Janvier : on le nomme entre-hyver. Il se fait à la charrue ou à la houe, & quelquefois à la bêche ; ce dernier moyen est plus long & plus pénible : mais c’est sans contredit le meilleur de tous.

Au printems, on prépare la terre à recevoir la semence par deux ou trois labours, qui se font de quinze en quinze jours. Si après tous ces labours il reste quelques mottes, on les rompt avec des maillets : car une cheneviere doit être aussi unie que les planches d’un parterre.

CHENEVOTTE, s. f. (Œcon. rust.) c’est la partie du chanvre que l’on rompt par le moyen de la broie, & que l’on sépare de la filasse en tirant le chanvre entre les deux mâchoires de la broie.

CHENICE, s. f. (Hist. anc.) mesure attique, κοῖνιξ, adoptée par les Romains : elle contenoit ordinairement quatre septiers ou huit cotyles, selon Fannius.

At cotylas… recipit geminas sextarius unus,
Qui quater assumptus graïo fit nomine
κοῖνιξ.

La chenice contenoit soixante onces ou cinq livres romaines : à Athenes cependant on distinguoit quatre mesures différentes, auxquelles on donnoit le nom de chenice. La plus petite communément appellée chenice attique, contenoit trois cotyles attiques ; la seconde en avoit quatre ; on en comptoit six à la troisieme, & huit à la quatrieme, qui est celle dont Fannius a parlé comme d’une mesure naturalisée à Rome. Mém. de l’acad. tom. VIII. Voyez Cotyle. (G)

CHENIL, s. m. terme d’Architecture, s’entend aussi bien des bâtimens où sont logés les officiers de la vénerie, que du lieu destiné à contenir les chiens de chasse, lequel doit être composé de plusieurs pieces à rez-de-chaussée, pour les séparer selon leur espece : à côté de ces différentes pieces doivent être pratiquées des cours pour leur faire prendre l’air, & des fontaines pour les abreuver ; ordinairement aussi l’on pratique attenant de ces cours des fournils, lieu où l’on cuit le pain, & où on éleve leurs petits. Comme il est beaucoup plus facile de rechauffer les chiens quand il fait froid, que de les rafraîchir lorsqu’il fait chaud, on aura soin de tourner les fenêtres & les portes du chenil vers l’orient & le nord. On prétend que l’exposition du midi est dangereuse. (P)

CHENILLE, s. f. cruca ; (Hist. nat.) insecte qui après avoir passé un certain tems dans l’état de chenille, se change en chrysalide & devient ensuite un papillon. Le genre des chenilles comprend un grand nombre d’especes différentes. Les chenilles ont le corps allongé & composé de douze anneaux membraneux ; leur tête est écailleuse, & elles ont au moins huit jambes, dont les six premieres sont ordinairement écailleuses ; les autres sont membraneuses, s’allongent & se raccourcissent au gré de l’insecte : sa tête est attachée au premier anneau ; le dernier est tronqué en