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poumons. On peut ajoûter à cela divers exemples rapportés par M. Boyle, non-seulement d’animaux qui ont vécu après la séparation de leurs têtes d’avec leurs corps, mais même de la copulation & de l’imprégnation de plusieurs insectes après ces différentes circonstances : d’où il s’ensuivroit que la moelle épiniere seroit suffisante pour la sensation, le mouvement, & la secrétion des esprits animaux, &c.

Le cerveau a différentes proportions dans divers animaux. Il n’est pas grand dans les oiseaux à proportion du corps : cette proportion est beaucoup plus petite dans le bœuf & dans le cheval. Le singe, animal rusé & adroit, a un grand cerveau. Les animaux ruminans en ont moins que l’homme, mais plus que les autres brutes ; comme on le voit en comparant les cerveaux de la chevre, de l’élan, avec ceux du lion & du linx. Il est petit dans les animaux qui se battent ; car ils ont des muscles temporaux fort épais qui étrécissent leur crane, en comprimant sous la forme d’un plan incliné & cave, les côtés que nous avons ronds & saillans en-dehors. On a donc raison de dire qu’un petit cerveau est la marque non de l’imbécillité, mais de la férocité. Ce viscere est beaucoup plus petit dans les poissons que dans les quadrupedes ; le requin qui pese trois cents livres, n’a pas trois onces de cervelle : elle est copieuse dans les especes qui paroissent plus rusées, telle que le veau marin. C’est si peu de chose dans les insectes, qu’on ne peut savoir ce qui fait le cerveau : on ne voit que la moelle de l’épine seule, qui paroît dégénérer uniquement dans les nerfs optiques : dans l’éphémere, l’escarbot, l’abeille, le cerveau n’est au plus qu’une petite particule pas plus grosse qu’un ganglion de la moelle épiniere, comme dans la chenille, dans l’hermite, dans les vers à soie. L’homme le plus prudent des animaux a le plus grand cerveau ; ensuite les animaux que l’homme peut instruire ; & enfin ceux qui ont très-peu d’idées & des actions de la plus grande simplicité, ont le plus petit cerveau. Mais est-on robuste, eu égard à la quantité du cervelet ? cela est vraissemblable : l’expérience nous manque cependant ici ; ce qu’il y a de certain, c’est que l’homme fait pour avoir tant d’idées, n’eût pû les contenir dans un plus petit cerveau. (L)

Cerveau, terme de Fondeur de cloches : Le cerveau d’une cloche est la partie supérieure à laquelle tiennent les anses en-dehors, & l’anneau du battant en-dedans. Cette partie de la cloche a la forme à-peu-près semblable à celle de la partie de la tête des animaux qui renferme la cervelle. C’est la raison pour laquelle on lui a donné le nom de cerveau.

La largeur du cerveau dépend de la longueur du diametre de la cloche. La regle est de lui donner sept bords & demi de diametre, c’est-à-dire la moitié du diametre de l’ouverture inférieure de la cloche. A l’égard de son épaisseur, elle est ordinairement d’un corps ou d’un tiers de l’épaisseur du bord. Mais afin que les anses soient plus solides, on fortifie le cerveau par une augmentation de matiere, qui a aussi un corps d’épaisseur, & qu’on appelle l’onde ou la calotte. Voyez la figure 1. de la Fonderie des cloches, & l’article Fonte des Cloches.

