Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notable dans l’église ; & l’article 81 portoit que la messe haute seroit célébrée par le chancelier, s’il étoit présent, ou par un autre ordonné par le roi. Le prieuré de Vincennes, ordre de Grammont, étoit affecté aux chanceliers de l’ordre de saint Michel, qui ont été tous archevêques ou évêques, jusqu’en 1574. Trois cardinaux ont rempli cette place : savoir Georges d’Amboise, archevêque de Roüen : Antoine du Prat, chancelier de France ; mais on croit qu’alors il n’étoit plus chancelier de l’ordre : & le cardinal de Créqui. Louis d’Amboise évêque d’Albi, Georges d’Amboise cardinal, & le cardinal du Prat, se qualifioient de chancelier de l’ordre du Roi. Philippe Huraut seigneur de Chiverny, maître des requêtes, chancelier du duc d’Anjou roi de Pologne, fut chancelier de l’ordre de saint Michel, après la mort du cardinal de Créqui, en 1574 : c’est le premier séculier qui ait eu cette charge. Il reçut le serment du roi Henri III. pour la dignité de chef & souverain de l’ordre, à son retour de Pologne. Au mois de Décembre 1578, il fut fait chancelier, commandeur & surintendant des deniers de l’ordre du Saint-Esprit, que Henri III. venoit d’instituer. Quelques-uns de ses successeurs prirent des provisions séparées pour les deux charges de chanceliers : les appointemens de chacune de ces charges étoient aussi distingués dans les comptes ; mais dans la suite les deux charges & tous les droits qui y sont attachés, ont été réunis en une seule provision ; c’est pourquoi le chancelier de l’ordre du Saint-Esprit prend le titre de chancelier des ordres du Roi.

Il a aussi le titre de commandeur des ordres du Roi ; il doit faire preuve de noblesse paternelle, y compris le bisayeul pour le moins, & porte le collier comme les chevaliers. Guillaume de l’Aubespine, chancelier des ordres, obtint en 1611 une pension de 3000 liv. pour le dédommager du prieuré de Vincennes, qui avoit été affecté aux chanceliers de saint Michel, & dont ils cesserent de joüir lorsque Philippe Hutaut de Chiverny fut pourvû de cette charge en 1574. Cette pension a passé aux chanceliers des ordres sur le pié de 4000 liv. par an, depuis 1663.

L’office de garde des sceaux des ordres du Roi a été plusieurs fois desuni de celui de chancelier ; savoir en 1633 jusqu’en 1645, depuis 1650 jusqu’en 1654, depuis 1656 jusqu’en 1661, & enfin depuis le 25 Août 1691 jusqu’au 16 Août suivant.

Le chancelier des ordres est aussi ordinairement surintendant des deniers ou finances des ordres ; mais cette charge de surintendant a été quelquefois séparée de celle de chancelier.

Pour ce qui est du chancelier de l’ordre royal & militaire de saint Louis, il n’y en avoit point d’abord. Depuis l’institution de l’ordre faite en 1693 jusqu’en 1719, le sceau de l’ordre étoit entre les mains du garde des sceaux de France ; ce ne fut que par édit du mois d’Avril 1719, que le Roi érigea en titre d’office héréditaire un grand-croix chancelier & garde des sceaux de cet ordre : c’est le premier des officiers grands-croix. L’édit porte, que le chancelier & autres grands officiers du même ordre, joüiront des mêmes priviléges que les grands officiers de l’ordre du Saint-Esprit ; que dans les cérémonies & pour la séance, ils se conformeront à ce qui se pratique dans le même ordre du Saint-Esprit ; que le chancelier garde des sceaux de l’ordre de saint Louis portera le grand cordon rouge, & la broderie sur l’habit ; que les lettres ou provisions de chevaliers seront scellées du sceau de l’ordre, qui demeurera entre les mains du chancelier-garde des sceaux de cet ordre ; que le chancelier & autres grands officiers prêteront serment entre les mains du Roi ; que les autres officiers préteront serment entre les mains du chancelier de l’ordre ; que le chancelier aura en garde le sceau de l’ordre,

& fera sceller en sa présence les lettres de provisions & autres expéditions, & qu’en toutes occasions il fera telles & semblables fonctions que celles qui sont exercées dans l’ordre du Saint-Esprit par le chancelier de cet ordre ; que le garde des archives scellera, en présence du chancelier, les provisions des grands croix, commandeurs, chevaliers, & officiers, & autres expéditions ; que les hérauts d’armes recevront les ordres du chancelier & du grand-prevôt. M. d’Argenson, garde des sceaux de France, fut le premier chancelier de cet ordre ; & depuis, cette dignité est toûjours demeurée dans sa maison. Voyez l’édit de création de l’ordre de saint Louis, du mois d’Avril 1693, & celui du mois d’Avril 1719.

L’ordre royal, militaire, & hospitalier de Notre-Dame du Mont-Carmel & de saint Lazare de Jérusalem, a aussi son chancelier-garde des sceaux.

Dans l’ordre de Malthe, outre le chancelier qui est auprès du grand-maître, il y a encore un chancelier particulier dans chaque grand-prieuré : ainsi comme il y en a cinq en France, il y a autant de chanceliers. Les commissions & mandemens du chapitre ou assemblée des chevaliers, sont scellés par le chancelier : c’est lui qui tient le registre des délibérations, & qui en délivre des extraits sous le sceau de l’ordre. Ceux qui se présentent pour être reçus chevaliers de l’ordre, prennent de lui la commission qui leur est nécessaire pour faire les preuves de leur noblesse ; & après qu’elles ont été admises dans le chapitre, il les clot & y applique le sceau pour être ainsi envoyées à Malthe.

Chanceliers des petits-fils de France, voy. ci-devant Chanceliers des fils de France.

Chancelier dans les ordres religieux, est un religieux qui tient registre des actes & papiers concernant le monastere, & qui est chargé du soin de ces papiers. Il y a apparence qu’il a été ainsi nommé, parce qu’il avoit aussi la garde du sceau de la maison, ou bien parce qu’il avoit la garde de tous les actes qui étoient scellés.

On trouve dans les archives de l’abbaye de saint Germain des Prés-lez-Paris, un acte du xje siecle, qui fait mention d’un chancelier qui étoit alors dans cette abbaye.

Dans le procès-verbal des coûtumes de Lorraine, du premier Mars 1594, comparut Jean Gerardin, chanoine & chancelier d’office en l’église de Remiremont.

Il y a encore présentement un chancelier dans l’église abbatiale de sainte Génevieve. Voyez ci-devant Chancelier de l’église de sainte Génevieve. Il y en a aussi dans plusieurs congrégations de l’ordre de saint Benoît.

Chancelier d’Orléans, étoit le chancelier particulier des ducs d’Orléans pour leur apanage. Loysel, en son dialogue des avocats, dit que M. Pierre l’Orfevre étoit chancelier d’Orléans du tems de Charles VI. On dit présentement, chancelier-garde des sceaux du duc d’Orléans, ou chancelier de l’apanage de M. le duc d’Orléans. Voyez ci-devant Chancelier des fils et petits-fils de France.

Chancelier de Poitiers ou des comtes de Poitiers, étoit celui qui avoit la garde du sceau des princes de la maison royale, qui joüissoient du comté de Poitiers à titre d’apanage. Le comte de Poitiers, fils du roi Jean, avoit son chancelier : il en est fait mention dans des lettres de Jean comte de Poitiers, fils de Charles V. du 2 Juillet 1359, auxquelles fut présent son chancelier, qui est qualifié cancellarius Pictaviensis. Ce comte de Poitiers qui étoit aussi lieutenant pour le roi dans le Languedoc, quittant cette province par l’ordre de son pere qui le rappella pour le donner en ôtage au roi d’Angleterre, laissa pour lieutenant dans le pays son