CERVELAT, s. m. (Chaircuiterie.) Le cervelat ordinaire se fait avec du porc maigre, du veau, du lard, force épices, hachés ensemble & entassés dans un boyau de porc, qu’on divise ensuite avec des ficelles en plusieurs portions, selon la longueur qu’on veut donner à chaque cervelat. Le boyau est étranglé en deux endroits par la ficelle ou le fil ; & cet intervalle est un cervelat. On fait cuire ce boyau rempli avant que de le manger, ou même de le vendre. Les cervelats de Milan sont fort vantés : on les fait, à ce qu’on dit, avec le porc maigre, le lard, le sel, & le poivre. On met sur six livres de porc une livre de

lard, quatre onces de sel, une once de poivre. On hache bien le tout ensemble ; on arrose le mélange avec une pinte de vin blanc, & une livre de sang de porc ; on ajoûte une demi-once de canelle & de girofle pilés ensemble ; on tire de la tête du porc de gros lardons, qu’on saupoudre bien d’épices. On répand ces lardons dans le mêlange précédent qu’on entasse dans le boyau du porc ; on lie le boyau par les deux bouts quand il est bien plein, & on le fait cuire : quand il est cuit, on le laisse sécher à la fumée jusqu’à ce qu’il soit extrèmement ferme & dur.

CERVELET, s. m. terme d’Anatomie, est la partie postérieure du cerveau. Voyez nos Planc. d’Anat. & leur explic. Voyez aussi l’article Cerveau.

Le cervelet est en quelque façon une sorte de petit cerveau lui-même, comme l’exprime son nom, qui est un diminutif du mot cerveau.

Il est logé dans la partie postérieure & inférieure du crane, au-dessous de la partie postérieure du cerveau. Il y communique par en bas : mais par en haut il en est séparé par le replis de la dure-mere. Sa figure ressemble à une boule applatie, plus large que longue.

Sa substance est plus dure, plus seche, & plus solide que celle du cerveau : mais elle est cependant de même nature, étant composée de même, d’une substance corticale & glanduleuse, & d’une médullaire ; les branches de cette derniere substance sont disposées à-peu-près comme celles d’un arbre, se rencontrant au milieu, & formant une espece de tige qui regne tout du long. La couleur du cervelet est jaunâtre, au lieu que celle du cerveau est plus blanche.

Sa surface est inégale & sillonnée, mais moins que celle du cerveau : il semble plûtôt qu’elle soit divisée par lames ou par écailles. Les cercles du milieu sont plus larges & plus profonds ; & dans les entre-deux des lames, entrent les replis de la pie-mere. Le devant & le derriere du cervelet sont terminés par des apophyses qu’on appelle vermiformes, parce qu’elles ont la figure d’un ver. Il se joint à la moelle allongée par deux procès, que Willis appelle peduncules ou cuisses du cervelet. Voy. Peduncules & Cuisses.

Outre ces deux peduncules, il y a deux ou trois autres avances médullaires, qui passant en travers de la moelle allongée, forment une arche ou arcade, qu’on a appellée du nom de celui qui l’a découverte, pont de Varole. Voyez Pont de Varole.

Les vaisseaux sanguins du cerveau sont les mêmes que ceux du cervelet ; & son usage est le même aussi, savoir de séparer le suc nerveux du sang, & de le porter dans les différentes parties du corps.

Willis met cependant de la différence entre les fonctions du cerveau & celles du cervelet ; voulant que le premier soit le principe des mouvemens & des actions volontaires ; & l’autre, le principe des actions involontaires, telles que sont la respiration, le mouvement du cœur, &c. Voyez Mouvement.

Il passe pour constant que la moindre lésion à la substance corticale ou à la moelle du cervelet, est mortelle ; ce qui n’est pas de même au cerveau, dont on a quelquefois retranché une partie sans qu’il en soit arrivé d’accident. Il est pourtant vrai qu’il y a des exemples de gens qui ont vécu non-seulement sans cerveau, mais même sans cervelet. Voyez Cerveau. (L)

CERVERA, (Géog.) canton & petite ville d’Espagne dans la Catalogne, sur une riviere de même nom qui se jette dans la Segra au-dessus de Lérida. Long. 18. 44. lat. 41. 28.

CERVI, (Géog.) île de l’Archipel au midi de la Morée, près de l’île de Cerigo.

CERVIA, (Géog.) ville d’Italie dans la Roma-